Jade Wiel : « Mettez-vous à ma place... »

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Même dans ses pires cauchemars, Jade Wiel ne s'attendait pas à souffrir autant. Terrassée par ses douleurs aux mollets, le circuit de Valkenburg s'est résumé pour elle à un interminable chemin de croix. Son calvaire a duré quarante longues minutes, à l'issue desquelles, la Championne de France Juniors a laissé éclater sa détresse. ''Ma course était ridicule'', lâche-t-elle auprès de DirectVelo, peu après avoir franchi la ligne d'arrivée à une anecdotique 28e position.

« JE NE PEUX RIEN FAIRE »

Un bon départ puis des espoirs envolés, Jade Wiel a rapidement compris qu'elle ne parviendrait pas à tirer son épingle du jeu sur le tracé boueux de Valkenburg. ''À part les trois premières minutes de course, il n'y a rien à retenir. Ça n'allait pas du tout'', confirme celle qui avait pourtant, depuis longtemps, cette échéance dans un coin de la tête. ''Ça fait trois semaines que je me réserve pour cette course. Par rapport à mes mollets, j'ai fait zéro course à pied avant aujourd'hui. Je me suis dit que ça devrait tenir mais en fait, ça ne tient pas''.

La jeune femme de 17 ans, en dépit de ses problèmes, se voulait optimiste et nourrissait de grandes espérances avant de s'élancer sur ce mondial. ''Je pensais que ça allait faire un peu moins mal. Je me disais que si dans l'euphorie de la course, je me retrouvais aux avant-postes, j'arriverais à me mettre dans mon effort et à ne pas y penser''. L'élan de la Française s'est ensuite stoppé net dès la première partie pédestre. ''Finalement, au début, j'étais devant puisque j'ai pris un bon départ. Par contre, dès qu'il fallait commencer à courir, j'avais l'impression que je faisais du tapis de course, que je courais sur place et que je n'avançais pas. Ça me pique, je ne peux rien faire'', déplore-t-elle.

« QU'EST-CE QUE TU FAIS ? »

La détermination de la Provençale et les messages d'encouragement n'ont donc pas suffi. ''Tout le monde me disait de m'arracher pendant quarante minutes mais j'ai envie de leur dire : mettez vous à ma place, c'est impossible''. La galère commence alors pour Jade Wiel. Pourtant ambitieuse, elle voit défiler ses concurrentes qui la dépassent de toute part. ''Des fois, je me parlais pendant la course et je me disais : qu'est ce que tu fais ? Je n'arrivais pas à appuyer. Je ne sais pas ce que j'ai''. La sociétaire du VC Morteau-Montbenoît a peut-être trouvé la source de ses douleurs. ''Je traîne ça depuis le début de la saison. Hier, on a regardé mes chaussures. C'est trop tard, mais on s'est aperçu que mes pieds se baladent trop dedans. Même si c'est trop tard et que la blessure est présente, j'ai décidé de reprendre mes anciennes chaussures. Il faudra prendre du repos pour guérir. On avait fait des examens et on avait vu que j'avais une inflammation des muscles fibulaires'', explique-t-elle.

Jade Wiel désespère de voir le bout du tunnel. ''Le problème, c'est qu'à chaque fois que je vais voir un kiné, personne ne me dit la même chose. J'ai eu des massages mais ça n'a pas amélioré la situation''.

Difficile pour elle de trouver des motifs de satisfaction de cette expérience néerlandaise, tellement la déception est intense. ''Ça me met un coup au moral, je suis dégoûtée. Faire 28e des Championnats du Monde, c'est ridicule mais au moins, j'ai vu ce que c'était. J'ai pris de l'expérience, c'est quand même un circuit mythique, surtout avec tout ce monde. J'ai appris à gérer un mondial mais je reste déçue''. Dans cet hiver contrasté, seul son deuxième titre de Championne de France de cyclo-cross constitue un point de satisfaction pour elle. Après une période de repos, Jade Wiel aura à cœur de prendre sa revanche sur la route.

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