Arthur Blaise : « Ce gros chrono, j’en rêvais »

Crédit photo Xavier Pereyron / DirectVelo

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Il en avait bien conscience et préfère en rigoler après coup : personne, ni les spécialistes, ni ses propres coéquipiers, ni même son entraîneur peut-être, n’avait véritablement imaginé Arthur Blaise capable de jouer les tous premiers rôles lors du chrono individuel du Tour Poitou-Charentes (2.1). Disparu des écrans radars depuis son abandon précoce lors du Tour d’Italie Espoirs il y a deux mois, l’Espoir 1 de la réserve de Decathlon AG2R La Mondiale a préparé son affaire dans son coin, à la maison, après avoir pris le temps de recharger les batteries. Avec succès puisqu’il a longtemps occupé la première place virtuelle d’un chrono qu’il boucle finalement aux portes du Top 5 et à sept secondes du podium (voir classement). Un résultat référence pour un athlète qui a connu une drôle de saison 2024 jusque-là, et qui compte bien profiter de cette jolie performance pour se relancer. Entretien.

DirectVelo : Tu es longtemps resté leader virtuel du chrono du “TPC” en devançant des garçons comme Pierre Latour ou Benjamin Thomas !
Arthur Blaise : Je suis vraiment satisfait. Mais pas surpris. Enfin… Je sais que personne ne l’imaginait mais moi, oui. J’ai fait de super séances à l’entraînement ces dernières semaines. Ce gros chrono, j’en rêvais hier soir. J’imaginais un Top 5 voire même un podium. Finalement, ça ne passe pas si loin. Je suis parti assez tôt. Or, le vent s’est levé pour les derniers coureurs et comme il était de dos, ça n’a pas été à mon avantage. Dans d’autres conditions, le podium était jouable. Mais c’est comme ça, c’est déjà bien. Encore une fois, je sais que personne n’imaginait ça. Personne dans l’équipe, le staff… Peut-être mon entraîneur, et encore (sourire). Je ne suis pas mécontent. C’est de bon augure pour la suite. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut rouler à 54 de moyenne pendant une demi-heure.

« BEAUCOUP PLUS FORT QU’AU MOIS DE MAI »

Tu avais déjà réussi un chrono de référence au Championnat de France, à Altkirch, avec la médaille en chocolat…

Ce n’est pas comparable car c’était avec les Espoirs. Je suis beaucoup plus satisfait de cette 6e place ici au Tour Poitou-Charentes. Ça roule beaucoup plus vite, ça signifie beaucoup plus de choses. Je me savais beaucoup plus fort qu’au mois de mai lors du Championnat du France. J’avais confiance en moi, ça allait bien à l’entraînement et j’y croyais fort. J’ai quand même connu un petit coup dur mardi lors de la première journée car c’était une étape folle. Il y en avait de partout et j’ai dû rouler pour l’équipe dans la première partie de course. Comme je n’avais pas couru depuis longtemps, j’ai explosé après 140 bornes et j’ai fini très loin, ce qui a anéanti toute chance de bon classement général. C’est dommage car j’aurais pu faire un Top 10 au général, peut-être. Mais bon, j’ai montré ce que je valais sur le chrono, c’est déjà bien, même si j’ai pris un tir il y a deux jours.

Ce résultat est d’autant plus surprenant et impressionnant que tu avais totalement disparu de la circulation depuis deux mois. La dernière fois que l’on t’a vu, c’était au Giro et tu l’avais quitté malade et sans jambes…
J’ai connu une période vraiment compliquée en mai-juin. Je garde bien sûr un mauvais souvenir du Giro, qui n’a pas duré longtemps pour moi (lire ici). En rentrant du Giro, je n’étais pas bien. J’ai eu besoin de souffler, de prendre mon temps, de retrouver mes repères. Je crois que j’ai eu du mal à m’habituer à cette nouvelle vie dans le monde des pros, même si en Conti, ce n’est pas encore totalement le monde pro. Avec mon entraîneur, on a décidé qu’il fallait que je coupe totalement pendant une semaine : pas de vélo, pas de téléphone… J’ai changé d’air, je suis parti m’installer un moment chez ma copine et ça m’a fait beaucoup de bien. Je dois beaucoup à ma copine. J’ai pris un rythme différent, dans un autre environnement, même si géographiquement je n’ai pas beaucoup bougé. J’ai aussi fait trois semaines en altitude : une avec l’équipe puis deux autres tout seul. J’ai senti que le forme revenait bien et j’avais ciblé ce chrono du Poitou pour montrer que ça pouvait marcher.

« IMPERMÉABLE À LA PRESSION »

Après une saison en-deçà de tes attentes, tu devais avoir de la pression sur la rampe de lancement ! Il ne fallait pas se louper…

Oui et non car paradoxalement, même si je n’ai pas performé cette année, j’étais assez sûr de moi. J’ai douté ces derniers temps, c’est sûr, mais sur un chrono, si tu as fait le taf avant… Tout est millimétré au chrono et de toute façon, je suis assez imperméable à la pression. J’ai confiance en moi et je savais que ça allait le faire. Je ne voulais pas laisser de place au doute. Et à l’arrivée, ça donne un bon résultat.

Qu’est-ce que ce résultat peut changer pour la fin de saison ?
Comme j’ai fait une grosse période sans course depuis deux mois, je vais essayer de bien enchaîner jusqu’à la fin de l’année. Je vais courir jusqu’au Chrono des Nations, ça me laisse encore le temps de performer et de reprendre encore plus confiance. J’aimerais bien aller chercher une ou plusieurs victoires, que ce soit sur la route ou en chrono. Je n’ai pas de planning précis en tête car avec l’équipe, on attendait de voir ce qu’il allait se passer ici cette semaine. Ce qui est sûr, c’est que je vais courir aux Pays-Bas et en Belgique avec la Conti dimanche et mercredi prochain (au Tour de l’Achterhoek et à la Muur Classic Geraardsbergen, NDLR). Après, je ne sais pas. Il est possible que je cours encore avec la WorldTeam prochainement. On va faire au mieux, dans l’intérêt de l’équipe également, et avec une confiance retrouvée. J’ai hâte de pouvoir enchaîner.  

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