Marie-Louisa Drouode au nom de tous les siens

Crédit photo DirectVelo

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Sur le podium, après avoir endossé le maillot bleu-blanc-rouge, juste avant que sonne la Marseillaise, Marie-Louisa Drouode n'a pas pu retenir ses larmes. Déjà, au moment de franchir victorieusement la ligne d'arrivée de la belle de la finale du tournoi de vitesse, la sociétaire de Créteil Kronos avait du mal à réaliser qu'elle devenait Championne de France. "Je n’arrivais pas à y croire. C’était assez serré. Je me suis dit : « wow, j’ai enfin pu avoir ce titre que j’ai attendu toute ma vie ! ». Être Championne de France c’est quelque chose qui reste à vie et personne ne peut nous le retirer, même si les années d’après, on est 2e, 3e ou pas sur le podium. C’est signé, c’est acté. Sincèrement, je n’arrive pas à réaliser", déclare-t-elle à DirectVelo.

Jusqu'à présent, la Guadeloupéenne, qui vient tout juste d'avoir 19 ans, collectionnait les médailles, au Championnat d'Europe Juniors en 2023 et au Championnat de France Elite l'an dernier. "C’est ce petit plus qui me manquait pour décrocher la première place. Aujourd’hui, j’ai su décrocher ce petit plus. Dieu merci, j’ai réussi."

« MA MÈRE TRAVAILLE À FOND POUR ME PAYER DES BILLETS ALLER-RETOUR »

Le tournoi de vitesse avait bien commencé pour elle avec le meilleur temps sur le 200 mètres lancé avec 11"069. "Au niveau du temps, je m’attendais à mieux. Je visais quand même un petit 10"9. Je savais que si je faisais 11“0 ou 11“1, c’était un temps assez raisonnable. Je veux toujours plus, reconnait-elle. J’étais plutôt impressionnée d'être meilleur temps des qualifs.

Mais pour mesurer la valeur de ce titre, Marie-Louisa Drouode apprécie tout le sacrifice de sa famille pour lui permettre d'évoluer en métropole au plus haut-niveau. "Ma mère travaille beaucoup. Elle s'est retrouvée toute seule quand j'ai perdu mon père en 2023 pendant le Championnat d’Europe, raconte-t-elle. Et l'éloignement entre la Guadeloupe et Paris n'arrange pas les choses. "Elle n’a pas eu trop le choix que de travailler encore plus à fond pour me payer des billets aller-retour en train quand je voyage à travers la France. Le plus cher, ce sont les billets entre le Guadeloupe et la France. Ils sont vraiment excessivement chers. C’est dur d’être ultra-marin et de devoir tout le temps se déplacer. Au final, je n’habite pas ici mais en Guadeloupe. Dès qu’il y a des vacances, vu que je suis hébergée au Pôle Olympique, ça ferme et je suis obligée de rentrer chez moi. Je ne vais pas payer un hôtel en plus pour une quinzaine de jours. Autant rentrer chez soi avec ma famille et tous les gens qui me soutiennent". Jusqu'au milieu de la saison dernière, elle n'avait que peu d'aides mais les choses commencent à évoluer dans le bon sens. "Je commence à avoir de l’aide grâce à Monsieur Philibert Mouëza, mon club du CSCA mais aussi de Créteil. Je remercie toute la Guadeloupe et les gens qui me soutiennent".

« JE LE DÉDIE À MA MÈRE, MON PÈRE... »

Marie-Louisa Drouode est très attachée à son île des Antilles. "Je n’oublie pas que je viens avant tout de la Guadeloupe même si je suis française. J’ai commencé le cyclisme sur piste en Guadeloupe avec Monsieur Fritz Amut. Ce titre, je le dédie à ma mère, à mon père, à Fritz Amut, à mon club… Tous les jeunes qui étaient présents ici (à Loudéac) au France de l’Avenir m’ont aussi soutenue. Je leur dédicace aussi à eux. C’est bien d’être entourée. Je leur ouvre le chemin, j’ai un peu plus d’expérience. J’essaie de leur donner quelques bases et acquis pour qu’ils puissent progresser, de la même manière qu’ils m’encouragent. C’est déjà énorme de m’encourager quand je m’entraîne".

Avant la dernière journée du Championnat de France à Loudéac, sa compétition est déjà réussie et pourrait lui ouvrir les portes du Championnat d'Europe. "Au vu de ma 3e place hier au kilomètre et aujourd’hui le maillot, je dirais que oui mais je ne m’avance pas car ce n’est pas moi qui sélectionne". Mais une sélection pour Zolder ferait très plaisir de l'autre côté de l'Atlantique.

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