Morne Van Niekerk : « C’est une course que j’adore »
Morne Van Niekerk s’est régalé sur les routes du Tro Bro Leon (1.Pro). Sur cette épreuve bretonne si caractéristique et au charme unique, le Sud-Africain a passé une bonne partie de la course à l’avant - près de 120 km d’échappée - avant de jouer avec les meilleurs dans le final pour finalement décrocher un Top 10 à l’arrivée (voir classement). Le coureur de 26 ans, sociétaire de la Conti St-Michel-Auber 93, revient sur sa course pour DirectVelo et en profite pour faire un point général au cœur de sa quatrième saison chez les pros.
DirectVelo : Tu as réalisé une prestation solide lors du Tro Bro Leon, dimanche dernier !
Morne Van Niekerk : Je me suis bien amusé, comme d’habitude (sourire). C’est une course que j’avais en tête depuis un bon moment. C’était un objectif car j’avais découvert l’épreuve l’an passé et elle m’avait beaucoup plu, même si je n’y avais pas eu beaucoup de chance la première fois. Dans la zone de départ, dans le bus, j’ai vu qu’il commençait à pleuvoir. Je me suis dit que ça allait durcir la course et ça me plaisait encore plus. Dans ma tête, le plan était clair : je voulais anticiper en prenant l’échappée. Mais beaucoup avaient la même idée et du coup, ça a mis du temps à sortir. Il n’était vraiment pas facile de prendre “la bonne” mais j’ai réussi à le faire. Forcément, j’ai laissé une première grosse cartouche dans l’histoire mais c’était déjà une vraie satisfaction d’être devant.
« ÇA AURAIT PU FONCTIONNER »
Puis tu as tenu un long moment…
Les jambes étaient bonnes. Quand j’ai vu que l’on tenait, devant, sans être repris, j’ai fini par comprendre que l’on irait loin et qu’il y avait un coup à jouer. Une fois que les favoris sont revenus, j’ai encore été capable de jouer. Malheureusement, au moment de l’attaque décisive, je me suis fait contrer alors que je venais d’en remettre une. J’étais dans le rouge et j’ai hésité un peu trop longtemps avant d’y retourner. C’est dommage car à partir de là, il est devenu trop compliqué de revenir. Je n’ai pas de regrets car en y repensant, je ne vois pas vraiment ce que j’aurais pu faire différemment. Parfois, je fais trop d’efforts et je finis par le payer en fin de course. Mais là, je me suis forcé à courir intelligemment. Sur près de 200 bornes, je ne voulais surtout pas faire d’efforts inutiles. J’ai couru au plus malin et ça aurait pu fonctionner.
C’est ta plus belle performance de la saison à ce niveau…
C’est clairement une course que j’adore et que j’aimerais gagner un jour. C’est un mixte entre les Strade Bianche, le Tour des Flandres et Paris-Roubaix (sourire). Pour cette fois, l’objectif était de faire un Top 10 et c’est une mission accomplie. Je suis content. Pour la victoire, il aurait de toute façon été compliqué de piéger les Arkéa-Samsic. Quand j’ai vu qu’ils étaient cinq dans le final, lorsque c’est rentré, j’ai trouvé ça incroyable ! Ça m'a fait penser à la domination des Pro Immo, en 2018, quand j’étais encore amateur. Là aussi, il y avait des maillots rouge-et-noir de partout (sourire). Il était dur de choisir une roue à prendre. Quand (Connor) Swift attaque, tu dois y aller. Même chose quand (Hugo) Hofstetter contre… Puis (Laurent) Pichon… Ce n’est pas n’importe qui, à chaque fois ! Ils étaient très solides. De mon côté, je pense pouvoir dire que j’ai fait la meilleure course que je pouvais faire, dans ces conditions. Le seul petit bémol, c’est d’avoir peut-être lancé le sprint une seconde trop tôt… Sinon, j’aurais pu éventuellement faire 7e voir 6e…
Tu arrives dans une période de la saison que tu affectionnes tout particulièrement !
Oui, j’aime l’arrivée des grosses chaleurs, ça ne me fait pas peur. Il va y avoir de belles courses comme les Boucles de la Mayenne notamment. Je suis content d’y retourner. Les deux premières étapes sont costaudes, ce sera sympa à regarder. Je compte rester offensif. Normalement, si tout va bien, je devrais garder ce pic de forme jusqu’en juin, avant notre habituelle coupure pendant le Tour de France.
« JE ME POSAIS PLEIN DE QUESTIONS »
Tu disputes actuellement ta quatrième saison au sein de l’équipe St-Michel-Auber 93, tu commences à avoir de la bouteille !
C’est vrai que c’est déjà ma quatrième saison mais 2020 était une saison tellement compliquée après avoir arrêté fin février à cause de la Covid… Puis j’ai été blessé sur la fin de saison. J’ai tellement peu couru que ça ne compte pas vraiment comme une saison. Je me posais plein de questions à ce moment-là. J’ai dû retrouver la confiance, j’ai changé d’entraîneur pour 2021. L’an passé, l’idée était donc d’abord de retrouver du plaisir sur le vélo. À partir de juillet, j’ai senti que j’étais capable d’être là dans le final, j’ai retrouvé les capacités pour lesquelles on m’avait sollicité en 2018. J’ai confirmé les qualités que j’avais pu démontrer plus tôt chez les amateurs. Et pour 2022, je voulais regrouper tout ce que j’ai acquis en 2021 …
Penses-tu avoir encore une importante marge de progression ?
J’ai été rattrapé cinq fois dans le dernier kilomètre. Au Tour Alsace, c’était pendant le sprint, à 200 mètres de la ligne… Je pense, en effet, avoir encore une bonne marge de progression. Je vois d’autres coureurs sud-africains qui arrivent à leur meilleur niveau pas loin de leurs 30 ans. Je pense pouvoir continuer de monter en puissance. J’aimerais bien gagner une course. Ou déjà faire un podium. Mais je rêve surtout de gagner ! Je m’entraine pour essayer de le faire.
Et cela passera forcément par l’offensive ?
Oui, en attaquant, en anticipant. Mais pas que via des échappées matinales. Contrer en fin de course, à 80 ou 50 km de l’arrivée, ça peut aller loin. J’aime bien ce type d’efforts aussi. Mais il faut anticiper. Je n’ai pas les capacités de Maldo (Anthony Maldonado), Flavien Maurelet ou Jason Tesson, la giclette ou le punch qu’ils ont sur la fin de course. De toute façon, j’aime courir comme je le fais. Si ça attaque à 20 km de l’arrivée, dans des bosses, je prends du plaisir à le faire. Il ne reste plus qu’à avoir de la réussite maintenant.