Le scénario de la première étape du Tour de France Femmes a-t-il surpris qui que ce soit ? Un peloton qui reste groupé une bonne partie de l’étape, quelques timides attaques de jeunes filles courageuses qui ne passent que quelques minutes à l’avant, un paquet qui accélère à l’abord de la dernière heure de course, un écrémage par l’arrière puis une représentante de la formation SD Worx qui attaque et qui n’est plus jamais revue, profitant du travail de chien de garde de ses coéquipières à l’arrière. Avant un doublé de la meilleure formation du monde dans les rues de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Un scénario vu et revu depuis le début de la saison, et qui s’est encore produit en ouverture de la course la plus prestigieuse au monde.

N’allez pas y voir quelconque prétention ou excès de confiance mais de son propre aveu, Lotte Kopecky, lauréate de cette étape et première maillot jaune du Tour de France, concède y avoir pensé, elle aussi, avant de le réaliser. “C’était dans un coin de ma tête depuis un moment. J’en rigolais même avec mes meilleures amies ces derniers temps. Ça nous amuse beaucoup avec l’équipe de voir que l’on arrive à réaliser autant de doublés. On ne comprend pas (sourire). On est les premières surprises d’arriver à le faire aussi souvent”, se délectait la Championne de Belgique en zone mixte, sous le ciel ombragé mais lourd de la cité auvergnate.

49 VICTOIRES DEPUIS LE DÉBUT DE SAISON

Surpuissante, Lotte Kopecky a produit son effort peu avant le sommet de la Côte de Durtol (1,7 km à 7,1%), qui devait servir de rampe de lancement pour les plus costaudes. Derrière, et comme souvent, aucune équipe n’est sortie du lot et n’a souhaité assumer la poursuite - ou n’a été en mesure de le faire -. L’écart passant très vite les 20 secondes, il s’est avéré évident que la Flamande ne serait plus revue. “Dans cette dernière montée, je sentais que j’en avais encore dans le réservoir alors j’ai tout mis en pensant que quelqu’un allait prendre la roue mais finalement, personne n’a suivi”. Une fois le sommet passé avec quelques secondes d’avance, le plus dur était fait, même seule face à la meute. “Je savais qu’il ne restait pratiquement que de la descente dans les neuf derniers kilomètres. En me donnant à fond, je me doutais que ça ne reviendrait pas de l’arrière”.

Parfaitement emmenée par l’une des deux grandes favorites de l’épreuve en la personne de Demi Vollering, Lorena Wiebes a ensuite réglé le sprint du groupe des favorites pour la 2e place, offrant donc un doublé à la SD Worx. “On avait deux stratégies aujourd’hui (dimanche) : si Lorena passait la bosse, on aurait contrôlé pour une arrivée groupée. Et sinon, j’avais aussi ma carte à jouer”. Et alors que la Néerlandaise avait été la première leader du Tour l’an passé - c’était sous les couleurs de l’équipe DSM -, c’est cette fois-ci la Belge de 27 ans qui aura l’honneur de porter le premier maillot jaune de cette édition 2023 ce lundi grâce à sa dixième victoire de la saison, la 49e (!) de son équipe. “Ce sera quelque chose de très spécial. J’ai hâte !”. Chez SD Worx, la fête ne fait peut-être (sans doute ?) que commencer.