7h de train et 50 kilomètres de course pour Heather Petrick
Heather Petrick a passé plus de temps dans les transports qu'en course, ce lundi, à la Ronde de Mouscron (voir classement). La sociétaire de JEGG-DJR Academy a chuté après quinze kilomètres, avant d'être arrêtée par les commissaires à la fin du deuxième des cinq tours de 25 bornes. "J'ai attendu la voiture et ça a pris du temps pour réparer le vélo. Puis, une coéquipière est tombée, et ensuite, une autre a crevé, c'était un peu la misère", déplore-t-elle au micro de DirectVelo. Ça ne l'a pas empêchée d'enfourcher à nouveau sa bicyclette pour faire un décrassage avec sa coéquipière Larissa Hartog. Occupée, elle n'a pas vu le sprint victorieux de son autre coéquipière Thalita De Jong (la Néerlandaise roule jusqu'au 1er juin au sein de ce club avant de rejoindre la WorldTeam Liv Racing Team). "Nous sommes arrivées trop tard. Elles ont roulé plus vite que l'horaire le plus rapide, mais ensuite, nous avons eu un message comme quoi elle avait gagné".
UN RÔLE INDIRECT DANS LA VICTOIRE DE THALITA
Pour couronner le tout, elle n'a pas pu la féliciter en personne, car elle devait déjà penser au trajet retour. "Elle était au contrôle anti-dopage. Avec les horaires, il fallait quitter Mouscron. J'avais encore 3h30 de train pour rentrer à Maastricht. Au final, je n'ai vu Thalita qu'au départ". Mais c'est donc avec le sourire que la Canadienne reprenait la route. "Au final, ça fait 7 heures de train sur la journée, 3h30 aller, 3h30 retour et huit trains. Ça en valait la peine. Quelle victoire insensée pour notre équipe. Il n'y avait que trois clubs au départ et nous l'emportons, c'est énorme". Même si elle n'a pas été d'un grand secours à Thalita de Jong, elle a quand même joué un rôle puisqu'elle a permis à son équipe de prendre le départ en étant cinq à la signature. "Nous avons reçu la confirmation de notre présence il y a cinq jours. J'avais déjà des projets de randonnée à vélo au Luxembourg. Je n'ai pas voulu annuler. Donc, j'ai enchaîné deux jours de vélo au Grand Duché et puis Mouscron ce lundi. Ce qui est dommage, c'est que je ne peux même pas dire si j'avais des mauvaises jambes car j'étais trop vite dehors".
Positive, la sportive de 26 ans considère cet abandon comme une étape dans son apprentissage. En effet, elle effectue ses débuts sur la route. Accablée par les blessures, cette ancienne adepte du cross-country en athlétisme s'est tournée vers le cyclisme il y a trois ans. La Canadienne de Toronto devait commencer la route en 2020 dans son pays, mais le coronavirus est venu contrarier ses plans. Par conséquent, elle s'est tournée vers le cyclisme virtuel, notamment sur Zwift. "Le cyclisme me permettait de continuer à réaliser des efforts d'endurance. Ce qui n'était plus possible en athlétisme à cause de mes blessures." La sauce a vite pris au point de battre le record mondial du nombre de kilomètres en 24 heures, en mars 2021. "J'ai fait 933 kilomètres en 24 heures. Malheureusement, mon record n'a pas été homologué dans le Guinness Book, car il faut s'enregistrer douze semaines avant pour valider sa tentative et je ne l'ai fait qu'une semaine et demi avant. Ce n'est pas grave, je reste fière de l'avoir fait". Mais pour elle, ça ne suffisait pas. "Je voulais quelque chose de plus passionnant que d'être toute seule sur mon vélo".
AUX PAYS-BAS POUR SA THÈSE
Heather Petrick a finalement débarqué au sein du club néerlandais JEGG-DJR Academy, grâce à ses études. En mai 2021, elle a déménagé à Maastricht pour continuer son doctorat sur les mitochondries et la façon dont les muscles produisent de l'énergie pendant l'exercice et l'inactivité. "La collègue avec laquelle je travaille m'a présenté le père de son beau-frère qui travaille au sein de l'équipe Espoirs masculine. Et c'est ainsi que j'ai pu les rejoindre." La structure féminine est composée de huit coureuses, Jana Dobbelaere, Roos Prins, Yva Geluk, Yvonne de Vet, Ella van de Pol, Heather Patrick, Larissa Hartog et l'ancienne Championne du Monde de cyclo-cross Thalita De Jong. "Je suis la moins expérimentée de l'équipe mais sur la base des données de puissance, je suis sur le papier l'une des plus puissantes, mais ça ne veut rien dire ici. Je dois apprendre à rouler dans un peloton, à conduire mon vélo sur des courses belges et néerlandaises où le vélo est une seconde nature", reconnaît celle qui n'a pas le temps d'apprendre le néerlandais.
Le train Heather Petrick semble sur les rails, reste plus qu'à trouver le bon aiguillage. "Normalement, je reste encore un an et demi aux Pays-Bas pour finir ma thèse. Si d'ici là, je pouvais maîtriser les rouages du cyclisme en peloton, ce serait super. J'avais terminé une course régionale dans la région de Maastricht en début de saison, mais ici clairement, c'est un pas en arrière, j'espère que ça se passera mieux sur la prochaine course." Elle va disputer ce week-end l'Omloop van Borsele (1.1), avant d'avoir des courses plus à sa portée en mai puisque JEGG-DJR Academy participe aux trois manches belges des Women Cycling Series, le challenge de régularité des fédérations belge et néerlandaise, même si elle devra également rentrer au Canada pour le travail. "Ce n'est pas simple de tout combiner".