Stefan Bennett : « Il faut être prêt à perdre pour gagner »
Sorti de Saint-Brieuc Agglo Tour bredouille, Stefan Bennett était resté sur sa faim, ce week-end, dans les Côtes d’Armor. Alors ce lundi, il a voulu s’aligner au Circuit des 2 Provinces-Le Pertre pour satisfaire sa soif de victoires. Et c’est chose faite. En Ille-et-Vilaine, il a pris sa revanche en triomphant dans un sprint à deux, après 30 kilomètres d’échappée avec sa victime du jour, Mathis Le Berre (voir classement). Le coureur du Team Pro Immo Nicolas Roux revient avec DirectVelo sur sa course, et son week-end plus globalement, depuis l’épreuve par étapes autour de Saint-Brieuc.
DirectVelo : Toi qui cumules déjà plusieurs succès, celui-ci a-t-il une saveur particulière ?
Stefan Bennett : Toute victoire est belle, c'est compliqué de gagner dans le vélo en globalité. Des accessits, tout le monde en fait, mais « taper » des victoires c'est quelque chose, et des moments qu'on oublie jamais. C’est particulier aujourd’hui puisque c’est le jour de l'anniversaire de ma grande sœur. Je ne l'ai pas encore appelée. Mais je voulais attendre ce soir parce que je voulais en gagner une ce week-end, j'étais frustré de ma course à Saint-Brieuc Agglo Tour.
Comment as-tu négocié pour t’imposer ce lundi ?
Une course comme ça est toujours compliqué à lire. C'était la troisième fois que je venais, j'avais fait 10 et 5. J'avais dit ce week-end que si je n'arrivais pas à gagner à l'Agglo Tour, ça pouvait être sympa de gagner au Pertre. Donc je voulais en gagner une, ça tombe aujourd'hui (lundi). On avait une équipe forte. Un peu moins en quantité par rapport aux grosses armadas bretonnes, mais on a bien réussi à courir, et on met au fond, c'est top.
« JE LUI AI DIT QUE S’IL VOULAIT LA GAGNER, QU’IL AILLE LA CHERCHER »
As-tu profité de ton expérience de l’épreuve ?
Ça a couru différemment des autres années. Là, le peloton amateur se professionnalise. Sur les années précédentes on aurait continué à faire boum-boum. Là c'était un peu plus bridé, les équipes roulaient. Ça ne court pas pareil, chaque course est différente chez les Amateurs. On partait de très loin à deux, mais j'avais des coéquipiers derrière donc ça a joué en ma faveur. On n'était pas nombreux au départ mais on était fort. On devait gérer le début de la course et ne pas laisser un gros groupe partir sans nous. Là ça aurait été compliqué, on ne pouvait pas assumer le poids de la course. Mais la petite échappée de huit nous a facilité l'affaire puisqu'on savait que dans la deuxième moitié on serait à notre avantage. Ça s'est passé comme sur des roulettes.
Comment as-tu géré ce final à deux face à Mathis Le Berre ?
Je savais qu'il avait gagné hier (dimanche), et j'avais vu que j'avais deux coéquipiers derrière. Rapides en plus. Même si j'ignorais qui était avec eux. Je me savais très rapide sur une arrivée comme ça. Et que Mathis ne me connaissait pas du tout sur une telle arrivée. Donc je lui ai dit qu'il était plus rapide que moi et que s’il voulait la gagner, qu'il aille la chercher. Avec le vent de face, je savais que si je lançais quand je le voulais, personne ne me rattraperait, donc j'étais assez confiant. Mais après 40 kilomètres d'échappée à deux, on ne sait jamais comment ça peut se terminer. Donc je pense que j'ai bien joué puisque j'ai gagné. Si j'avais fait deux, j'aurais peut-être regretté. J'ai décidé de jouer comme ça, et je pense qu'il est un peu sorti de son truc quand il a vu que je ne passais plus à deux kilomètres. Il a dû penser qu'on allait être repris. Il faut être prêt à perdre pour gagner une belle course comme ça.
« J’AIMERAIS AVOIR UN COUP DE FIL »
C’est une nouvelle victoire à ton palmarès, toi qui prétends encore à passer professionnel…
On me dit à chaque fois que ça peut compter pour passer à l'échelon supérieur. Puis on me dit que je dois peut-être gagner ça ou ça. J'en ai déjà dix depuis un an. J'ai trois victoires en Coupe de France N1, je ne sais pas ce qu’il manque. Je me fais plaisir, mais c'est sûr que j'aimerais bien découvrir autre chose et peser dans le monde professionnel. Je pense que j'ai les qualités de grimpeur qui peuvent servir à une équipe. Ce n’est pas que personnel. Je n'attends que ça, les équipes me connaissent pas mal. J'aimerais avoir un coup de fil. J'avais dit la même chose après ma troisième victoire en Coupe de France (à Arbent-Bourg-Arbent, NDLR). C'est tout ce que je souhaite, qu'on me donne ma chance.
Depuis deux ans, tu sembles dans le pic de ta carrière !
C'est ma quatrième victoire en Elite cette année, et je vais enchainer pas mal. J'ai la Coupe de France dans ma tête (le Grand Prix de Fougères, NDLR), ça pourrait être beau d'en gagner quatre, en un an. Je prends tout ce qui vient comme du bonus. Et si ça paie tant mieux. Chacun a son histoire. J'ai commencé le vélo assez tard. Je n'ai pas fait d'années Espoirs, j'ai commencé après. Mon père faisait du vélo, moi du basket. Alors j'ai commencé le vélo et ça a pris. C'est pour ça que je gagne à 29 ans, mais je pense avoir encore des choses à faire dans le vélo.