Anthony Saux : « C’est assez énorme »

Anthony Saux (Team U Nantes Atlantique), 19 ans, a remporté le Tour du Loir-et-Cher (2.2). Leader depuis l’avant dernière étape, le Breton a dû attendre plus de 30 minutes après l’arrivée dimanche pour être certain de remporter le classement général. Victime d’une chute à 300 mètres de la ligne, il a été accusé d’être tombé volontairement. L’ancien vainqueur du Chrono des Nations Juniors donne sa version des faits à www.directvelo.com  et raconte sa joie d’avoir remporté une victoire UCI.

DirectVélo : Comment as-tu vécu l’attente qui a suivi la fin de cette 5e étape ?
Anthony Saux : L’ambiance était un peu bizarre. Je ne savais pas si j’avais gagné après la chute. Des coéquipiers me disaient que j’avais gagné mais j’étais sceptique tant qu’il n’y avait rien d’officiel. On m’a dit que les commissaires étaient en train de délibérer. Il y a des coureurs qui ont dit que j’avais fait exprès de tomber. J’ai trouvé ça un peu gros. J’ai été cherché le maillot jaune à la pédale la veille. Je n’avais rien à craindre la dernière étape. D’ailleurs, je remercie mes coéquipiers pour leur travail toute cette semaine. De mon côté, je n’avais que Pierre-Luc Périchon (SCOD Dijon) à surveiller. Je me sentais bien. A chaque tour, je me sentais à l’aise. Je n’ai pas eu d’efforts à faire de la journée. Quand les autres ont essayé de m’attaquer, j’allais les chercher sans trop de difficultés.

Et puis tu as chuté…
A 400 mètres de la ligne,  Pierre-Luc Périchon part sur la gauche. Médéric Clain (Tours Agglo 37 Cyclisme) prend sa roue. J’étais en 3e positon, j’étais bien placé. Je me fais enfermer par la gauche par un coureur de Dijon. J’ai de suite compris (rires). Je suis parti à droite. Je suis rentré dans un ilot central. Ma roue a bien tapé. Elle était toute tordue. J’ai passé l’ilot mais je ne pouvais plus rouler droit, et je suis allé percuter le trottoir et je suis tombé.

« J’ai du mal à réaliser »

A 19 ans, tu remportes une épreuve 2.2. Qu’est ce que ça fait ?

C’est assez énorme ! J’ai du mal à réaliser. Les épreuves de classe 2 sont des belles courses. Elles me réussissent plutôt bien. Je m’étais échappé l’an dernier sur la première étape du Tour de Gironde dans un groupe de douze coureurs, puis à trois pendant 45 km. Nous avions été repris à un kilomètre de l’arrivée. J’avais fait également 13e du Kreiz Breizh l’an dernier.

Tu espérais quoi en te rendant sur ce Tour du Loir-et-Cher ?
Je faisais le Tour du Loir-et-Cher pour préparer le Chrono de Vassivière, la manche de la Coupe de France qui aura lieu le 1er mai. Je voulais voir où j’en étais physiquement. Ça me permettait de m’affûter et de rouler vite avec du braquet. Je suis un attaquant, j’ai fait la course. Je me sus donc retrouvé devant mercredi, sur la première étape. C’était l’échappée de la semaine, ça m’a souri. J’avais de bonnes sensations. Sur la première étape, une fois que nous étions douze devant, je savais que ma seule chance de gagner était de réattaquer dans le final. Je suis sorti à deux kilomètres de l’arrivée avec celui qui va gagner l’étape (Réné Hooghiemster, NDLR). J’ai fait une erreur de braquet aux 300 mètres dans la relance. J’ai mis trop gros. Je me suis couché, lui va gagner. Je me fais reprendre par les autres, et je fais 7e.

