Kévin Le Cunff était déçu à l’arrivée de Bourg-Arbent-Bourg. Pourtant, quelques minutes plus tôt, il a réglé un groupe d’une dizaine de coureurs au sprint. Seul bémol, deux coureurs étaient arrivés avant son groupe, en la personne d'Antoine Aebi et de Baptiste Huyet (voir classement). Ces derniers se sont extirpés du groupe de tête à deux kilomètres de l'arrivée, et n'ont donc jamais été revus par leurs anciens compagnons de fugue, pour le plus grand malheur de Kévin Le Cunff. “J’avais décidé de tout miser sur le sprint. Quand je les ai vu partir, j’espérais que l'on revienne sur eux. Je savais qu’au sprint, j’étais le plus rapide. La preuve...”, regrette le coureur de 35 ans, au micro de DirectVelo. Une situation d'autant plus décevante qu'il avait, jusque-là, vécu une journée sans encombre, si ce n'est dans la dernière difficulté de la journée. “Le Mont July était un peu raide pour moi, je ne suis pas parvenu à basculer avec les premiers. J'étais à 30-40 secondes en haut, mais il y avait des mecs motivés dans mon groupe pour revenir et j'ai pu remonter de groupe en groupe".

Passer si près de la gagne est d’autant plus frustrant pour le sociétaire de Dunkerque Grand Littoral, que ce dernier n’a levé les bras qu’à une seule reprise depuis le début de l’année, au Prix de Serches (Toutes Catégories), ce qui est loin de ses anciens standards. “Cette année, j’ai tourné autour, mais très peu gagné. Maintenant, je gagne moins qu’avant, quand je claquais quatre ou cinq Élites par saison”. Selon lui, plusieurs raisons expliquent cette statistique défavorable. “Peut-être l’âge. Mais aussi le fait que je travaille à côté et que j’ai une fille. Je suis moins dedans. Je suis toujours motivé, j’ai toujours envie de gagner, mais il y a les à-côtés”.

UNE SITUATION PARTICULIÈRE À DUNKERQUE 

La saison 2023 de Kévin Le Cunff est aussi particulière en raison des soucis rencontrés par sa formation, Dunkerque Grand Littoral. Le club de N1 connaît des problèmes financiers et ses athlètes courent moins. Le groupe ne s'est d'ailleurs pas présenté sur deux manches de Coupe de France N1, le Chrono 47 et le Tour du Gévaudan. Pour autant, le Francilien relativise sa situation. “Pour le moment, ça ne m’a pas beaucoup affecté. J’avais deux week-ends en handisport, donc je n’ai pas moins couru. Par contre, je suis peiné pour les jeunes. Ils ont besoin de courir, de se montrer. Je suis plus emmerdé pour eux que pour moi”. Le Dunkerquois tente de voir le positif, en se projetant dans le futur, qu’il espère plus chargé en compétitions. “Normalement, on nous a dit que nos mois de mai et juin seraient moins chargés, jusqu’aux Championnats de France, puis ensuite, que le calendrier devrait repartir de manière classique”.

La suite de la saison resterait donc bien remplie pour Kévin Le Cunff, qui va se rendre aux Etats-Unis pour participer à une manche de Coupe du Monde handisport. Ensuite, il sera au Tour Nivernais Morvan, pour reprendre du rythme en vue de son gros objectif, le Championnat de France. “J’irai avec de l’ambition. Je connais bien la montée de Cassel. Aux 4 jours de Dunkerque, j’ai souvent marché sur cette étape. On m’a dit que l’arrivée était bien raide et dure, c’est un circuit qui peut me convenir". Et nul doute que si Kévin Le Cunff ne terminait sa saison qu'avec deux succès mais le maillot bleu-blanc-rouge sur le dos, il ne serait pas mécontent de ce cru 2023.