La Swiss Racing Academy à l'heure de Tokyo
Les têtes sont encore à la route, pourtant les pistards attendent avec impatience l’échéance olympique cet été. Pour Tokyo, l’équipe de Suisse a choisi ses six représentants pour se tirer la bourre dans le vélodrome japonais (voir ici). Parmi eux, trois coureurs de la formation Swiss Racing Academy seront du voyage : Robin Froidevaux, Cyrille Thièry et Théry Schir. Au départ de la poursuite par équipes, de l’Omnium et de l’Américaine, un coureur de la liste devra regarder ses compatriotes depuis l’œil du vélodrome, en tant que remplaçant. "Le remplaçant à désigner se fera sur les derniers jours sur place, explique Robin Froidevaux. Tout s'est bien passé, c'est le moment de se préparer. On vient sur la route pour courir sur route certes, mais aussi en préparation des Jeux. Ça fait d'une pierre deux coups. Le but est de faire des résultats sur route en améliorant la forme pour les Jeux".
Aligné sur le Tour d’Eure-et-Loir, puis l’Alpes Isère Tour, deux courses par étapes en l’espace de dix jours, Robin Froidevaux a participé à la première citée avec Cyrille Thièry et Théry Schir, ses deux coéquipiers de la formation Continental et appelés pour le Japon. "Je pense qu'on est une équipe compétitive, c'est équilibré sportivement. Je raisonne pour arriver à 100%, comme les cinq autres. Et puis si sportivement il y a plus fort et qu'on prend ma place il n'y aura pas de regrets. J'ai envie qu'on fasse le meilleur temps pour l'équipe, c'est l'envie qu'on a tous", synthétise Cyrille Thièry, au sujet de la poursuite par équipes. Théry Schir a lui des ambitions plus personnelles. "Contrairement aux autres je suis concentré sur l'Omnium et la Madison, donc je n'ai pas cette pression de la sélection en poursuite. Je suis plutôt remplaçant de Robin au départ. Ce serait bien de faire la poursuite, mais c'est difficile de tout faire. Je préférerais Omnium et Madison".
« C’EST UNE PETITE FIERTÉ »
Focalisé sur la poursuite, Cyrille Thièry garde les pieds sur terre. "On a été capable de faire de très bons temps mais il manque un petit quelque chose pour être au niveau des meilleurs. Si tout va bien on peut être au niveau de la petite finale ou 5e place. Ce sont les Jeux, tout le monde rêve un peu. Tout le monde veut passer une marche supplémentaire mais il faut être réaliste". Lui aussi membre de l’équipe de poursuite, Robin Froidevaux jouera sur plusieurs fronts. "On ne sait jamais d'ici les Jeux mais avec la forme du moment en plus, je devrais être dans les cinq. Avec Théry (Schir), on fait l'Américaine, ça fait un moment qu'on court ensemble". Son coéquipier parle justement de leur paire. "On a toujours fait partie de ceux qui font la course sans arriver à tirer leur épingle du jeu. Mais je pense qu'avec un peu de travail on peut espérer un exploit sur des JO. En allant chercher un Top 5, voire une 3e place. Même si des équipes sont au-dessus, c'est une course particulière".
Coureur le plus expérimenté des trois, Théry Schir a déjà participé à la poursuite aux Jeux Olympiques de Rio. "Je ne sais pas si j'aurai un avantage, mais ce qui est différent c'est l'engouement autour. Au niveau de Swiss Olympic et des médias, il y a plus d'intérêt. Mais sinon ça reste une course normale. À Tokyo on ne sera sans doute qu’entre coureurs sur piste, loin du village olympique. Donc ce sera comme une Coupe du monde". Cyrille Thièry avait lui aussi été du voyage au Brésil, mais pour combler un forfait. "Je n'aurais pas dû aller au Brésil car j'avais remplacé Stefan Küng au dernier moment, qui était tombé au Championnat de Suisse. C'est différent là. Il y a tout le processus, je suis là depuis le début des qualifs. J'y ai participé et je suis sélectionné, je n'arrive pas au dernier moment. C'est une petite fierté d'avoir réussi à qualifier l'équipe et de maintenant faire la prépa pour les Jeux".
« L’EXCITATION EST ENCORE MONTÉE »
Le véritable débutant s’appellera donc Robin Froidevaux, qui a hâte de découvrir la plus grande compétition internationale de sport. "Ce seront des Jeux un peu spéciaux mais il y a une grande excitation. On attend depuis longtemps. Avec une année de plus d’attente, l'excitation est encore montée ! Maintenant on n'attend que ça". Une excitation toujours présente pour Théry Schir, malgré son expérience au Brésil. "Depuis que je suis petit, les Jeux me font rêver, plus que les courses sur route. C'est un bel accomplissement, je suis assez fier d'y retourner. Ce n'est pas un objectif à atteindre dans ma carrière, mais quelque chose que j'espérais réaliser. Maintenant je compte faire mieux que la 8e place de Rio". Notamment dans un pays aussi particulier que le Japon. "C'est un pays que j'apprécie, la culture et tout ce qui l’entoure, je me réjouis d'aller là-bas", sourit Robin Froidevaux. Une première aussi pour Théry Schir, avec la même impatience de découverte.
Cyrille Thièry est lui plus connaisseur du pays asiatique. "Avec le VC Mendrisio, on faisait souvent le Tour de Hokkaido. C'est une culture différente, mais avec la Covid on ne sait pas ce que ça va donner, on aura peu d'interaction avec les gens. C'est un peu dommage, ça va donner des JO particuliers". Mais un voyage entre copains pour les trois coéquipiers de la Swiss Racing Academy. "Avec Théry on est du même club, on court ensemble depuis une dizaine d'années, reprend Cyrille Thièry. On est proches aussi avec Robin. On est coéquipiers mais plus que ça aussi, ça fait plaisir d'y aller avec des bons amis". Théry Schir paraphrase son compatriote. "Ça fait des années qu'on est tous ensemble, avec les autres aussi. Il y a une très belle ambiance, la cohésion est bonne et ça marche bien". Avant de basculer dans les vélodromes, les pistards suisses montent en pression. Et si l’aspect sportif sourit, pourquoi ne pas espérer que l’aube ait quelques teintes dorées au pays du soleil levant.