Expatrié en Espagne ces trois dernières années, Loïc Chetout est de retour en France. Après l’équipe basque Naturgas Energia, il a choisi le GSC Blagnac Vélo Sport 31 pour 2014. Une option qui doit lui permettre de relancer sa carrière, à l’aube de sa dernière saison Espoir. Il lui faut d’abord se faire connaître du milieu et découvrir de nouvelles épreuves de référence, bref, refaire ses gammes. Car s’il a été un temps leader de la Coupe d’Espagne amateur cette année, il sait que « personne ou presque ne (le) connaît en France ». Après un retour au premier plan chez les amateurs, le Toulousain souhaite encore passer professionnel, au plus tard en 2017, lui qui a approché le rêve de rejoindre Euskaltel-Euskadi, sur les traces de Romain Sicard.

DirectVélo : Pourquoi as-tu décidé de revenir en France après trois années passées dans l’équipe espagnole Naturgas Energia ?
Loïc Chetout : En 2011, mon arrivée en Espagne marquait un projet à long terme, qui devait me faire passer par Naturgas Energia mais aussi plus tard par Euskadi (la « réserve » en Continentale) et enfin, peut-être l’équipe WorldTour Euskaltel-Euskadi. D’ailleurs, il était prévu que je passe pro cet hiver avec Euskadi. Malheureusement, l’équipe s’arrête sous sa forme actuelle. Du coup, je n’avais plus aucun intérêt à continuer avec Naturgas Energia. Je n’avais plus rien à apprendre avec eux, avec le même calendrier une année supplémentaire. Les dirigeants eux-mêmes étaient d’accord sur ce point : il fallait que je passe à autre chose.

Tu n’avais aucune chance de passer professionnel dans la Continentale qui va remplacer Euskadi ?
Si, j’ai encore une infime chance. Il me semble qu’il reste encore six places à pourvoir et j’ai été cité dans une pré-liste de coureurs susceptibles de rejoindre l’équipe. J’ai été agréablement surpris par cette nouvelle. Tout reste donc possible mais je ne veux pas me faire trop d’illusions non plus car pour le moment, je n’ai reçu aucun coup de fil de qui que ce soit.

Ton transfert au GSC Blagnac Vélo Sport 31 l’an prochain est-il incertain ?
Dans ma tête, je suis un coureur de Blagnac à 100%. Mais au fond de moi, j’espère toujours passer pro. Les dirigeants de Blagnac sont au courant de ma situation. Et ils savent très bien que si une occasion se présente du côté de la formation Euskadi, je ne vais pas la refuser. Mais je précise bien qu’il s’agirait d’un miracle...

« ENCORE BEAUCOUP DE CHEMIN A ACCOMPLIR »

Tu avais quitté la France pour l’Espagne très jeune, à 19 ans. Qu’est-ce qui t’avait décidé à tenter l’expérience ?
J’étais très intéressé par le projet de la fondation Euskadi. Je me voyais passer professionnel en Espagne. A côté de ça, c’était tout simplement l’occasion de voir du pays. J’ai découvert une nouvelle langue et une autre culture (même si je continuais de vivre à Toulouse) et bien évidemment des courses d’un genre nouveau. Cela dit, j’avais déjà connu l’atmosphère des compétitions espagnoles dans les catégories de jeunes. Lorsque j’étais encore à l’Aviron Bayonnais, j’ai eu l’occasion de disputer des courses en Espagne, alors que je n’étais que Cadet et Junior. L’Espagne et moi, c’est une longue histoire finalement (rires) ! Je ne regrette absolument pas mon choix. J’ai vraiment adoré cette aventure !

Tes résultats ont explosé cette saison, comment l’expliques-tu ?
Disons que je m’étais donné deux saisons pour apprendre, pour voir dans un premier temps si j’avais le niveau. Dès ma deuxième année, j’ai commencé à faire quelques résultats dans des Top 10. Cette saison, je pense que j’ai su mettre à profit l’expérience engrangée. J’ai aussi bénéficié d’un calendrier adapté. L’équipe a vraiment mis les moyens pour que nous puissions disputer les plus belles courses du calendrier amateur espagnol. C’était la première fois que l’on disputait l’intégralité des manches de la Coupe d’Espagne.

