FDJ-Suez : Ally Wollaston, bien plus qu’une sprinteuse

Crédit photo DR

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Stephen Delcourt est un homme extrêmement appliqué, et impliqué, qui ne rate jamais la moindre miette d’un événement concernant sa formation FDJ-Suez. Alors forcément, tôt, très tôt ce mercredi matin, à 5h00 (!) dans la région poitevine, le manager général de la structure WorldTour était déjà au téléphone avec son staff et les filles de l’équipe, qui venaient de l’emporter aux Antipodes, sous le soleil australien, grâce à la pointe de vitesse d’Ally Wollaston, lauréate de la Surf Coast Classic (voir classement). “Pour l’ensemble de l’équipe, il était hyper important de gagner tôt. C’était l’objectif. Avec Grace Brown, on avait pris l’habitude de gagner d’emblée au chrono du Championnat d’Australie. On a aussi gagné la Cadel Evans avec Loes (Adegeest) et le Tour Down Under avec Grace en 2023. Là, c’est parti, le compteur est débloqué. Ça va nous donner beaucoup de confiance”, se réjouissait-il en début de matinée auprès de DirectVelo.

Ally Wollaston, 24 ans, vient d’arriver à la FDJ-Suez à l’intersaison après avoir évolué sous le maillot d’AG Insurance-Soudal. Grande pistarde depuis ses jeunes années, la Néo-Zélandaise a décroché l’argent sur la poursuite par équipes et le bronze à l’omnium lors des Jeux Olympiques de Paris, l’été dernier. Sur la route, c’est lors d’un Grand Prix du Morbihan, en 2022, qu’elle a tapé dans l'œil de Stephen Delcourt. “Je n’ai jamais oublié qu’elle avait battu nos coureuses, Grace (Brown) et Vittoria Guazzini là-bas après une échappée. Quand tu es capable de faire ça à 20 ans, on devine le potentiel…”. Depuis, il a toujours gardé contact avec Ally Wollaston, jusqu’à la faire signer à l’intersaison, après pratiquement trois ans de pourparlers.

DES RÊVES EN GRAND

Cette année, la FDJ-Suez a des allures de meilleure équipe au monde, et tous les regards sont braqués sur la triplette Demi Vollering, Juliette Labous et Evita Muzic pour les grandes courses par étapes. Mais attention, avec Ally Wollaston, la WorldTeam tient un autre diamant brut qu’il reste désormais à polir. Car la sprinteuse fait peut-être bien partie, déjà, des plus rapides de la planète. “Il est difficile de se prononcer”, répond Nicolas Maire, directeur sportif de la FDJ-Suez présent en Australie, lorsqu’on lui demande quelle place à Ally Wollaston à l’instant-T dans la hiérarchie du sprint mondial. Avant de, finalement, se mouiller. “Ce n’est pas une pure sprinteuse comme Lorena Wiebes ou Charlotte Kool. On ne peut pas les comparer, il sera difficile pour elle de les battre. Ces deux-là sont au-dessus du lot sur les sprints purs. Mais Ally fait sans doute partie des dix meilleures mondiales au sprint”.

Voilà qui promet. Et les ambitions sont en effet élevées. “L’an passé au Tour de Catalogne, elle a battu Marianne Vos deux fois”, rappelle Stephen Delcourt, qui annonce clairement la couleur. “L’objectif est assez simple : qu’elle décroche le maximum de victoires”. D’autant, et voilà un point particulièrement important, qu’Ally Wollaston est bien plus qu’une sprinteuse. Son manager voit en elle des qualités multiples, qui pourraient très vite lui permettre de jouer sur bien des tableaux. “C’est à la fois une sprinteuse accomplie, une attaquante, une fille qui passe pas mal les bosses et qui est à l’aise sur les pavés. On voit grand avec elle, vraiment très grand”. Et comme pratiquement toujours, la FDJ-Suez pense à court, moyen et long termes avec l’une de ses nouvelles recrues. “On ne pense pas qu'à 2025. Elle est notre sprinteuse mais au-delà de ça, elle doit être capable de gagner des Classiques très vite, grâce à sa capacité hors du commun à passer les moments difficiles à et se surpasser”.

L’ÂME D’UNE LEADER

Très ambitieuse, Ally Wollaston avait besoin de lever les bras très vite et elle l'a fait en devançant notamment la Provençale Clara Copponi, l'ancienne sprinteuse de l'équipe, vainqueure à Adélaïde il y a 72 heures (lire ici). “C’est un poids en moins sur mes épaules, un soulagement. Je voulais vraiment en claquer une sur ce tout début de saison, je l’attendais”, a-t-elle ainsi lâché sur le podium protocolaire de Torquay, juste après la course. Un discours qui ne surprend pas du tout Stephen Delcourt. “Elle a besoin de gagner pour prendre confiance et emmener son équipe derrière elle”. Sur le front en Australie, Nicolas Maire a vécu de l’intérieur les premiers tours de roue d’Ally Wollaston avec le maillot de la FDJ-Suez. Bien sûr, la jeune femme est restée en Océanie cet hiver et fait partie de ces athlètes qui ont un léger avantage en tout début de saison, sur leurs terres. “Dès qu’on est arrivés sur place, on a vu qu’elle était en forme. On savait qu’elle avait les moyens de l’emporter assez vite”. Lors de la première étape du Tour Down Under, elle a bien failli l’emporter, comme l’an dernier, mais elle a dû se contenter de régler le sprint du peloton pour la… 2e place. “Ça n’a pas voulu sourire ce jour-là”. Ce n’était que partie remise.

“Elle s’est mis un peu de pression, elle avait l’envie de bien faire pour ses débuts dans sa nouvelle équipe, c’est normal”, ajoute Nicolas Maire, qui a tout de suite vu le leadership de sa nouvelle protégée. “Elle a l’âme d’une leader. Elle sait fédérer autour d’elle, même si elle est encore très jeune et qu’elle n’a pas beaucoup couru sur la route jusque-là. Elle va progresser”. Voilà qui promet pour un collectif FDJ-Suez qui s’annonce décidément redoutable sur tous les fronts. Prochaine bataille lors de la Cadel Evans Great Ocean, ce week-end, avec la ferme intention d’aller chercher un nouveau succès. Et cette fois-ci, la carte maîtresse de la WorldTeam s’appellera Elise Chabbey, autre recrue de l’intersaison.

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