Roxane Fournier : « Transmettre tout ce que j’ai appris »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo
Après avoir posé son vélo à l'issue du Championnat de France en juin dernier, Roxane Fournier va commencer une nouvelle aventure en tant que directrice sportive de la formation St-Michel-Preference Home-Auber 93. La Francilienne revient sur son choix et se projette sur la saison à venir pour DirectVelo.
DirectVelo : Comment t'es-tu retrouvée DS de l’équipe féminine de St-Michel-Preference Home-Auber 93 ?
Roxane Fournier : Ce n'était pas forcément quelque chose que j'avais envisagé de faire à la suite de ma carrière. J'avais d'autres projets. J'ai arrêté en juin, le manager (Stéphane Javalet, NDLR) m'en avait glissé deux mots, mais je n'avais pas forcément donné suite. J'avais besoin de me poser et de réfléchir à tout ça. Donc, j'ai laissé passer l'été. J'en ai bien profité. J'avais envie de lâcher prise par rapport à la fin de carrière, essayer de prendre un peu de temps pour moi. En plus de ça, comme le sponsor Mavic a arrêté, j'étais vraiment passée à autre chose. En septembre, le sujet est revenu sur la table. Il y a un nouveau sponsor (Preference Home, NDLR) qui est arrivé. J'ai rediscuté avec le manager et je me suis dit : « je vais me lancer ! ». Ça peut être quand même une belle chose à tenter.
« TROUVER UN ÉQUILIBRE »
Tu n'avais pas forcément imaginé être DS un jour ?
Pendant la carrière de cycliste, on ne pense pas forcément à l'après. On a des idées, mais rien de concret. Mais ce n'était pas forcément dans mes priorités. Je ne me voyais pas encore tout le temps partie de la maison, sachant que ça fait quinze ans que je le faisais. C'est un petit peu pour ça que j’étais hésitante. Le métier m'intéressait, surtout pour une équipe de jeunes, mais c'était plus le côté de partir tout le temps de la maison qui me bloquait un peu. On a réussi à bien définir un cadre et, entre guillemets, ajuster quelque peu mon calendrier, pour que je puisse trouver un équilibre entre être à la maison et être sur le terrain.
Qu'est-ce qui t'attire dans ce rôle de DS ?
J’ai envie de transmettre tout ce que j'ai appris à un groupe de jeunes. Ça ne m'aurait pas intéressé, en tout cas à l'heure actuelle, de faire ça pour une des meilleures équipes mondiales. Dans ces très grosses équipes, il n'y a pas beaucoup de choses à transmettre. Alors que là, dans une équipe de jeunes, je pense que j'ai beaucoup à transmettre. Je vais essayer de les aider à ne pas faire les erreurs que j'ai pu commettre plus jeune et leur donner plein de conseils. C'est surtout ça qui me tenait à cœur. Être sur le terrain, c'est vrai que ça permet peut-être de revivre encore des choses intenses. Je vais rester dans le milieu, mais différemment.
Tu es consultante chez Eurosport depuis deux ans. Vas-tu continuer cet exercice ?
J'adore faire ça, c'est aussi un métier qui me plaît. C’est une belle opportunité, je combinerai les deux l'année prochaine. C'était aussi pour ça que j'avais longuement discuté avec Auber pour trouver un accord et pouvoir concilier les deux.
« REPARTIR QUASIMENT D’UNE FEUILLE BLANCHE »
Avec l'arrêt de Mavic, est-ce qu'il y a vraiment eu de gros doutes que l'équipe puisse continuer ?
Oui, bien sûr. On a su début juillet que Mavic allait arrêter. Ça fait tard pour essayer de retrouver un autre sponsor. L'issue est positive avec l'arrivée de Preference Home. On l'a su assez tardivement, mais mieux vaut tard que jamais, j'ai envie de dire. On a perdu une grosse partie de l'effectif. Au mois de juillet, on ne peut pas dire aux filles d'attendre jusqu'à septembre pour pouvoir leur donner une réponse. La plupart se sont retournées et ont trouvé une autre formation. On a dû repartir quasiment d'une feuille blanche pour reconstruire un groupe. Ça aurait été dommage que l’équipe arrête.
Comment s'est passé le recrutement ?
On a épluché et décortiqué tous les CV qu'on a reçus. On a essayé nous aussi de notre côté d'aller chercher des filles en qui on croyait avec un fort potentiel pour les convaincre de venir. En deux-trois semaines, on a réussi à bâtir un groupe qui pour moi, sur le papier, est quand même très intéressant. Je suis assez contente de ce qu'on a pu créer en si peu de temps. Maintenant, il va falloir créer une cohésion avec un groupe tout neuf et prendre ses repères, mais en tout cas on a déjà validé cette première étape.
« J’APPRENDRAI SUR LE TERRAIN »
Qu’est ce qui t’attend pour tes débuts en tant que DS ?
Pour commencer, ça va être d'apprendre le métier. C'est complètement différent que d'être athlète, heureusement je suis bien conseillée. Stéphan Gaudry et Tony Hurel sont là pour m'aider. Durant l'intersaison, il y a plein de choses à faire, on ne s’en rend pas forcément compte quand on est coureur. Il y a beaucoup de choses à gérer en interne. Donc déjà là, j’ai appris pas mal de choses. Et puis ensuite, ça sera les premières courses. L'idée au départ est quand même d'être accompagnée, soit d'aller avec Tony Hurel dans la voiture sur les premières courses masculines et ensuite, sur les premières courses féminines que je ferai, d'avoir Stéphan Gaudry à mes côtés. C'est vrai qu'on est un peu lâchée dans la nature, ça peut faire peur, mais il n'y a pas de raison. J'apprendrai sur le terrain comme tout le monde, comme tous ceux qui sont passés avant moi.
Quels sont les objectifs de l’équipe pour la saison à venir ?
On a postulé pour la ProTeam. L'année prochaine, ça va être important d'aller chercher des points pour qu'à la fin de l'année 2025, on soit dans le game pour 2026. C’est important d’avoir des invitations d'office sur les courses WorldTour. On va essayer d'être bien au classement par équipe des Conti Pro. Il y aura également l’objectif d’aller chercher une victoire en WorldTour. Ça n'a pas été réalisé pour le moment. C’est important d'être constant aussi tout au long de la saison. On a un groupe assez homogène, avec de bonnes grimpeuses et de bonnes filles pour les classiques, donc ça va être intéressant.
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