Antoine L’hote : « J’avais la bonne patte »
Une fin de saison en boulet de canon. Echappé à Paris-Chauny, lauréat du Tour d’Eure-et-Loir (lire ici) puis solide avec la WorldTeam lors de Binche-Chimay-Binche, Antoine L’hote a réalisé un véritable numéro ce dimanche après-midi pour remporter Paris-Tours Espoirs en solitaire dans des conditions mémorables puisqu’il a fallu affronter la pluie, le froid et la boue sur les chemins de vignes (voir classement). Alors que les pros étaient encore en train de se livrer bataille pour la victoire sur la Classique française, DirectVelo a recueilli la réaction du lauréat de la version U23 au pied du podium protocolaire. Entretien.
DirectVelo : Tu as réalisé un sacré numéro !
Antoine L’hote : C’est une course que je n’oublierai pas. La semaine dernière, ça m’avait libéré de gagner (au Tour d’Eure-et-Loir, NDLR). Mais cette fois, gagner une Classique comme Paris-Tours, surtout dans ces conditions, c’est encore quelque chose de plus ! C’est une course que beaucoup aimeraient gagner. J’ai eu de la chance, j’avais la bonne patte et j’ai été intelligent en n’en faisant pas trop dans l’échappée. On m’a d’ailleurs gueulé dessus en disant qu’il fallait que je passe plus fort mais à ce moment-là, il restait 100 bornes (lire le direct écrit) et il fallait penser à la suite. Je suis très content de gagner aujourd’hui, malgré cette crevaison dans le final qui m’a fait peur.
« MÊME SI J’AVAIS ÉTÉ À PLAT… »
Tu as crevé ?
Oui, aux cinq kilomètres ! En fait, à 50 bornes de l’arrivée déjà, je sentais que ma roue avant était un peu dégonflée. Mais je pense que le tubeless a bien agi. Malheureusement, j’ai repris un petit trou sur la fin. J’ai eu la chance que ça ne soit pas totalement à plat, je crois que j’avais encore un bar environ. Dans les virages, j’ai eu un peu peur, il ne fallait pas virer comme un fou. Je n’avais que 20” d’avance, je ne pouvais pas prendre le risque de m’arrêter pour un dépannage. Franchement, même si j’avais été à plat, j’aurais continué comme ça jusqu’au bout.
Avais-tu vite senti que tu étais dans une grande journée ?
Dès que j’ai pris l’échappée, je me suis dit que ça pouvait être un bon coup. Mais on a eu du mal à prendre de l’avance alors je suis resté sur mes gardes en n’en faisant pas trop. Mais une fois qu’on a pris 3’00”, avec des équipes de cinq, je ne voyais personne pour mettre un gros coup de gaz et rentrer. Et même si c’était rentré, j’avais encore de la fraîcheur pour jouer.
Comment t’es-tu isolé dans le final ?
Un mec de DSM (Oliver Peace, NDLR) en a mis une dans la bosse, tout le monde était à bloc alors j’ai voulu essayer d’y aller et j’ai contré. J’ai pris 50 mètres, 100 mètres, et j’ai appuyé. Je suis resté prudent dans la descente mais dans les grands bouts droits, je donnais tout.
« CETTE VICTOIRE ME CONFORTE DANS MON ENVIE DE ME SPÉCIALISER SUR LES CLASSIQUES »
Les conditions météorologiques ont rendu ce Paris-Tours encore plus mémorable…
Oui, franchement j’aime ça. Au début, c’est dur car on a froid mais une fois dans l’effort, je supporte bien ces conditions-là. J’aime les courses dures qui se font à l’usure. C’est le type de course qui me convient. Cette victoire me conforte dans mon envie de me spécialiser sur les Classiques à l’avenir, des courses comme le Tour des Flandres.
C’est une fin de saison en apothéose pour toi !
Mardi, j’ai couru à Binche aussi avec la WorldTeam. J’ai pu jouer devant avec les meilleurs à 30 bornes de l’arrivée. J’ai senti que j’étais bon. Le fait d’avoir pu affronter des plus costauds que moi a été un avantage pour aujourd’hui. En étant Espoir 1, tant mieux. Je suis encore jeune, c’est cool pour ma progression, même si tout le monde dit que maintenant, être Espoir 1 ou Espoir 2 ne veut plus dire grand-chose. Il faut marcher rapidement.
Est-ce la plus belle victoire de ta jeune carrière, ou mets-tu encore le titre national en Juniors au-dessus ?
Ce n’est pas loin ! Le titre de Champion de France, c’était gros. Mais là, c’est équivalent. J’ai traversé tellement de moments durs avant d’arriver à cette victoire aujourd’hui… J’ai eu pas mal de soucis en début de saison, j’ai été souvent coéquipier. Mais là, j’ai su saisir ma chance.