Adrien Guillonnet : « J'ai vraiment explosé »
Adrien Guillonnet a crevé l'écran. Ce lundi, sur les pentes du Mont Ventoux, le sociétaire d'Interpro Cycling Academy s'est mêlé à la lutte entre les favoris. Un temps 4e, il termine finalement 13e (voir classement), à bout de forces. L'ancien coureur du SCO Dijon revient pour DirectVelo sur sa performance.
DirectVelo : Tu as été parmi les meilleurs dans la première partie de la montée du Ventoux !
Adrien Guillonnet : J'ai vu que ça ne montait pas trop vite donc je me suis dit que j'allais essayer de suivre, même si je me suis limite écarté au début. J'ai hésité au pied. Des fois, j'ai tendance à monter un peu au capteur de puissance. Je sais que chez les professionnels, ce n'est pas comme chez les amateurs. Ils aiment bien imprimer un gros rythme dès le pied. Cependant, comme ce n'était pas du niveau WorldTour, c'était un peu moins fort. J'ai décidé de m'accrocher le plus longtemps possible et de voir, plutôt que de monter aux watts.
« MES JAMBES NE POUVAIENT QUASIMENT PLUS ME SOUTENIR »
Et tu as vu beaucoup de coureurs distancés dans ta roue...
Au fur et à mesure, on était 25, 20, 15, 10, 5 puis 4 en tête. Je savais que ça allait être compliqué de tenir ce rythme jusqu'au sommet. Quand Romain Bardet a attaqué juste avant le Chalet Reynard, j'étais déjà à fond. J'ai laissé faire. J'ai baissé progressivement en intensité. Après le Chalet Reynard, j'ai vraiment explosé au niveau des jambes.
Comment as-tu géré la deuxième partie de l'ascension ?
Je voyais que j'étais autour de 380 watts avant le Chalet Reynard. Et sur les cinq-six derniers kilomètres, je suis descendu à 280 watts. J'ai perdu 100 watts, c'est quand même énorme. Je n'avais plus de jambes, je n'avais plus de force. Je ne pouvais plus appuyer. Le premier coureur à me rattraper a été Julien El Farès. Je l'ai laissé faire. je ne voulais pas lui prendre de relais. Il voulait quand même que je passe. A un moment, il s'est écarté. J'étais sympa, je suis passé mais je savais que mon heure était venue (sourires). Le final était vraiment dur. En plus, c'était assez raide. Le pire a été la dernière rampe finale, les 100 derniers mètres. Mes jambes ne pouvaient quasiment plus me soutenir.
« UN TOP 10 AURAIT ÉTÉ SYMBOLIQUE »
Tu termines quand même 13e...
C'est bien mais en même temps, je suis un peu déçu d'avoir autant explosé à la fin. Au final, en terme de données brutes, je ne pense pas que je réalise une excellente montée. Je n'avais pas des jambes extraordinaires aujourd'hui (lundi), c'est un peu dommage. Après, je n'ai pas de regrets. J'ai tenté le maximum. Un Top 10 aurait été symbolique. Sur la fin, j'ai arrêté de compter les places. Je voulais déjà rester sur mon vélo. C'était compliqué de continuer à pédaler. A la fin, je comptais les mètres, plus que les coureurs (rires).
Qu'as-tu ressenti quand tu t'es retrouvé au milieu des favoris ?
C'était quand même plaisant quand beaucoup de monde s'écartait... Je voyais que j'étais toujours là et que je n'explosais pas. Ensuite, le retour de bâton a été dur. Je me rends tout de même compte des différences de niveau qu'il y a entre le top mondial et ceux qui sont un peu en-dessous. Je sais que des fois, on peut s'en approcher un peu comme là. Je suis conscient qu'il y a une sacrée différence de niveau entre les meilleurs et moi.
« UNE COURSE PARFAITE POUR MOI »
Comment te sentais-tu ?
Je ne savais pas trop où je me situais. Ça faisait trois semaines que je n'avais pas couru, depuis le Tour du Japon. Je n'étais pas très bien au retour du Japon. J'ai pu aller chez ma copine en Tarentaise (Savoie), j'ai effectué un bon bloc d'entraînement dans les cols alpins pour préparer cette épreuve et la Route d'Occitanie. Je n'avais pas de très bonnes jambes ces derniers jours, j'étais un peu inquiet. Finalement, la course s'est bien passée.
Avais-tu imaginé anticiper en prenant l'échappée matinale ?
J'hésitais avant la course, mais j'ai vite vu qu'AG2R La Mondiale contrôlait la course d'entrée. Du coup, je me suis dit que ça ne servait à rien de sortir, et que ça allait arriver groupé dès le pied. Ça aurait été idiot d'user des forces. Je suis resté bien sagement dans le peloton. C'était une course parfaite pour moi. Il n'y avait pas de trop grosses descentes, il faisait beau temps, et il n'y avait pas un gros peloton. C'était l'idéal.