Clément Venturini ne l’a « pas volé »
Quelques sorties spécifiques et une paire de cyclo-cross en compétition, dont l’épreuve internationale de La Mézière (Ille-et-Vilaine) il y a une semaine : voilà qui aura donc été suffisant à Clément Venturini en guise de préparation au Championnat de France Elites de la discipline (voir classement). Ce dimanche, le professionnel de l’équipe AG2R La Mondiale a décroché son deuxième maillot bleu-blanc-rouge chez les Élites, après avoir déjà décroché un titre chez les Espoirs par le passé. “Il ne faut pas oublier que c’est la première année où je me consacre à la route. J’ai un passé dans le cyclo-cross, et je crois que l’on peut quand même encore me considérer comme un cyclo-crossman, non ?”, préfère-t-il s’amuser en conférence de presse, médaille d’or autour du cou, lorsqu’on l’interroge sur le fait que le nouveau Champion de France ait disputé trois cross dans la saison. “Vis-à-vis des spécialistes qui ont fait toute la saison, ce n’est sans doute pas cool pour eux, et je m’en excuse. Mais bon, c’est comme ça. En 2015, il y en a un qui a été Champion de France alors qu’il n’avait rien fait de l’année (Clément Lhotellerie, NDLR). C’est pareil pour moi cette année. Et ce titre national, je ne l’ai pas volé”.
Mais à vrai dire, Clément Venturini a-t-il réellement besoin de se justifier, ou de s’excuser ? Le tenant du titre, Steve Chainel, s’est très vite montré hors du coup. Francis Mourey, qui rêvait de la “decima” avant de prendre sa retraite, était un poil trop juste. Quant aux autres : avaient-ils le niveau pour inquiéter un Clément Venturini en bonne condition ? Pas certain. Le Rhônalpin promet pourtant qu’il n’avait aucune certitude au moment de se présenter au départ, au coeur de cet après-midi dominical. “Je n’ai jamais pensé que je pouvais gagner le Championnat de France. Avant, les autres années, dans ma tête, je me devais de gagner. Mais cette année, j’avais juste envie de gagner, sans m’en sentir obligé. J’étais détendu et c’était la meilleure manière d’aborder la course”.
UNE REMISE EN QUESTION DU PROGRAMME À COURT TERME
Le coureur de 25 ans est d’autant plus heureux qu’il gagne à Besançon, là-même où il s’était loupé, il y a trois ans, dans sa quête du maillot tricolore (lire ici). “J’étais très déçu, à l’époque. Alors gagner ici, cette fois, devant Francis (Mourey), c’est beau”. Satisfaction supplémentaire : il a su faire preuve de calme et de maîtrise malgré un départ moyen. “J’ai mal commencé. Je me suis un peu loupé au départ, mais j’ai vite vu que je revenais facilement sur les parties physiques. Du coup, j’ai vite compris que physiquement, j’avais une petite avance. Par contre, Fabien (Canal) était plus à l’aise que moi techniquement”. Capable de vite comparer ses points forts et faibles du jour par rapport à ses principaux rivaux, le natif de Villeurbanne a tout de même tenu à faire sa propre course. “Je suis resté à un rythme régulier, mon rythme, jusqu’à la fin. Je me suis loupé en sautant les planches et ma chaîne s’est bloquée dans le câble. J’ai dû m’arrêter et remettre la chaîne. Pendant trois-quatre secondes, je me suis dit que ça n’allait pas le faire, mais j’ai réussi à rester calme, encore une fois. Un cross, ça dure une heure. Et je ne voulais pas faire les mêmes erreurs que par le passé”.
Alors qu’il concède être venu lui-même en Franche-Comté avec en tête qu’il “n’avait rien à perdre et tout à gagner”, Clément Venturini envisage-t-il de prolonger sa saison de cross dans les prochaines semaines ? Rien n’est moins sûr. “Je ne peux pas me prononcer pour la suite de ma saison de cyclo-cross. Je dois reprendre ma saison sur route début février (au GP La Marseillaise, NDLR). Mais bon, peut-être que le fait d’avoir ce maillot va changer mes plans”, explique celui qui a récemment échangé sur la question avec François Trarieux, le sélectionneur national. Une chose est certaine, en revanche : le désormais double Champion de France Elites de cyclo-cross compte bien remettre le couvert l’an prochain. “Ce serait une erreur de tout arrêter. Le cross, c’est un retour aux sources qui me permet d'agrémenter l’entraînement sur route pendant la trêve hivernale. Ca casse la routine et c’est toujours un plus dans ma préparation”.