Déjà meurtrie, Simone Boilard est encore tombée
Quelle guerrière ! Simone Boilard démontre décidément un sacré tempérament et une grande force mentale en ce début de Tour de France. La Québécoise, solide 8e sur les Champs Élysées le premier jour, a vécu l’enfer lors de la deuxième journée de course du Tour de France en chutant à deux reprises, dont une gamelle qui l’a violemment projetée au sol dans le final. À l’arrivée, la carte maîtresse de l’équipe St-Michel-Auber 93 était apparue très marquée et c’est en pleurs qu’elle avait quitté la zone d’arrivée, râpée sur tout le côté droit et cuissard déchiré sur toute la cuisse droite, tant la chute avait été violente. Ce mardi, elle a encore connu des malheurs mais a tout de même été le meilleur élément de son équipe à l’arrivée - dans le même temps que Coralie Demay -, aux portes du Top 30 (voir classement). “Ça s'est bien passé dans un premier temps, je me sentais bien mais j’ai eu un flat (une crevaison, NDLR) dans le final, en bas de la Côte de Mutigny. J’ai monté Mutigny avec la roue crevée et une fois à la bascule, cette crevaison m’a fait perdre l’équilibre et je suis encore tombée”.
Mais pourquoi la Canadienne n’a-t-elle pas attendu d’être dépannée ? Un moment de panique, un manque de lucidité ? Non. “La voiture était trop loin alors Charlotte (Bravard) m’a dit de continuer avec cette roue-là… C’est dommage car j’aurais pu mieux finir l’étape. Je suis déçue de cette étape comme j’étais déjà déçue de celle de la veille”, raconte celle qui n’a pas non plus pu compter sur l’aide du service de dépannage neutre, également très pris au milieu d’un peloton morcelé à ce moment-là de la course.
DES RÊVES DE MAILLOT BLANC VITE ENVOLÉS
Alors que le sort s’acharne et que les pépins s’accumulent, la Nord-Américaine de 22 ans ne désespère pas de connaître des jours meilleurs. Mais elle a conscience de ses limites actuelles malgré une belle abnégation. “C’est difficile de rentrer dedans et d’être compétitive lorsque tu es diminuée physiquement. Je ne suis pas arrivée en étant l’une des plus fortes de ce peloton. Alors, si en plus, je ne suis pas à 100%, ça devient forcément très compliqué. Mais j’essaie quand même de me battre et de prendre un jour à la fois, en oubliant ce qu’il s’est passé auparavant (lundi)”.
D’autant qu’il y a tout de même des motifs d’espoir pour Simone Boilard, qui ne risque pas d’oublier son prestigieux Top 10 inaugural, à Paris. “Après la première étape, je me suis un peu emballée. En étant deuxième meilleure jeune (derrière la Néerlandaise Maike van der Duin, NDLR), j’ai imaginé pouvoir prendre le maillot blanc le lendemain. Mais il faut être réaliste. Les choses se sont bien compliquées depuis mais d’un autre côté, sans cet incident mécanique et cette nouvelle chute, je ne sais pas ce que ça aurait pu donner car, encore une fois, je n’étais pas si loin”. Bien que meurtrie dans sa chair, Simone Boilard prend date pour l’avenir.