Tour de France : Sur les traces de Stefan Küng

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

A l'occasion du Tour de France 2017, DirectVelo repart « Sur les traces de... ». L'objectif ? Mieux connaître un coureur présent sur le Tour de France, grâce à un équipier, adversaire ou dirigeant qui l'a connu chez les Amateurs. Rendez-vous aujourd'hui avec le Suisse Stefan Küng (BMC Racing Team). Deuxième du prologue de Düsseldorf, celui que l'on surnomme "King Küng" depuis son doublé chrono-route sur les Championnats d'Europe Espoirs 2014 est en passe de terminer sa première Grande Boucle, à 23 ans. Le témoin ? Son compatriote et ami Théry Schir, avec qui il a tout partagé sur la piste, sur la route et en dehors, depuis les plus jeunes catégories.

« J'ai couru avec Stefan dès les Cadets et Juniors mais la première fois que l'on a vraiment couru ensemble, c'était lors de nos premiers Championnats du Monde Juniors sur piste, en Italie. A l'époque, il ne parlait pas du tout français et je ne parlais pas du tout allemand. On a dû apprendre à se connaître et surtout, à se comprendre. On a bien progressé tous les deux et on a fini par devenir très proches jusqu'à partir plusieurs fois ensemble en vacances par exemple.

« LE PREMIER À MANGER DES GLACES OU À FAIRE LE CON »

Dès les J1, tout le monde en Suisse savait qu'un grand avenir attendait Stefan. Ça s'est vu très vite alors qu'il n'était même pas encore à fond dans le vélo car il n'avait pas terminé ses études. Je pense que lui aussi a su très vite qu'il allait passer pro. Malgré ça, même si on était sérieux sur le vélo, on prenait aussi le temps de déconner pas mal en dehors, Stefan en tête. C'était le premier à vouloir aller manger des glaces ou à aller faire le con dans une rivière après l'entraînement. Il a toujours été comme ça ! Je ne l'ai jamais vu se priver chez les Juniors. C'était même tout le contraire. En parallèle, il a toujours eu une énorme force de caractère et de grandes ambitions, sans avoir un énorme ego pour autant. On voyait bien qu'il avait quelque chose en plus et personne ne pourra jamais lui enlever. Autant dire que je ne suis pas du tout étonné de voir où il en est aujourd'hui. Physiquement, il a été impressionnant dès les Juniors. Il ne s'embêtait pas à se peser dix fois par jour. Il a une telle force que c'est déjà un avantage sur beaucoup d'autres coureurs (1m83 pour 93 kilos, NDLR). Et avec le talent en plus, ça donne le coureur qu'il est maintenant.

« C'EST UN MENEUR D'HOMMES »

Ce qui est fou, c'est qu'on a l'impression qu'il est là depuis longtemps déjà alors qu'il est tout jeune, il n'a que 23 ans. Il a progressé tellement vite. Aujourd'hui, sa place était indiscutable à la BMC sur le Tour et c'est quand même impressionnant, quand on y pense. Pour lui, c'est tout à fait normal de cotôyer des gars comme Van Avermaet ou Van Garderen. Ça ne l'impressionne pas. C'était déjà le cas avant sur les courses comme le Tour de l'Avenir. Il respecte tous les coureurs mais il n'a peur de personne. C'est un leader né, c'est un meneur d'hommes. Sans être égoïste, il sait mettre les choses en place autour de lui. Après, naturellement, quand tu es le plus fort, c'est toi qui dictes un peu comment ça se passe. C'était déjà le cas chez les jeunes ou sur la piste. C'était tellement naturel que personne ne lui en a jamais voulu. Quand il fallait montrer qui était le plus fort, il a toujours assumé. Il avait très vite été comparé à Cancellara. Ce n'était pas facile au début, il fallait assumer. Les premières années, il n'aimait pas ça mais ça ne l'a pas atteint. Il a une telle force mentale ! Il a son surnom "King Kung" aussi maintenant, il le porte bien. Il faut lui laisser (sourires).

« C'EST UNE BÊTE, ET MÊME EN MONTAGNE, IL FAUDRA SE MÉFIER »

Il a toujours su progresser d'année en année. Il avait des objectifs élevés mais tout est venu par palier et quand on prend du recul, c'est assez impressionnant. Aujourd'hui, c'est un garçon qui marche très fort en chrono et qui marchera fort sur les Classiques aussi. C'est une bête et même en montagne, il faudra se méfier. C'est le genre de gars dont tu ne sais pas jusqu'où il peut aller. En plus, c'est quelqu'un qui ne doute jamais, enfin, très peu. Et lorsque ça arrive, il se remet très vite sur les rails et ça a toujours fonctionné jusqu'à maintenant alors je ne vois pas pourquoi ça ne marcherait plus à l'avenir. Je ne vois vraiment pas ce qui va l'arrêter.

« POSÉ, RÉFLÉCHI ET TRÈS MATURE »

En dehors du vélo, c'est un garçon qui a toujours adoré voyager. Il partait souvent en fin de saison, en Nouvelle-Calédonie ou en Nouvelle-Zélande. Il a beaucoup voyagé tout seul, puis après avec nous. Je sais qu'il aime bien le hockey sur glace aussi. Il est très ouvert d'esprit, il lit beaucoup. Quand il va quelque part, il s'intéresse beaucoup à l'endroit où il est. Je suis sûr que pendant chaque étape du Tour de France par exemple, il regarde bien le parcours et il s'intéresse au lieu où il se trouve. Il aime bien visiter les endroits sympas, culturels. Par exemple, pendant la première journée de repos du Tour de France, il m'a écrit pour savoir si je connaissais un café sympa dans le coin car il savait que mon père était de Saint-Etienne. Malheureusement je ne connaissais pas de "bon coin" mais ça prouve qu'il cherchait à découvrir. C'est quelqu'un de très intelligent qui a été capable d'apprendre plusieurs langues. Il est posé, réfléchi et très mature. Tout s'est fait très naturellement et je pense que c'est aussi pour ça que tout a bien marché. »

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