Léane Tabu : « C’est incroyable d’être la première »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

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Léane Tabu se souviendra de son séjour à Plédran. Après son succès sur le contre-la-montre puis au relais mixte, la concurrente du Centre-Val de Loire a encore dominé le peloton des Juniors, sur la course en ligne (voir classement). Sous les yeux de sa famille toute la semaine, celle qui est licenciée à l’US Bonny a encore été la plus forte dans la montée Magenta, et devancé les quatre adversaires qui composaient son groupe durant tout le dernier tour. Les larmes aux yeux, Léane Tabu est revenue avec DirectVelo sur ce Championnat de rêve, elle qui n’est que Junior 1 et qui a donc toute une année qui l’attend sous les trois couleurs.

DirectVelo : Tu as réalisé un triplé !
Léane Tabu : C’est vraiment incroyable d’être la première à réaliser ça. En plus, je suis J1, je vais pouvoir porter ce maillot sur toutes les épreuves l’année prochaine. C’est génial. Mercredi soir, j’étais déjà très heureuse. Mon Championnat était déjà réussi. On a passé une semaine avec mes collègues du relais mixte. On avait vraiment à cœur de réussir tous ensemble. On a réussi, on était vraiment très heureux. Je savais que ça allait être compliqué et que j’allais forcément être marquée, que tous les comités allaient essayer de me tendre des pièges. Malgré ça, arriver pour la victoire en haut de la bosse que j’ai montée je ne sais combien de fois cette semaine (rires)... c’est incroyable.

Comment as-tu géré ta course ?
Je ne me suis pas épuisée à aller sur tous les coups. Mes collègues de mon comité m’ont également aidée. Violette Demay qui est au Pole France avec moi a fait du bon travail pour m’aider. Je la remercie. Clémence (Chereau) était aussi avec moi, elle avait sa carte à jouer. On était toutes les deux en lice pour la victoire. Si elle n’avait pas été sur certaines attaques, je n’aurais peut-être pas eu la même énergie à la fin. Elle est aussi avec moi au Pôle. On remercie notre entraîneur Yann Le Boudec qui nous a mises dans de bonnes conditions et nous a permis de réussir.

« JE LES VOYAIS REVENIR TRÈS VITE, ÇA M’A FAIT UN PEU PEUR »

Vous étiez deux du comité dans le final. Comment avez-vous géré ?
Clémence était un peu dans le dur dans le dernier tour. Elle s’est un peu reposée. Avant la descente, elle m’a demandé comment elle pouvait m’aider dans la bosse. Je pense qu’elle sentait que ça n’allait pas être possible. Elle pouvait monter fort la bosse dès le pied. On s’est beaucoup regardé en bas. Peut-être qu’elle ne l’a pas senti et qu’elle n’avait plus d’énergie. Ça m’a quand même réussi. Je voulais aussi qu’elle réussisse sa course en obtenant son podium.

Comment s’est passé ce sprint final ?
On s’est beaucoup regardées dans les cinq derniers kilomètres, ça ne s’organisait plus trop. On ne roulait pas très vite. Les filles qui étaient derrière nous commençaient à revenir. On a eu 20-30 secondes. On est montée à 1’ et c’est redescendu. En bas de la bosse, j’ai commencé à voir qu’elles ont viré. On roulait vraiment très doucement. À la flamme rouge, elles revenaient très fort sur nous. Il y avait deux ou trois filles, j’ai voulu relancer l’allure car je les voyais revenir très vite, ça m’a fait un peu peur. Un peu après le panneau des 500 mètres, Alice (Bredard) a commencé à lancer son sprint. Je l’ai suivie. J’ai tout donné pour accrocher sa roue. Ensuite, j’ai fait mon sprint. Elle était dans ma roue. Quand je me suis rassise, elle a relancé mais elle s’est rassise aussi. Elle n’allait sûrement pas pouvoir se remettre debout. Il fallait que je donne tout jusqu’à l’arrivée et ça pouvait le faire.

« CETTE 2E PLACE L’ANNÉE DERNIÈRE A ÉTÉ DURE PENDANT LONGTEMPS »

Courir en favorite et en fille très observée, c’est nouveau pour toi ?
J’ai déjà vu ça l’année dernière sauf que ça m’avait moins bien réussi car les filles m’avaient vraiment marquée dans les deux derniers kilomètres. Je me suis fait avoir, cette 2e place l’année dernière a été vraiment dure pendant longtemps. Je tenais à ne pas faire la même chose. Si j’avais fait 2e, mon Championnat aurait forcément été réussi, je ne l’aurais peut-être pas vécu de la même manière. Mais mon but était vraiment de gagner et de finir ce Championnat en beauté.

Tu as repensé à l’année dernière dans le final ?
Exactement (sourire). J’ai senti qu’Alice était forte. J’ai commencé à me dire que je pouvais faire 2e, même 3e car Margot (Marasco) a réussi à revenir et elle avait l’air bien en jambes. Je n’étais pas vraiment sereine. J’ai quand même réussi, je suis très contente.

Quel est ton titre le plus beau ?
Je ne sais pas, c’est différent. Le chrono est une épreuve que je n’ai pas beaucoup pratiquée. Cette année, je n’ai fait qu’un chrono individuel avant le chrono des France. J’ai fait le chrono mixte l’année dernière et cette saison ainsi que le Chrono 47. Je suis très heureuse, c’est un effort solitaire sur quelques kilomètres où on est livré à soi-même. Le chrono par équipes, c’est une victoire tous ensemble. C’est un autre sentiment encore car on est tous heureux de gagner ensemble. La route, c’était mon dernier rêve de passer une année en bleu-blanc-rouge. Le chrono, on peut en faire un, deux, trois dans l’année. Les courses sur route, ce sera toute l’année. C’est incroyable.

« J’AURAIS BIEN AIMÉ ÊTRE AU MONDIAL AUSSI »

Tu comptes choisir un jour entre la piste et la route ?
Pour l’instant, je ne vais pas faire de choix. Il y a des filles qui y arrivent très bien. On peut voir les filles qui sont au Championnat du Monde en ce moment. Valentine (Fortin), Clara (Copponi), Marie (Le Net), Marion (Borras), Victoire (Berteau). Victoire est Championne de France route et en même temps, elle est au Championnat du Monde en ce moment. Elles ont dû faire l’impasse sur le Tour de France cette année. Elles arrivent très bien à allier leur carrière professionnelle sur la route et dans le collectif élite olympique sur la piste. Si j’arrive à faire la même chose, j’en serai très heureuse. 

Tu as vu le sacre de Julie Bego et tes collègues de l’équipe de France ?
J’ai été roulé le matin pour récupérer de mon chrono mixte et pour pouvoir regarder toutes les compétitions de l'après-midi, que ce soit le Championnat du Monde piste autant que la route car je suis aussi pistarde (sourire). On a envie de regarder les courses des Françaises, elles ont très bien géré. Bravo à toutes les filles de l’équipe. Un grand bravo à Julie qui mérite car elle a fait une belle course.

C'est un regret que les meilleures Juniors Femmes ne soient pas présentes ?
J’aurais bien aimé être au Mondial aussi (sourire). Malheureusement, avec les Championnats du Monde piste de cette année, ce n’était pas possible de réaliser les deux. Je suis au Championnat de France. Il faut penser aux filles qui sont là et pas à celles qui ne sont pas là.


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