Après le titre en relais mixte, Titia Ryo n’a pas perdu la main. La Bretonne s’est adjugée le titre sur la course en ligne Juniors femmes (voir classement). Une grande émotion pour elle et toute la formation bretonne (lire ici), qui s’est longuement congratulée quelques mètres après la ligne. La Junior 1 était même perdue à la descente du podium, tant il y avait de bras dans lesquels se jeter. Mais Titia Ryo n’a pas manqué le jeu des interviews, et est revenue avec DirectVelo sur cette semaine rêvée, et sa course achevée par un long baroud solitaire.

DirectVelo : Tu es à la conclusion d'une impressionnante course collective !
Titia Ryo : C'est fou, je ne pourrai jamais les remercier assez. On a fait une course parfaite à mon goût, il y en avait toujours une devant. On a su se parler pendant la course, on a su gérer. Le titre revient vraiment à la Bretagne, pas qu'à mon nom. Toutes les filles étaient là, merci à elles. Le plan de bataille était d'être active toute la course, ne pas laisser de répit et ne pas être à contretemps. On a su le faire dès le début, des filles sont parties, on a contré. Ça a été parfait du kilomètre 0 à la fin.

Tu as porté ton attaque décisive alors que Joséphine Denieul était seule en tête. Pourquoi ?
Quand on a pris le virage, ça commençait à s'énerver. Eglantine (Rayer) demandait ce que les autres faisaient. J'ai vu qu'il n'y avait aucune communication entre les autres comités, je me suis dit autant tenter. Je me suis retournée rapidement pour voir si je relançais vraiment la course ou pas, mais ça n'a pas été du tout le cas. On a fait un bout avec Joséphine (Denieul), elle m'a aidée dans la bosse. Elle m'a dit qu'elle ne pouvait plus, elle m'a encouragée. Je ne pensais pas finir toute seule. Jusqu'à la fin, ça me paraissait tellement loin, mais ça a tenu jusqu'au bout.

« C’EST BON, TU L’AS TITIA, PROFITE, PROFITE, PROFITE ! »

À quoi as-tu pensé pendant ces longs kilomètres ?
Dans les premiers kilomètres je ne m'imaginais pas du tout Championne de France, j'étais vraiment concentrée. C'est les quatre derniers kilomètres... J'ai l'impression d'avoir fait les 75 kilomètres à ce moment-là (rires). C'était super long. Mais c'était un super moment de plaisir dans la dernière ligne droite, j'ai pris du plaisir jusqu'au bout. Au moment où mon DS est venu à ma hauteur dans la dernière ligne droite, il m'a dit "c'est bon, tu l'as Titia, profite, profite, profite !". Et là je me suis dit que c'était moi qui l'avais, c'était énorme.

Tu étais au courant de ce qu’il se passait derrière toi ?
Il y avait des longs moments où je ne savais pas trop ce qu'il se passait. Mon DS me donnait les écarts. J'ai appris qu'Eglantine (Rayer) était tombée et que les filles l'avaient attendue. Mais que la situation était complètement maitrisée. C'est aussi là que j'ai pris conscience que je pouvais savourer, et que les filles avaient fait un travail de fou.

« C’EST LA SEMAINE DE RÊVE »

Tu étais médaillée chez les Cadettes l’an dernier, tu passes très vite les étapes…
Je n'aurais jamais pensé en arriver là en si peu de temps. Je remercie mon entraineur, ma préparatrice mentale, mon copain, ma famille... C'est grâce à eux que j'en suis là. J'ai su persévérer, j'ai eu pas mal de chutes et d'ennuis, ça m'a rendu plus forte jusqu'à ce jour.

Que penses-tu de ton début de saison jusqu’à maintenant ?
Au début de saison ça allait, c'était un bon début de saison sans trop me dévoiler. J'ai été prise en équipe de France, j'ai fait les Championnats d'Europe assez récemment avec Eglantine et quelques Bretonnes. Je ne pensais pas en arriver là. Je ne pense pas que j'étais leader sur le papier, et c'est ce qui m'a fait gagner aujourd'hui peut-être.

Il faudra digérer ce titre… Tu vas prendre le temps de célébrer ?
Je ne sais pas du tout, c'est inédit pour moi (sourire) ! On va bien profiter avec la famille et les filles. C'est important. Je repars avec deux titres, c'est énorme. C'est la semaine de rêve. On a partagé en mixte, on a chacune notre maillot avec toutes les filles. Mon frère n'était malheureusement pas là (Swann, son frère jumeau, lui aussi coureur, NDLR). Il travaillait toute la semaine, mais j'ai pensé à lui pendant beaucoup de temps sur le vélo. Il a dû me regarder, et je suis très heureuse de ramener le maillot pour lui ! On va vivre en appartement ensemble, je vais pouvoir accrocher mes deux maillots. Un dans ma chambre, et un dans la sienne (rires).