Adrien Guillonnet : « Prêt pour une saison quasi blanche »
Adrien Guillonnet commence à s’y faire. Alors il relativise. Très ambitieux cette année pour son arrivée dans la formation St-Michel-Auber 93, le grimpeur de 26 ans misait beaucoup sur le mois de février, durant lequel il s’est finalement vite retrouvé sur la touche après une chute du côté de l’Étoile de Bessèges. Prêt à reprendre la compétition début mars, il a depuis dû se résoudre à rester confiné chez lui, la faute à l’actuelle pandémie de coronavirus qui touche durement la planète entière. DirectVelo fait le point avec le lauréat du Tour de la Guadeloupe 2019.
DirectVelo : 2020 devait être une saison particulièrement importante pour toi et, finalement, tu te retrouveras sûrement avec trois petits jours de course au compteur au début de l’été…
Adrien Guillonnet : Ce sont pas mal d’efforts qui tombent à l’eau. J’ai fait des sacrifices pour rien, mais ça fait partie d’une carrière de coureur cycliste. Il y a pire dans la vie. Je suis tombé une première fois sur le Grand Prix La Marseillaise, sans dommages, si ce n’est le fait de ne pas avoir pu jouer une potentielle bonne place à l’arrivée. Puis je suis retombé à Bessèges et pour le coup, c’était plus sérieux. Le premier jour, je ne me suis pas plus inquiété que ça. Avec l’équipe, on envisageait même ma présence au Haut-Var puis sur la Drôme-Ardèche. Puis j’ai fini par réaliser et il a fallu faire une croix sur tout ce mois de février qui était important pour moi. Ce n’était pas facile mais ce n’était pas la fin du monde pour autant. Ça fait partie des risques du métier.
Les courses du mois de février faisaient partie de tes grands objectifs de la saison. Comment as-tu vécu ce coup du sort ?
Je n’étais pas durement touché et j’ai vite pu remonter sur le home-trainer. Mais ça restait frustrant malgré tout. Je n’ai pas souhaité totalement débrancher et j’ai regardé les courses par curiosité, pour voir comment ça se courrait. C’est toujours enrichissant. J’ai voulu essayer de penser à la suite sans trop ruminer.
« L’IMPRESSION D’ÊTRE EN ENTRAÎNEMENT PERPÉTUEL »
Au moment où tu allais enfin reprendre la compétition, tu as cette fois-ci été stoppé par l’épidémie de coronavirus !
On avait envisagé un retour sur Paris-Troyes car sinon, ça décalait encore la reprise de deux semaines… Et effectivement, cette reprise n’a pas pu avoir lieu pour les raisons évidentes que l’on connaît tous. Je suis sur la lancée de ma blessure, mentalement. En fait, c’est assez curieux mais j’ai l’impression d’être en entraînement perpétuel car il faut englober ma fin de saison 2019, chez Interpro, qui était également spéciale. J’ai l’impression de naviguer à vue sans objectif depuis le Championnat de France 2019. Je commence à me faire à ce sentiment. Je relativise.
Comment imagines-tu la suite des événements ?
Pour être honnête, je suis assez pessimiste. Relancer les compétitions sportives n’est pas la priorité de nos sociétés et à juste titre. Je crois qu’on en aura encore pour un bon moment… J’imagine un confinement jusqu’au mois de mai et je me mets en tête qu’il n’y aura pas de courses avant l’été, minimum. Je préfère être pessimiste puis être agréablement surpris par la suite, plutôt que d’être sans arrêt déçu par de nouveaux reports de la période de reprise. Quand je vois qu’une course comme le Tour Alsace, disputée fin juillet, est annulée ça me conforte dans l’idée qu’il ne faut pas être optimiste. Dans ma tête, je suis prêt pour une saison quasi blanche.
« JE VARIE LES SÉANCES DE HOME-TRAINER ET LES JOGGING »
Comment as-tu vécu les premières semaines de confinement ?
Je me débrouille (sourires). Je ne sais pas si Paul Sauvage était sérieux (lire sa carte postale) mais en tout cas, je ne suis pas loin de ça... Je suis casanier et je n’ai pas une vie sociale très développée alors pour être honnête, je ne dois pas faire partie de ceux qui vivent le plus mal le confinement. Le plus perturbant, c’est de ne pas pouvoir rouler sur la route et de ne pas avoir de perspectives concrètes et d’objectifs ciblés à terme. C’est perturbant.
Qu’en est-il en terme de pratique sportive ?
Je varie les séances de home-trainer et les jogging en extérieur ; ça fait du bien et ça permet de s’aérer l’esprit, en respectant les limitations imposées par le gouvernement car on doit tous faire des efforts. J’ai pris l’habitude de courir à pied depuis de nombreux mois. J’avais d’ailleurs disputé deux trails l’automne et l’hiver dernier. J’ai aussi fait un 10 km, en quelque chose comme 33’15” - 33’30”, pour les spécialistes, et un semi-marathon en 1h12, de mémoire. C’est agréable de varier les activités. Le semi-marathon, c’est quelque chose que je voulais découvrir. Je suis content de l’avoir fait une fois. Pour le reste, je n’ai pas vraiment le temps de m’ennuyer, en fait. D’ailleurs, j’ai une pile de bouquins qui m’attend - photo ci-dessous - et je ne sais pas si j’aurai le temps de tous les lire pendant le confinement (rires). Entre les livres graphiques et les ouvrages de physico-chimie alimentaire, il y a de quoi faire !