Le Tour de l'Avenir, « une épreuve de dignité »
L'Equipe du Japon souffre sur le Tour de l'Avenir mais continue d'espérer. Trois des six coureurs se sont retirés alors qu'il reste encore deux étapes de cols avant l'arrivée en Maurienne ce samedi. "Mais on reste optimiste", explique l'entraîneur national, Akira Asada, qui a lui-même disputé la course en 1992, membre d'une équipe française. Il faut dire que le groupe se reconstruit depuis à peine deux saisons. Depuis 2007, l'archipel avait en effet négligé la formation de ses coureurs moins de 23 ans. Pour eux, le Tour de l'Avenir marque un retour symbolique et riche d'enseignements.
DirectVelo : Pourquoi l'Equipe nationale du Japon a-t-elle été absente du Tour de l'Avenir pendant 30 ans ?
Akira Asada : Parce que les circonstances n'étaient pas réunies. Regardons les dernières années : nous n'avions plus vraiment de programme pour les Espoirs. Il y a deux ans, je ne voulais pas postuler parce que nous n'avions pas le niveau. Le Tour de l'Avenir est une épreuve qui se respecte, on doit se montrer dignes de l'événement. L'an passé, j'ai posé candidature mais il était hélas trop tard. Pour cette année, j'ai demandé une invitation dès le mois de décembre. Je sentais que nous étions prêts.
Vous avez été touchés par l'épidémie de gastro, la moitié de votre équipe a déjà abandonné. Dans quel état d'esprit sont vos hommes ?Mercredi soir, ils étaient très très choqués après la première étape de montagne – qui n'arrivait pas encore dans la haute montagne... Ils trouvaient le niveau plus dur que nous ne l'avions imaginé. Nous avons perdu nos deux meilleures chances pour le classement général, Takeaki Amezawa et Yuri Kobashi. L'un est tombé malade, l'autre était moins en forme qu'espéré. Nous avions comme objectif de placer un coureur dans le top 30. Cet objectif tombe maintenant à l'eau.
« PAS CONCEVABLE DE RESTER DANS LE PELOTON »
Et pourtant, vous restez optimistes ?
DirectVelo : Pourquoi l'Equipe nationale du Japon a-t-elle été absente du Tour de l'Avenir pendant 30 ans ?
Akira Asada : Parce que les circonstances n'étaient pas réunies. Regardons les dernières années : nous n'avions plus vraiment de programme pour les Espoirs. Il y a deux ans, je ne voulais pas postuler parce que nous n'avions pas le niveau. Le Tour de l'Avenir est une épreuve qui se respecte, on doit se montrer dignes de l'événement. L'an passé, j'ai posé candidature mais il était hélas trop tard. Pour cette année, j'ai demandé une invitation dès le mois de décembre. Je sentais que nous étions prêts.
Vous avez été touchés par l'épidémie de gastro, la moitié de votre équipe a déjà abandonné. Dans quel état d'esprit sont vos hommes ?Mercredi soir, ils étaient très très choqués après la première étape de montagne – qui n'arrivait pas encore dans la haute montagne... Ils trouvaient le niveau plus dur que nous ne l'avions imaginé. Nous avons perdu nos deux meilleures chances pour le classement général, Takeaki Amezawa et Yuri Kobashi. L'un est tombé malade, l'autre était moins en forme qu'espéré. Nous avions comme objectif de placer un coureur dans le top 30. Cet objectif tombe maintenant à l'eau.
« PAS CONCEVABLE DE RESTER DANS LE PELOTON »
Et pourtant, vous restez optimistes ?
Oui. Nous ne devons pas nous résigner. Hier, nous avons mis un coureur dans l'échappée dès de départ. Il a sauté avant la montée du premier col, mais au moins il a essayé. Pour les deux dernières étapes, j'ai dit aux gars de tenter quelque chose. Comme les leaders vont certainement se marquer pour le classement général, il y a des opportunités à prendre. Si les délais sont de 40 minutes, nous devrions les atteindre. Je préfère que les coureurs prennent des risques. Ce n'est pas concevable de rester tout le temps dans le peloton, même si la course est pour nous très difficile.
Comment vous êtes-vous préparés ?
Notre sommes au Japon la moitié de la saison, en Europe l'autre moitié [l'Equipe nationale est basée à Auterive, près de Toulouse, NDLR]. Nous avons disputé la Ronde de l'Isard en avril, pour avoir un avant-goût d'une course à étapes dans la montagne. Nos coureurs s'y sont bien comportés. Puis nous sommes partis faire un stage à Font-Romeu, au mois de juillet. C'était une bonne expérience mais on a trop forcé. Les coureurs sont sortis un peu fatigués.
Que vous faut-il pour qu'un Japonais puisse un jour remporter le Tour de l'Avenir ?
