Thomas Denis : « J'ai appris à vider mon sac »
A la fin de chaque exercice de sa séance d'entraînement sur la piste de Saint-Quentin, Thomas Denis décroche le compteur SRM de son vélo de poursuite pour récupérer les données sur son ordinateur. Alors que ses équipiers de l'équipe de France d'endurance sur piste tapotent leurs téléphones, la recrue du Vendée U pianote sur son Mac. "C'est mon entraîneur qui m'a initié au SRM", justifie-t-il.
Ses entraîneurs successifs ont d'ailleurs eu un rôle important dans l'orientation du coureur de 18 ans. Pour ses débuts sur la piste de Vannes, en Minimes, son entraîneur de l'OC Locminé, Sylvain Abadie détecte ses dons pour les efforts solitaires. Pourtant, l'année suivante, à l'AC Lanester 56, il hésite entre les courses en peloton et la poursuite. Mais en Cadets 2, en 2013, son nouvel entraîneur Carl Chandavoine le voit "plus comme poursuiteur", se souvient Thomas Denis pour DirectVelo. "Après mon titre de Champion de Bretagne, il m'a conseillé de viser le Championnat de France", ajoute-t-il. Au bout, un premier maillot tricolore et le record de France Cadets en 3'31"856. En 2015, il a rajouté celui des Juniors en 3'17"45 sur le vélodrome de Bourges, là où il s'entraîne au Pôle France.
BOUFFER DE LA POURSUITE INDIVIDUELLE
Doué physiquement, le gars de Locminé a trouvé avec la poursuite une discipline qui lui plait. "J'aime la gestion de son propre effort, indique-t-il. je travaille en bouffant de la poursuite individuelle, en travaillant au tableau de marche, en faisant des séances de lactique et du gainage pour la position."
Au Championnat du Monde de Londres (2-6 mars), il portera le maillot de l'équipe de France en poursuite individuelle et par équipes. "Les deux me tiennent à coeur." Dans le tournoi individuel, pour son premier Championnat Elites sur 4 km, il a surtout un objectif chronométrique. "J'espère approcher 4'25"",avance-t-il. "Mon record est de 4'30", sans travail particulier."
RELATIVISER
L'été dernier, au Championnat du Monde Juniors, son chrono l'avait déçu, plus que sa place (5e). "A l'entraînement, je tournais sur des bases de 3'18"-3'17"." Au final il signe un temps supérieur à 3'20"."J'étais fatigué le jour de la course. Je m'étais peut être mis trop de pression. Grâce à cela, j'ai appris à relativiser, à parler avec les autres, à vider mon sac."
Pour son premier Championnat du Monde Elites, à 18 ans il va approcher quelques uns de ses modèles : "Les Australiens comme Edmondson et Bobridge, Bradley Wiggins", cite-t-il. Mais ne comptez pas sur lui pour se coller à la joue de ces coureurs, bras tendu avec un téléphone au bout des doigts pour se prendre le portrait avec ses "idoles". Le Morbihannais est d'une nature plus réservée.
L'EXEMPLE DE GERAINT THOMAS
La recrue du Vendée U a d'autres modèles chez les poursuiteurs mais qui seront, eux, absents des Championnats du Monde. "Des gars comme Geraint Thomas ou Stefan Küng sont forts en poursuite et sur route", admire celui qui veut devenir aussi bon routier que pistard, "car je veux rester poursuiteur", précise-t-il.
Pour sa première course Elites, il a couronné la démonstration du Vendée U sur les Plages vendéennes par une victoire (lire ici). Il est en tête du classement des 19 ans du Challenge BBB-DirectVelo. Il paraît même que pendant les exercices de contre-la-montre par équipes, pendant les stages hivernaux, il a mis plus d'une fois en file indienne ses petits camarades. L'équipe de France de poursuite par équipes compte aussi sur ses relais pour bien entamer la route vers les Jeux olympiques de Tokyo 2020.
Crédit photo : DirectVelo.com