« Je repartais frais chaque matin »

Tu t’es ensuite concentré sur le classement général ?
Je trouvais déjà ça beau d’être 7e. Je voulais au fil des jours voir comment les sensations allaient être. Je récupérais bien. Je n’avais pas mal aux jambes, et l’impression de ne pas avoir fait de vélo la veille. Je repartais frais chaque matin. J’ai vu que les sensations étaient bonnes ce qui est normal comme j’arrive au poids de forme et que je suis en préparation pour le Chrono de Vassivière. Jeudi et vendredi, ce n’était pas à moi de faire la course. Les trois premiers bataillaient pour les bonifications. J’attendais de mon côté. Samedi, on savait que ça allait se décanter après deux étapes de 200 km. J’ai été opportuniste en prenant une nouvelle échappée, où nous étions très nombreux dedans. Je suis sorti de ce groupe sur le circuit final, à environ 50 km de l’arrivée. C’était tôt, je n’avais pas prévu de sortir à ce moment là. Sur une relance, j’ai vu que les autres s’étaient rassis. Je suis allé avec quelques coureurs qui m’ont rejoint.

Tu étais le seul du groupe de tête à encore jouer le général…
Nous étions dix, et je regarde les gars rentrés. Il n’y avait pas les coureurs bien placés au général et qui étaient présents dans cette échappée samedi, à savoir Périchon, Jeannin, Fouache et Maugé. Je me suis dit ce n’est pas possible ! Je me suis laissé glisser pour être vraiment sûr.  Il n’y avait personne derrière également. Je n’avais pas encore mal aux jambes. Je me suis dit c’est bon pour moi. Nous étions plus que cinq à la fin. J’ai roulé à fond pour le général. J’étais très heureux car ce maillot jaune, je suis allé le chercher.

Toi le spécialiste du chrono, tu remportes une course par étapes sans contre-la-montre…
C’est vrai. Je savais que j’avais des capacités sur route. Je marche bien quand je suis au poids de forme. Je connais mon niveau. Je déçois parfois car je manque d’expérience. Ce n’est que la 5e année que j’ai une licence. Ce n’est pas toujours facile face à des coureurs qui sont licenciés depuis des années. Mais je crois en moi. Je concrétise, ça fait du bien. Ça enlève un poids. Je suis très content.

« Je tourne la page du Tour du Loir-et-Cher »

Quel est la suite de ton programme à présent ?
Je fais sur le Circuit du Mené lundi prochain. Mon père l’a gagné. Je serai fier de gagner également cette épreuve. C’est la course que je dois gagner dans une saison. Mais c’est que du bonus ! Si je peux faire gagner un coéquipier si jamais je suis marqué… ça sera avec plaisir. Je reste la tête sur les épaules. Bien sûr je suis content de gagner le Tour du Loir-et-Cher mais je n’y pense déjà plus trop. Je ne sais pas si je m’en rends compte. Je tourne la page. Je regarde vers les prochains objectifs. Il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers. J’ai envie de bien faire à Vassivière. Le top 10 était mon objectif en début de saison. Ce n’est pas parce que j’ai gagné le Tour du Loir et Cher que je vais être super fort. Je donnerai tout, on verra le résultat.

Dans quel domaine dois-tu encore progresser ?
En chrono, j’ai de la marge. Je manque de puissance comme je suis jeune. A Nantes j’apprends beaucoup tactiquement. Je profite beaucoup de l’expérience de Franck Charrier, Kévin Cherruault et du staff. Je ne suis pas super dans les sprints sur une route toute plate. Mais je préfère travailler mes points forts.

Tu dois penser de plus en plus à l’équipe de France espoirs ?
Oui. Après le chrono de la Boucle de l’Artois, j’avais fait 6e. J’étais content de moi, j’avais fait un bon chrono. On avait parlé avec mes directeurs sportifs pour un stage chrono. C’est à moi de confirmer à Vassivière. Maintenant, pourquoi ne pas être sélectionné pour une course ? C’est un rêve pour moi. Je réalise mes rêves chaque année depuis que j’ai commencé le vélo. J’avance marche par marche.

Retrouvez en cliquant ici la fiche wiki d'Anthony Saux.

Crédit Photo : Christophe Baudu

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