Nicolas Debeaumarché : « Tout proche d’y laisser ma peau »

Crédit photo Zoé Soullard / DirectVelo

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C’est un petit miracle et le mot n’est ici pas galvaudé. Victime d’une terrible chute sur les routes du Tour de Pologne (2.UWT) le 14 août dernier, Nicolas Debeaumarché a frôlé le pire. Parti à la faute dans une courbe sur la gauche, en descente, le Mâconnais s’est écrasé contre un muret en béton et une canalisation d’eau. Le caméraman moto de la réalisation polonaise capte une furtive image du coureur de la Cofidis allongé dans le fossé. Il faut alors plusieurs heures pour avoir les premières nouvelles. “C’était long, très long… Pour ma famille, ce n’était vraiment pas marrant”. Le coureur de 26 ans, lui, comprend très vite que la situation est grave. “Je ne sentais plus du tout plusieurs parties de mon corps, ça m’a fait très peur”.

« ÇA SE TERMINE 50% DU TEMPS PAR UN DÉCÈS »

Le bilan s’avère être très lourd : sept vertèbres cassées, dont deux cervicales et le sternum. Deux mois et demi après ce terrible accident, une phrase du chirurgien résonne encore dans la tête de Nicolas Debeaumarché. “Il m’a dit que dans des situations similaires, ça se termine 50% du temps par un décès, et dans 90% des cas par une paralysie. Ça m'a tout de suite calmé. Alors aujourd’hui, je suis simplement content d’être en vie. J’ai conscience d’avoir été tout proche d’y laisser ma peau”.

Après trois jours en soins intensifs puis un long processus de récupération, le voilà qui aperçoit au loin la lumière en sortie de tunnel. “Je suis reparti de zéro, et même en négatif. Je n’ai jamais été arrêté aussi longtemps depuis la première fois que je suis monté sur un vélo à 4 ans. J’ai la condition physique d’un mec qui n’a rien fait pendant six semaines et j’ai perdu dix kilos”, précise-t-il à DirectVelo. Pour autant, le plus dur est donc derrière lui. “C’est long mais ça va mieux. Le plus long, ce sont les cervicales. Le dernier rendez-vous avec le chirurgien a été positif malgré tout. J’ai pu enlever le corset, il me reste quand même un collier mais c’est beaucoup moins contraignant. J’ai traversé le plus douloureux”.

« JE PENSE QUE C’EST JOUABLE »

Après avoir tenté de reprendre la marche au bout de quatre semaines - “j’étais K.O après 300 mètres” -, Nicolas Debeaumarché peut désormais enchaîner les promenades de sept-huit bornes, et il a même tout récemment repris le home-trainer, histoire de commencer à tourner les pattes. “Les séances de kiné me font beaucoup de bien également, j’ai même repris les squats au poids du corps. Ce n’est pas grand-chose mais c’est déjà satisfaisant”. Les douleurs physiques sont désormais pratiquement toutes parties. “Je ne dois pas faire de folies avec mon cou et j’ai deux tiges de 18 centimètres chacune avec une douzaine de vis dans la colonne vertébrale. Ils m’ont ouvert le dos en deux, je dois m’en remettre… Mon corps doit s’habituer à ces changements. Mais au moins, il n’y a pas de séquelles neurologiques”.

Dans ces conditions, le simple fait de retrouver une vie à peu près normale pourrait déjà être une vraie satisfaction pour Nicolas Debeaumarché. Mais en tant qu’athlète de haut niveau, le garçon en veut plus et il rêve de retrouver la compétition au plus vite. “Il se passe pas mal de choses dans ma tête mais je suis assez confiant quant au fait de réussir à revenir. Je pense que c’est jouable, quand je vois les progrès qui ont déjà été faits en deux mois”. Il s'est d'ailleurs récemment présenté au premier stage administratif de pré-saison de l’équipe Cofidis. “C’était l’occasion de revoir pas mal de monde. Ça m'a redonné un coup de boost”. Mais chaque chose en son temps et la prochaine étape consistera à se rendre au Centre Européen de Rééducation du Sportif (CERS) de Capbreton, dans les Landes, pour y franchir une étape supplémentaire. “J’aimerais y retrouver une activité physique pratiquement normale”. Avec, en ligne de mire, l’objectif concret de participer au stage de l’équipe en décembre. “On verra bien où les prochaines semaines me mènent. Pour l’instant, je suis surtout content d’être vivant”.

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