Tu as donc pris conscience que tu avais le niveau pour passer professionnel ?
Passer pro ou pas, ce n’est pas à moi de le décider. J’ai simplement fait le métier à 100%, en essayant de me faire plaisir sur le vélo. Certes, je fais ce sport pour devenir professionnel. Je me donne encore trois ou quatre ans pour atteindre cet objectif. C’était déjà l’idée lorsque je suis arrivé en Espagne. Après avoir passé mon Bac pro, je me suis consacré au cyclisme et ça a commencé à porter ses fruits en 2013. Il y a encore deux ans, je regardais le leader de la Coupe d’Espagne en me disant ; « Putain, il doit marcher celui-là ! ». Et cette année, j’ai moi-même été leader de la Coupe. C’est un signe fort, même s’il faut relativiser : il y encore beaucoup de chemin à accomplir... En tout cas, ce sera pro ou rien. Si je n’arrive pas à passer le cap d’ici 2016-2017 ; j’arrêterai sans doute le vélo. Je ne vais pas passer quinze saisons dans une DN française ni disputer des nocturnes tous les dimanches. A un moment donné, il faut être sérieux et penser à son avenir.

Qu’est-ce qui t’as le plus marqué durant ces trois saisons en Espagne ?
Sans hésiter, l’esprit d’équipe. C’est très différent de ce que j’ai pu voir en France. Par exemple, en Espagne lorsqu’un coureur Espoir première année débarque dans une équipe, il est toujours cantonné à un rôle d’équipier. Il doit apprendre le métier pendant quelques temps et, après seulement, il pourra jouer sa carte personnelle. En France, il me semble que l’on va immédiatement attendre beaucoup de choses d’un coureur qui a marché fort chez les Juniors. On va lui demander de gagner cinq courses dès sa première année Espoir. En Espagne, j’ai trouvé les structures amateurs très professionnelles également. Bien sûr, je n’ai pas beaucoup couru en France dans la catégorie Espoirs, mais j’ai le sentiment que c’est beaucoup plus individualiste. Enfin, je demande confirmation en 2014...

« CURIEUX DE VOIR CE QUE JE VAUX EN FRANCE »

Justement, t’attends-tu à une différence de niveau entre le cyclisme amateur espagnol et français ?
Oui. Je suis pratiquement certain que le niveau sera plus relevé en France. C’est aussi la raison pour laquelle je suis quand même heureux de revenir en France, car curieux de voir ce que je vaux ici, face aux meilleurs amateurs. La manière de courir sera différente. Mais c’est aussi ce qui me plaît, découvrir ou redécouvrir autre chose. Et puis, je vais devoir me faire un nom. Car après trois ans en Espagne, personne ou presque ne me connaît en France.

Trouves-tu injuste que l’on t’ait oublié en France ?
En fait, je m’y attendais. Je savais qu’en allant en Espagne, j’allais me fermer certaines portes de l’autre côté des Pyrénées. Et encore, heureusement qu’il y a DirectVélo pour parler de moi tout au long de la saison sinon, je serais vraiment à mettre aux oubliettes (rires). C’est toujours comme ça en France, alors je ne suis pas surpris d’entendre des « Chetout, c’est qui celui-là ? ». Il y a eu une multitude de coureurs dans ce cas avant moi. Je pense notamment à Romain Sicard. Et que dire d’Arnaud Jouffroy ! J’ai lu ce qu’il vous a dit il y a quelques jours (lire l’entretien complet ici et ici). C’est quand même dingue de voir qu’un mec qui a été Champion du Monde peut être oublié comme ça du jour au lendemain. Mais bon, c’est la vie.

En plus d’être l’année de ton retour en France, 2014 marquera aussi ta dernière année Espoirs...
C’est vrai que j’y pense. J’aimerai bien profiter de cette dernière année Espoirs pour disputer les Championnats de France, pour lesquels le Comité d’Aquitaine ne m’a pas sollicité ces dernières années. C’était une déception. Il y aura beaucoup d’autres courses à essayer, par exemple à la Ronde de l’Isard. Quoi qu’il en soit, je sais qu’il y aura de quoi faire avec le calendrier du GSC Blagnac Vélo Sport 31. J’ai les clefs en mains pour faire parler de moi, il faudra simplement que je confirme sur le terrain.

Crédit Photo : Pascal Baudron