Florent Castellarnau : « Ils n’élisent pas le plus combatif ? »

Crédit photo Zoé Soullard / DirectVelo

Crédit photo Zoé Soullard / DirectVelo

Pour certains, c’était peut-être bien le plus fort du Championnat de France Amateurs, ce samedi. Intenable une bonne partie de la course et présent à l’avant jusqu’au bout, Florent Castellarnau n’est pas parvenu à conclure sa journée de la plus belle des manières en allant chercher le titre, ou ne serait-ce qu’un podium. Le Biterrois du Team Pro Immo Nicolas Roux a en effet dû se contenter de celle que l’on considère souvent comme la pire des places, la 4e (voir classement). DirectVelo a recueilli la réaction de l’Occitan de 27 ans après l’arrivée.

DirectVelo : Tu as réalisé un très gros Championnat de France !
Florent Castellarnau : Quand je suis ressorti tout seul dans le dernier tour, je me suis dit qu’au pire, même si je me faisais reprendre, au moins je serais déjà devant. C'est tellement aléatoire, un Championnat de France... Je les fais depuis 2015 et je n'ai jamais pris une échappée de ma vie. Aujourd'hui (samedi), je les ai toutes prises. Je pense que j'ai pris le circuit dans le bon sens. Je ne suis pas un gars de Championnat, je n'aime pas ces circuits-là. Mais aujourd'hui, j'étais en confiance. Mon entraîneur m'a vraiment mis en confiance. Il croyait beaucoup en moi, comme toute ma famille et mes proches. J'avais envie de me faire plaisir. Je n'avais pas envie de calculer, parce que sur ces courses, on calcule trop. Le maillot, pas le maillot... Moi j'en ai rien à foutre du maillot. J'étais là pour me faire plaisir. Si on commence à trop calculer, on ne fait plus de vélo. Je n'ai rien calculé et je me suis fait plaisir.

On t’a vu te démultiplier à l’avant en enchaînant les relances et les accélérations…
J'ai fait deux tours tout seul, puis je suis reparti dans le dernier tour... Je savais exactement où il fallait attaquer. Ce n'était pas dans la bosse, mais à 500 mètres de la ligne, là où c'était le plus raide. À chaque fois, c'est là que je sortais. Il n'y avait aucun souci pour ça (« Alors, on n’a pas fait le show ? Eh ouais… Qu’est-ce que tu veux… Il y en aura d’autres à gagner », lance-t-il à un proche venu le saluer, NDLR).

« J’AVAIS ENVIE DE ME FAIRE PLAISIR, DE FAIRE LE SHOW »

Et au sprint, que s’est-il passé ?
Je savais que j’allais être battu parce que je n'ai pas de pointe de vitesse. J'ai vu que j'étais avec des mecs qui allaient vite. (Axel) Mariault, il va vite. (Paul) Lapeira aussi. Louis Richard, il a de la puissance. Moi, je n'ai pas encore assez de puissance. Il m'en manque encore un peu. J'ai hésité à attaquer aux 500 mètres. J'aurais peut-être dû le faire comme lors des tours précédents. Mais je me suis dit, celui qui lance, il a perdu (rires). Au final, j'étais bien placé, mais je ne suis pas assez puissant. Finalement, j'aurais préféré une arrivée plate. Sur une arrivée en faux-plat montant, je suis léger, mais je ne suis pas assez puissant. Ils n’élisent pas le plus combatif de la course ? (rires).

Es-tu fier de ta course ?
Oui, trop fier ! J'avais envie de me faire plaisir, de faire le show. Un Championnat de France, c'est ça. Il faut être en forme. Pour faire ce que j'ai fait, je pense qu'il faut sacrément marcher. Je marchais. Je me suis fait plaisir. Et puis tout était possible. Si ça s'était regardé un peu plus, peut-être que je vais au bout dans le dernier tour sans que les trois ne reviennent sur moi. On ne sait pas. Si je bascule au sommet de la bosse avec dix secondes d'avance, ils rentrent trop tard et je vais au bout... Moi, j'ai besoin de ça, de partir de loin et de faire des numéros. Et quand je marche, c'est comme ça que je dois courir, c'est tout.

« JE N’AI PAS CRU EN MOI PARCE QUE JE SAIS TRÈS BIEN QU’AU SPRINT, JE NE SUIS PAS UN CHAMPION »

Ce sera l’un de tes plus beaux souvenirs sur le vélo ?
Oui, franchement, même si je n'ai pas gagné, c'est un beau souvenir. Les Championnats de France, je déteste ça. Les Championnats régionaux, je déteste aussi. Quand je dois courir en circuit, je n'arrive jamais à le prendre dans le bon sens... Et là, du départ à la fin, j'étais dans les dix. Tous les tours, avant la bosse, je prenais un peu d'avance avec Romain Bacon, et on attaquait la bosse pépère. Je n'ai pas monté une seule fois la bosse à bloc. Du coup, j'arrivais frais aux 500 mètres, je mettais ma petite cartouche. Quand j'avais Clément (Jolibert) devant, je n'avais qu'à suivre, j'étais royal. Dès qu'on l'a repris, j'ai mis ma cacahuète. J'avais prévu avec mon entraîneur de faire un raid devant, parce que c'est comme ça que je cours. Je pensais être accompagné par deux ou trois gars, mais en fait je suis parti tout seul. J'ai fait deux tours comme ça, pas de regret.

Puis tu es ressorti, encore, dans le dernier tour…
Je me suis dit pareil : « c’est pas grave, tu sors ». De toute façon, après, c'est trop aléatoire. Du coup, j'étais déjà devant. J'aurais juste aimé qu'il n'y en ait que deux qui rentrent. Comme ça, on aurait fait le podium tous les trois. Là, à quatre, je n'ai pas cru en moi parce que je sais très bien qu'au sprint, je ne suis pas un champion. Je n'ai pas cru en moi pour le final, pourtant j'ai été malin. Je ne passais pas. J'en avais beaucoup fait. Je pensais avoir fait la course parfaite. La médaille en chocolat, je la mangerai, c'est pas grave. Au moins, je me suis régalé.

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