Son large sourire sur le podium protocolaire de présentation des équipes était presque contagieux et pouvait laisser deviner de belles choses aux abords de la dernière étape. Pourtant, jusque-là, Baptiste Huyet n’avait pas franchement brillé sur la Ronde de l’Isard. “Ça va plutôt bien mais je suis déçu de l’étape d’hier (samedi), qui a été compliquée. Je me suis battu avec les sensations du jour. J’ai sûrement accumulé la fatigue et je n’ai pas très bien récupéré des jours précédents”, résumait le sociétaire du CC Etupes auprès de DirectVelo, dimanche midi, au départ de la dernière étape à la Roque-d’Olmes, dans l’Ariège. “J’attendais beaucoup de cette course, la seule en montagne cette année pour moi. J’avais des ambitions mais il m’en manque un petit peu pour être avec les meilleurs. Les dix minutes perdues le premier jour ont fait mal”.

UN TEMPS SEUL EN TÊTE DANS LE PORT DE LERS

L’année passée, le Rémois avait fait parler de lui en terminant 6e au sommet du Plateau de Beille, avant d’exploser le lendemain lors d’une ultime étape dantesque. “La pluie et le froid, ça ne me dérange pas mentalement. Mais je sais que par contre, si je gère mal les à-côtés, comme ma façon de m’habiller, si je prends froid, c’est dur… J’ai vite tendance à tomber malade. Il ne faut pas que je fasse d’erreurs. L’année dernière, j’ai perdu une bonne place au général à cause d’un coup de froid le dernier jour. J’ai même fini en hypothermie… Ce sont des expériences qui apportent pour ne pas reproduire les mêmes erreurs”, se souvient-il.

Fort de cette expérience, il comptait bien faire mieux pour cette édition 2022. Mais manquait sans doute de repères. “Quand je compare mon niveau avec celui des meilleurs, je me dis que ce n’est pas si loin que ça. Il me faudrait peut-être une ou deux courses supplémentaires de ce type dans la saison, et une préparation plus spécifique. Préparer la Ronde de l’Isard en passant par le Tour de Moselle ou les 3 Jours de Cherbourg, ce n’est pas la même chose que d’aller s’entraîner en montagne… Ce ne sont pas les mêmes efforts. J’habite à Reims, je ne peux pas trop grimper là-bas. Il manque des petits trucs”.

LENNY MARTINEZ ALLAIT TROP VITE

Pour l’ultime étape de sa dernière Ronde de l’Isard - il est Espoir 4 -, Baptiste Huyet ne voulait surtout pas nourrir le moindre regret. Alors il s’est lancé à l’avant et s’est retrouvé dans la bonne (très grosse) échappée de 38 unités qui s’est jouée la victoire d’étape. Puis, dans le Port de Lers, première des trois difficultés de la fin d’étape, il a décidé de filer seul. Avant d’être repris par un duo d’autres grimpeurs tricolores : Lenny Martinez (Conti Groupama-FDJ) et Mathys Rondel (VCP Loudéac). “Ils m’ont fait passer mais je ne voulais pas y aller car je me sentais moins fort qu’eux. Ce n’était pas à moi de prendre un relais. Puis (Lenny) Martinez a remis une chiche et là, j’ai été obligé de les laisser faire”. Le duo ne sera plus jamais repris et s’est ensuite joué la victoire d’étape (voir classement).

Derrière, Baptiste Huyet a joué les premiers accessits. “J’ai géré mon effort en faisant la montée suivante (le Col d’Agnes, NDLR) à mon rythme. Puis dans le dernier col (le Col de Latrape, NDLR), j’ai directement attaqué car ça n’allait pas forcément le faire au sprint. On est sortis à trois puis (Lorenzo) Germani est revenu”. Il s’est, enfin, retrouvé à jouer la troisième place de l’étape au sprint dans ce quatuor qui n'est jamais parvenu à rentrer sur la paire Martinez-Rondel, bien qu'il n'y ait eu que 22" d'écart au panneau indiquant les dix derniers kilomètres. Il a finalement été devancé par le Champion d’Italie Espoirs, Lorenzo Germani (Conti Groupama-FDJ). “C’est dommage car le podium était jouable. Si j’avais pris le virage en tête et que j’avais fait le sprint de ma vie… Je le savais, mais lui aussi le savait. Tant pis… Je suis quand même content de finir la course comme ça”. Voilà qui était en effet plus conforme aux ambitions initiales du garçon.