De bons coureurs à la base et une bonne préparation également. Nous n'avons que vingt Espoirs disponibles pour l'Equipe nationale, ce qui est encore faible. Au Japon, la plupart des coureurs sont étudiants et donc membres de la Ligue universitaire de cyclisme. Ils courent entre eux et ne sortent pas du Japon. Ils disputent même leur championnat pendant le Tour de l'Avenir ! C'est un gros problème. Nous pouvons compter sur les coureurs des équipes Continentales et des clubs privés. Idéalement, nous devons élargir le nombre de coureurs. Certains se sont découragés cette saison et ont quitté l'équipe...
« TROIS ANS POUR FORMER CONVENABLEMENT UN COUREUR »
Beaucoup de vos coureurs manquent d'expérience en Europe. Comment les habituer aux standards du Tour de l'Avenir
Progressivement. Il faudrait se frotter à tous les terrains, par exemple commencer par des épreuves belges. Pas nécessairement des courses UCI. La première année, on peut s'essayer à des Elites. Et puis on monte petit à petit de catégorie.
C'est donc un programme sur le long terme ?
Oui. Il faut trois ans pour former convenablement un coureur. Si on tombe sur un grand talent, deux ans peuvent suffire.
Qu'est-ce qui a changé sur le Tour de l'Avenir depuis que tu y as participé toi-même comme coureur, membre de l'équipe Eurotel, en 1992 ?
Il y a toujours des attaques. Pour moi, c'est ça le Tour de l'Avenir : des attaques ! Il y en avait partout sur la route. Le rythme était très élevé. On avait quand même Armstrong et Olano dans le peloton. Aujourd'hui, on court avec des jeunes. La limite d'âge qui passe de 25 à 22 ans, c'est une bonne chose, selon moi. J'apprécie aussi qu'on courre par équipes nationales et non pas par équipes pros. Qui dit « professionnel » dit « travail ». Autrefois, certains coureurs venaient sur le Tour de l'Avenir pour faire un travail d'équipier. Aujourd'hui, on sent que chaque coureur veut saisir sa chance. C'est le sommet de la saison et une opportunité de passer professionnel. Chacun veut faire de son maximum.
Comment vous êtes-vous préparés ?
Notre sommes au Japon la moitié de la saison, en Europe l'autre moitié [l'Equipe nationale est basée à Auterive, près de Toulouse, NDLR]. Nous avons disputé la Ronde de l'Isard en avril, pour avoir un avant-goût d'une course à étapes dans la montagne. Nos coureurs s'y sont bien comportés. Puis nous sommes partis faire un stage à Font-Romeu, au mois de juillet. C'était une bonne expérience mais on a trop forcé. Les coureurs sont sortis un peu fatigués.
Que vous faut-il pour qu'un Japonais puisse un jour remporter le Tour de l'Avenir ?
De bons coureurs à la base et une bonne préparation également. Nous n'avons que vingt Espoirs disponibles pour l'Equipe nationale, ce qui est encore faible. Au Japon, la plupart des coureurs sont étudiants et donc membres de la Ligue universitaire de cyclisme. Ils courent entre eux et ne sortent pas du Japon. Ils disputent même leur championnat pendant le Tour de l'Avenir ! C'est un gros problème. Nous pouvons compter sur les coureurs des équipes Continentales et des clubs privés. Idéalement, nous devons élargir le nombre de coureurs. Certains se sont découragés cette saison et ont quitté l'équipe...
« TROIS ANS POUR FORMER CONVENABLEMENT UN COUREUR »
Beaucoup de vos coureurs manquent d'expérience en Europe. Comment les habituer aux standards du Tour de l'Avenir
Progressivement. Il faudrait se frotter à tous les terrains, par exemple commencer par des épreuves belges. Pas nécessairement des courses UCI. La première année, on peut s'essayer à des Elites. Et puis on monte petit à petit de catégorie.
C'est donc un programme sur le long terme ?
Oui. Il faut trois ans pour former convenablement un coureur. Si on tombe sur un grand talent, deux ans peuvent suffire.
Qu'est-ce qui a changé sur le Tour de l'Avenir depuis que tu y as participé toi-même comme coureur, membre de l'équipe Eurotel, en 1992 ?
Il y a toujours des attaques. Pour moi, c'est ça le Tour de l'Avenir : des attaques ! Il y en avait partout sur la route. Le rythme était très élevé. On avait quand même Armstrong et Olano dans le peloton. Aujourd'hui, on court avec des jeunes. La limite d'âge qui passe de 25 à 22 ans, c'est une bonne chose, selon moi. J'apprécie aussi qu'on courre par équipes nationales et non pas par équipes pros. Qui dit « professionnel » dit « travail ». Autrefois, certains coureurs venaient sur le Tour de l'Avenir pour faire un travail d'équipier. Aujourd'hui, on sent que chaque coureur veut saisir sa chance. C'est le sommet de la saison et une opportunité de passer professionnel. Chacun veut faire de son maximum.