C’est un visage familier de la Bretagne, pourtant avec un maillot peu connu des pelotons qui s’écharpent habituellement sur les terres de l’ancienne Armorique, qui faisait son retour à la compétition à la Ronde du Porhoët. Gaëtan Lemoine a pourtant été plutôt discret, et a préféré attendre le lendemain, à Saint-Sulpice-les-Feuilles, pour montrer ses couleurs rouges de l’Occitane Cyclisme Formation, qu’il a rejoint cette année. "Les sensations n’étaient pas trop mauvaises, j'ai essayé dès le début d'être dans les coups. À la mi-course j'espérais que les costauds fassent la course, que ça sorte, et qu'on soit un groupe de 15 pour aller assez loin. Mais j'ai bien vu que ça contrôlait. J'ai pris du plaisir, c'est l'essentiel". Intenable, il a tenté à plusieurs reprises sa chance, mais sans succès. Avant de terminer tranquillement à une place anecdotique.

Ce week-end était synonyme de vrai premier enchainement pour lui depuis cet hiver, lorsqu’il avait eu un accident à vélo dans un rond-point. Bilan : une luxation acromio-claviculaire avec un ligament sectionné (lire ici). "Je me suis fait poser un ligament synthétique, et j'ai eu un mois et demi d'arrêt avec la rééducation. J’avais à cœur de courir et me jauger depuis la reprise. Je n'ai pas énormément de bornes, mais ce sont deux belles journées qui mettent assez en rythme pour la suite. J'espère qu'il y aura de l'amélioration d'ici un mois ou deux. Ça fait plaisir d'être offensif dès le retour". Le week-end dernier, il a fallu composer avec la dimension psychologique d’une telle blessure. "Je n’ai eu aucune appréhension. Même ce week-end dans le peloton, quand ça frottait, je n'en avais pas. J'avais un peu peur de ça, de ne pas être à l'aise. Finalement j'ai fait le boulot pour ne pas avoir de handicap dans ma vie de tous les jours, et sur le vélo je n'ai pas de problème non plus donc c’est nickel !".

« C’EST ENCORE UN NOUVEAU CHANGEMENT »

Multiplier les efforts durant le week-end a ainsi permis à l’ancien coureur de Loudéac et de Dinan de retrouver un rythme de course. "Sur des parcours comme ça, ce n’est pas évident. Je ne suis pas capable de faire la différence sur les meilleurs en fin de course, mais ça revient gentiment. J'ai fait le taff jusqu'ici à l'entrainement, ça n’a pas l'air trop mal. C'est pour ça que j'étais offensif, ça fait bosser les changements de rythme". Désormais installé dans la région toulousaine, Gaëtan Lemoine doit s’habituer aux "week-ends de rush", comme il les qualifie. Notamment quand il s’agit de se rendre dans le Morbihan en avion, la veille au soir d'une course. "Mais l'équipe fait tout pour qu'on puisse courir, on est chanceux là dessus. Ça nous permet de préparer nos objectifs comme le Tour d'Eure-et-Loir. Si on ne court pas et qu’on se retrouve contre des pros qui courent à l'étranger, c'est compliqué".

Après dix ans en Bretagne, bien qu’il soit originaire de Chartres, le coureur de 26 ans a opéré un dépaysement total en rejoignant le sud de la France. "Ça dépayse, mais j'ai toujours pas mal bougé. C'est encore un nouveau changement. Au début je voulais partir à l'étranger, puis le covid a fait que je suis resté, mais le sud est un coin sympa". Un changement de cap qu’il doit à une opportunité de travailler avec une société connue de l’univers vélo. "L'an dernier j'ai fini mes études, j'ai trouvé du boulot dans la région toulousaine, d’où le changement de vie et de club. Je bosse à Otakam qui est partenaire de l'OCF. Mon collègue de boulot, Romain Malbreil, est aussi à l’Occitane. Ils ont trouvé les mots pour me remotiver, car j'avais un peu arrêté le vélo avec le covid l'an dernier. Et là, c'est reparti !", se réjouit-il.

« JE PENSAIS ARRÊTER LE VÉLO »

Lors de ses récentes années, l’ancien 7^e du Tour de la Manche a croisé la route du VC Pays de Loudéac, structure réserviste d’une formation professionnelle, B&B Hôtels p/b KTM. Mais la différence n’est pas si grande avec une formation promue l’année passée en N1. "Cette année l'Occitane s'est bien structurée, niveau logistique, matériel, encadrement… Ils se rapprochent de ce qui se fait de mieux en N1. J'ai retrouvé l'esprit familial de Dinan ou Cholet. Avec de très bonnes conditions pour le haut niveau". Mais ses objectifs sont loin des portes du monde professionnel. "Je veux me faire plaisir, j'ai passé une année 2020 compliquée. Avec les études terminées, je pensais arrêter le vélo, mais je ne savais pas trop, car ça dépendait du travail que j'allais trouver. Mais j'ai du temps pour rouler, j'ai repris du plaisir après cet hiver. Donc l'idée, c'est du plaisir à fond et apporter mon expérience aux plus jeunes". Gaëtan Lemoine est sur la bonne voie.