Un 10/10 pour une Conti Groupama-FDJ en construction
Le briefing au sein de la Conti Groupama-FDJ était clair ce vendredi matin : Jensen Plowright devait être le sprinteur de l’équipe à l’occasion du Youngster Coast Challenge (1.2U). “Sur les premières courses, c’était un petit peu compliqué de se trouver, que ce soit au Monseré ou au Samyn. On savait qu’on allait être capable de jouer avec les meilleurs sur les courses Espoirs mais il fallait s’accorder. On avait fait 3 et 4 du sprint à Rucphen. On s’était dit que cette fois, il fallait définir un ordre qui a été respecté. La priorité était pour Jensen”, explique clairement le directeur sportif Jérôme Gannat.
Alors, Paul Penhoët - qui a déjà joué sa propre carte à plusieurs reprises depuis le début de la saison - ne s’est pas posé la moindre question au moment de se dévouer pour son coéquipier, lequel est également son colocataire depuis l’arrivée de l’Australien dans la formation tricolore (lire ici). “Tout s’est bien passé, toute l’équipe a bien travaillé et on a bien conclu le travail. Je devais le lancer après le virage, aux 300 mètres. Au final, on a fait le trou et j’ai réussi à faire 2e aussi (voir classement). Ce n’était pas le plus important mais c’est top pour Jensen. Il a débordé aux 100 mètres, c’est super. Il fallait que ça tourne, c’est le cas et c’est top”, relate le sprinteur français de 20 ans. La satisfaction de Paul Penhoët était totale après l’arrivée. “Faire 1 et 2, c’est top ! Le contrat est rempli, c’est super ! C’est un 10/10”. Il peut en effet être heureux : tout en respectant à la lettre les consignes, il est également parvenu à prouver qu'il aurait été, lui aussi, capable de gagner s'il avait joué sa propre carte. Une sorte de deux en un particulièrement efficace.
LES CONSIGNES ONT ÉTÉ RESPECTÉES
Bien évidemment, Jensen Plowright était au moins aussi heureux que son poisson-pilote du jour au moment de répondre à DirectVelo, quelques minutes après l’arrivée. “Cette fois, c’était à mon tour de jouer ma carte et j’en ai profité pour mettre la balle au fond. C’était un bon sprint pour moi. J’aime quand la course a été dure au préalable, avec du vent ou des bordures. J’aime moins les sprints en faux-plat car je suis assez lourd. En tout cas, on a une équipe très solide et on l’a montré”. Et lorsqu’on lui demande lequel des deux sprinteurs est le plus rapide, « l’Aussie » ne se laisse pas déstabiliser : “arf… Je pense que Paul et moi allons aussi vite l’un que l’autre. Le plus important, c’est de tourner”.
Tous deux en sont persuadés, collaborer du mieux possible sans vouloir faire sa course chacun de son côté sera, tout au long de la saison, le meilleur moyen de scorer. “On sait qu’on va se renvoyer la balle toute l’année. Si on veut espérer pouvoir beaucoup gagner cette année, il faut se partager les rôles et pas toujours rouler pour le même sprinteur”, témoigne le Français. L’efficacité d’une tactique claire et limpide a été démontrée ce vendredi. “Il a vraiment bien suivi ma roue même si ça frottait pas mal. Ça bataillait derrière moi car certains pensaient que j’allais être le sprinteur de l’équipe mais il s’est fait sa place”, insiste Paul Penhoët.
TÂCHE DE RESTER SUR LE MÊME ÉTAT D’ESPRIT À L'AVENIR
Lors de la cérémonie protocolaire, Paul Penhoët et Jensen Plowright ont affiché une belle complicité et ont invité leur directeur sportif à monter sur le podium avec eux. Ce qu’a refusé un Jérôme Gannat très satisfait du comportement de ses hommes sous le soleil de la station balnéaire belge. Car il l’assure, tout le monde a bien respecté les consignes et son rôle prédéfini. “Laurence Pithie est important pour placer les sprinteurs dans le dernier kilomètre puis Paul devait lancer au virage. Avec le vent de dos, il a pu continuer sur sa lancée et faire sa place. Avant ça, on a roulé toute la journée avec Joe (Pidcock) et Reuben (Thompson). On savait qu’il n’allait pas être facile de contrôler mais on voulait faire en sorte d’arriver groupé sur le circuit”.
Si l’ancien technicien du CC Étupes est satisfait, il n’est pas question de s’enflammer pour autant et de voir ses sprinteurs comme les meilleurs mondiaux de la catégorie U23. Certes, tous les espoirs sont permis avec ce qui a été réalisé ce vendredi. Mais prudence, sagesse et humilité doivent rester les maîtres-mots. “Même si on fait des watts à l’entraînement, le plus important, c’est de performer en course. Sur le papier, il y a une très bonne équipe, c’est sûr. Maintenant, il faut construire une équipe”. Et s’assurer que chacun s’épanouisse dans son rôle, d’une course à l’autre. Une chose est sûre : la Conti Groupama-FDJ aura régulièrement plusieurs options en cas d’arrivée groupée. “Paul, on sait depuis longtemps qu’il est rapide. On découvre aussi la pointe de vitesse de Jensen chez nous cette année, appuie Jérôme Gannat. Si on regarde ses résultats de l’an dernier, il avait beaucoup de places mais pas de victoire. Il a dit qu’il voulait un train car il se sentait capable de gagner en étant bien emmené”. Et il l’a prouvé sur les routes belges.