Steve Chainel : « Il ne faut pas les jalouser »
Steve Chainel a pris ce dimanche la 14e place du Championnat d'Europe de cyclo-cross chez les Elites Hommes. Le Champion de France a souffert dans le sable du circuit de Rosmalen (Pays-Bas). "Je suis à ma place", estime le coureur arrivé à deux minutes du vainqueur, Mathieu Van der Poel (voir classement). Pour DirectVelo, il est revenu sur sa course du jour.
DirectVelo : Tu termines 14e du Championnat d'Europe, et premier coureur non-belge ou néerlandais...
Steve Chainel : Il n'y a pas un maillot ? On devrait en remettre un (sourires). Plus sérieusement, le scénario était prévisible. Les Belges et les Néerlandais dominent la discipline. C'est frustrant de ne pas être à leur niveau, il ne faut pas les jalouser. En fait, je dirais plutôt que je suis le Champion d'Europe des mecs qui ne savent pas faire de sable. On connaît les parcours... Si on veut être avec eux devant, il ne faut pas perdre du temps dans les bacs à sable. Il y en avait deux par tours aujourd'hui (dimanche) et je perdais, je pense, au moins deux secondes à chaque fois. Soit quatre secondes par tours. Et il y avait neuf tours ! J'ai donc perdu une trentaine de secondes. Sans le sable, j'aurais terminé vers la 10e position. C'est ma place sur l’échiquier international. Devant, ça va beaucoup plus vite. Je suis content de ma forme du jour. J'étais très bien. Il faut élever son niveau le jour des grands Championnats. Je n'ai pas réussi à le faire techniquement. C'est le jeu...
« IL EN FAUT POUR TOUT LE MONDE »
Tout s'est dit sur ce parcours. Qu'en as-tu pensé ?
Ce sont les coureurs qui font la course, comme au Tour de France. Certains préfèrent les chantiers comme le Koppenberg, d'autres quand c'est verglacé... Nous sommes sur les terres des Néerlandais. Ce n'est pas de la vraie terre mais une sorte de sable. Si les coureurs viennent rouler chez moi, ils auront des grosses buttes et l'herbe très tassée. J'aimerais avoir un Championnat d'Europe dans les Vosges, c'est sûr. Les Belges et les Néerlandais critiquent Pontchâteau car c'est trop roulant pour eux. Nous, on va dire qu'il y a trop de sable ici... Moi, le mercredi avant la Coupe du Monde de Coxyde, je serai déjà présent en Belgique pour faire du sable. Si on veut élever notre niveau de performance, on sait ce qu'il faut faire. Il ne faut pas se voiler la face. Quand on voit les stories Instagram de (Mathieu) Van der Poel, quand il va en stage en Espagne, il va rouler sur la plage. Chez lui, il roule dans le sable... Personnellement, je ne roule jamais dans le sable puisque je n'en ai pas chez moi ! Il faut demander à nos partenaires de nous fournir un bac (sourires). Mais c'est ainsi. L'an dernier, à Quelneuc, beaucoup auraient pu dire que c'était un circuit trop lourd, à la bretonne. Mais il en faut pour tout le monde.
A part ça, qu'as-tu pensé de ta course ?
J'ai fait un départ correct. J'ai eu ensuite besoin de souffler. Je n'ai pas réussi à accrocher le bon wagon car j'ai fait deux fois l'élastique à la sortie du bac à sable. J'ai manqué de technique et de lucidité pour revenir devant. Bref, je suis à ma place.
« LE PREMIER QUI NE COURT PAS DANS UNE EQUIPE BELGE... »
C'est compliqué de se retrouver seul au milieu des Belges ou Néerlandais ?
Le cyclo-cross, ce n'est pas la route. Il n'y a pas de jeu d'équipe. C'est chacun pour sa pomme. Je me suis retrouvé avec deux Néerlandais, Van Kessel et (David) Van der Poel, et ils auraient pu jouer avec moi. Mais il n'y a pas eu de course d'équipe.
Être régulièrement le premier français, à 35 ans, c'est plaisant ?
Je termine souvent premier français au niveau international mais pas en France... J'aime le niveau international. J'accroche encore un dossard pour faire du très haut niveau. Aujourd'hui, je suis très fier qu'un garçon de l'équipe Chazal-Canyon (Antoine Benoist) ramène une médaille européenne. On préfère être présent au niveau international que sur les manches de la Coupe de France. Mais bien sûr, il en faut pour tout le monde. Nous, nous avons une vraie vocation de contrarier les Belges et les Néerlandais plutôt que de faire la guéguerre entre Français. D'ailleurs, je trouve dommage d'avoir peu d'étrangers sur les courses internationales disputées en France. On ne se tire pas vers le haut car ça devient des batailles franco-françaises. Je m'en fiche de finir premier français mais je suis content d'être le premier coureur à ne pas être dans une structure pro belge...