La paire Kopecky-Wiebes piégée par Pauline Ferrand-Prévot

Crédit photo Thomas Maheux / A.S.O

Crédit photo Thomas Maheux / A.S.O

Lorsque Lotte Kopecky a placé une violente accélération dans le secteur pavés d’Auchy-lez-Orchies, à 53 kilomètres de l’arrivée, avec sa coéquipière Lorena Wiebes dans la roue, peut-être certains ont-ils eu le temps d’imaginer, durant quelques secondes au moins, que Paris-Roubaix était en train de se jouer et que la paire de la SD Worx-Protime allait écraser la concurrence. C’était sans compter sur l’abnégation d’Ellen Van Dijk, qui était partie en éclaireuse un peu plus tôt, et surtout sur le retour impressionnant de Marianne Vos. La Néerlandaise n’a ensuite jamais lâché un mètre sur les différentes accélérations de Lotte Kopecky, provoquant indirectement un marquage et le retour de l’arrière de quatre concurrentes, d’abord, puis d’une quinzaine d’autres éléments un peu plus tard, à 36 bornes de l’arrivée. Parmi les revenantes, une certaine Pauline Ferrand-Prévot. Non, la Rémoise n’avait pas été lâchée à la pédale mais prise dans une chute malheureuse, dans un virage sur la gauche. Un incident qui ressemblait étrangement à celui qu’elle avait déjà connu il y a une semaine, lors du Tour des Flandres.

Une dizaine de kilomètres après son retour à l’avant, « PFP » place un démarrage de l’arrière, parfait, dans une portion ascendante. C’est le début de la fin pour la paire Kopecky-Wiebes. “Un peu plus tôt, on avait laissé filer Emma Norsgaard mais c’était sous contrôle. En revanche, quand Pauline a attaqué, ce n’était pas bon. Je me suis douté que l’on assistait à un moment clef de la course”, admet Lotte Kopecky après coup, au micro de DirectVelo. La Championne du Monde a vite compris : “j'ai réalisé qu’il allait être très compliqué de revenir par la suite”. Même sentiment du côté de la Championne d’Europe. “Pauline a vraiment bien joué le coup en y allant au bon moment, elle a jailli de l’arrière, c’est ce qu’il fallait faire. Sur le coup, comme on n’était plus que deux avec Lotte, on espérait que d’autres équipes prennent les choses en main”. Mais il n’en a rien été et la Française de Visma-Lease a Bike a vite pris 40” d’avance, puis 50”... “Dans l’avant-dernier secteur pavé, quand j’ai vu que l’écart était toujours aussi important, j'ai compris qu’il allait être difficile de boucher le trou. Je me suis mise à penser à la deuxième place”, concède Lorena Wiebes.

Comment le duo infernal a-t-il bien pu se laisser avoir ? “On ne peut pas sauter sur toutes les attaques”, répond Lorena Wiebes. “Le problème, c’est qu’il y avait encore d’autres filles de la Visma dans notre groupe et j’ai tout de suite compris qu’on était piégées. Si on contrait, on allait toujours avoir une coéquipière de Pauline dans la roue. Il est d’un seul coup devenu difficile de manoeuvrer”, soupire la tenante du titre, frustrée mais qui tenait tout de même à relativiser dans le vélodrome de Roubaix. “C’est quand même un podium pour Lorena et pour l’équipe. Les gens ont tendance à l’oublier mais c’est un bon résultat (voir classement). Lorena Wiebes était plus mesurée en conférence de presse, quelques minutes plus tard. “On ne venait pas pour faire 3 mais on ne peut pas gagner à chaque fois. Pour l’instant, j’ai dû mal à m’en satisfaire mais un podium à Roubaix, quand même… Je me dis que j’en serai sûrement fière d’ici un jour ou deux”.

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