Benoit Cosnefroy : « Ils auraient pu attendre un peu »
En venant sur l'Amstel Gold Race, le directeur sportif d'AG2R-Citroën Julien Jurdie avait défini un objectif de Top 10 au briefing ce samedi. Cette ambition ne convenait pas à son leader Benoit Cosnefroy. "Il m'a dit que ça ne suffisait pas et qu'il voulait plus. J'avais bien compris ce message. Ce matin, j'ai précisé aux gars qu'ils ne devaient pas hésiter et qu'il y avait tous les chiffres de 1 à 10 de disponibles. Benoit est dans une optique de gagneur, de ne pas se mettre de barrière. Honnêtement, le voir acteur comme ça sur une course, ça me fait plaisir". Et pour preuve, Benoit Cosnefroy a terminé 2e de la Classique néerlandaise (voir le classement), battu d'un boyau dans un sprint à deux par le Polonais Michal Kwiatkowski (INEOS Grenadiers). Le Normand revient sur sa prestation pour DirectVelo.
DirectVelo : On t'annonce gagnant sur RadioTour et finalement, tu es classé 2e après examen de la photo-finish. Quel ascenseur émotionnel !
Benoit Cosnefroy : Quand je passe la ligne, je ne savais pas du tout si j'avais gagné ou si je faisais 2e. Quand j'arrive dans la zone avec les soigneurs, j'entends qu'on m'a annoncé vainqueur et j'explose de joie. C'est au moment d'arriver au podium qu'on me dit que je fais 2e. Du coup, c'est redescendu... J'ai vu la photo, il n'y a pas de doute possible. Je pense que les commissaires, avec les moyens à disposition à l'heure actuelle, auraient pu attendre un peu avant de m'annoncer vainqueur sur RadioTour.
Quel sentiment prédomine maintenant ?
Avec le recul, je suis content de ce podium. J'aurais pu gagner l'Amstel Gold Race. Ça s'est joué pour un gros boyau. Félicitations à Michal Kwiatkowski pour sa victoire. Je suis heureux pour moi et le collectif. J'ai fait une course presque parfaite. Je me suis mis en position de gagner. Je suis tombé sur un Michal Kwiatkowski et c'est le jeu. C'est un succès que je cherche, une Classique en WorldTour. Ce n'est pas encore pour cette fois. Le 2e, on ne s'en souviendra pas. J'avais espéré qu'il ait plus mal aux jambes que ça et qu'il n'aurait pas su se lever de la selle, mais il a trouvé les forces pour me battre.
UN KWIATKOWSKI PLUS CALCULATEUR
Comment s'est passée l'entente dans le final avec Michal Kwiatkowski ?
J'appuyais plus fort sur les pédales. Je roulais vraiment pour le podium tandis que Michal Kwiatkowski calculait un peu plus. Il avait une carte derrière avec Thomas Pidcock. Mon jeu était d'arriver avec lui au sprint. J'ai vu qu'il avait du mal dans les monts. J'espérais qu'il ne soit pas au top. Quand je me suis lancé dans la bataille pour aller le chercher, j'ai abattu toutes mes cartes alors que lui avait pour but de faire travailler les autres. Nous n'avions pas la même stratégie. Toutefois, je me sentais vraiment fort. Je me disais que je pouvais l'emporter quand même. Au final, la différence est très mince. Ma stratégie n'était pas complètement folle.
Aurais-tu pu t'y prendre autrement sur ce sprint ?
J'aurais pu lancer un poil plus tard. Je pensais vraiment être plus fort que lui. Un sprint long dans le vent, j'estimais que c'était le bon choix de partir de loin, mais en fin de compte pas du tout.
« CE N'EST PAS LA FIN DU MONDE »
On te sent très serein. Tu arrives déjà à relativiser cette défaite...
Si je commence à pleurer après un podium, il faut que j’arrête le vélo. C'est dans ma nature, c'est ma force, c'est ma façon d'être, ça m'aide dans les moments difficiles dans la vie comme dans le sport de haut niveau. Ce n'est pas la fin du monde non plus.
Quel est ton programme des prochaines semaines ?
Mercredi, je serai à la Flèche Brabançonne. Ensuite, j'enchainerai avec la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège. Le fait que les Ardennaises soient réparties sur deux semaines ne change rien pour moi.