Marlen Reusser a craqué : « J’ai besoin d’une pause »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

C’est une image saisissante que personne n’a véritablement compris sur le coup. En plein contre-la-montre du Championnat du Monde Élites Femmes, et alors qu’elle en était la grande favorite, Marlen Reusser s’est arrêtée de pédaler. Puis elle est descendue de son vélo avant de partir s'asseoir quelques instants dans l’herbe, en larmes. Et, bien sûr, abandonner. Alors que l’on pouvait imaginer qu’elle se ressentait de sa chute survenue lors du dernier relais mixte, il n’en est en fait rien. La Suissesse, habituelle sociétaire de la SD Worx-ProTime, promet en effet avoir simplement complètement craqué et lâché prise mentalement. Elle n’avait ainsi pas la force de lutter et considère avoir besoin de faire le vide puis souffler un certain temps.
Retrouvez ci-dessous la déclaration de Marlen Reusser au terme de ce drôle de Mondial chrono, remporté par l’Américaine Chloé Dygert (voir classement).

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Portrait de Marlen REUSSER

Abandon sur le Championnat du Monde CLM Femmes

« J’ai dû abandonner… Ce n’était pas un problème mécanique, c’était juste moi… C’est une situation particulière. Je fais du vélo depuis longtemps. C'est ma septième participation aux Championnats du Monde. Depuis que je fais du vélo, j’ai toujours couru avec passion. Ma vie tourne autour du vélo. J’aime ce que je fais, j’aime ce style de vie et j’y trouve beaucoup de points positifs. Mais ça me coûte aussi beaucoup d’énergie. L'année dernière avait été très difficile pour moi. J’ai été malade et pendant longtemps, je ne me sentais pas bien. J’ai coupé deux semaines pendant la trêve hivernale, puis ça a vite recommencé. 2023 a, jusque-là, été une très grande année pour moi. Mais à partir du Tour de Suisse, tout récemment, ce n’était plus ça. Pourtant, j’ai gagné la course mais il a tout de suite fallu se reconcentrer sur le Tour de France. Je n’ai pas eu le temps de souffler. Puis il a encore fallu enchaîner le Tour et ce Mondial. Je n’ai même pas eu le temps de profiter de ces différentes victoires. 

Depuis le Tour, je sens que j’ai besoin de temps pour souffler et retrouver cette envie d’aller chercher des victoires. C’est un peu comme quand vous préparez un examen. Il y a toute la préparation, le stress du Jour-J et lorsque c’est fait, on se relâche. Or, j’ai besoin de ce moment de relâchement. Mais au contraire, j’ai l’impression d’être prise dans une spirale infernale et infinie. Ce sentiment, je l’ai eu pour la première fois il y a quatre semaines. Mais avec le soutien de Swiss Cycling, des sponsors etc, je me devais de continuer. C’est pour ça que je suis venue au Mondial, même si je sentais bien que ça n’allait pas le faire. J’ai quand même essayé de me remettre la tête à l’endroit mais ça n’allait pas aujourd’hui (jeudi), comme ça ne va pas depuis le début de ce Championnat du Monde.

Sur ce chrono individuel, dès que j’ai voulu commencer à en remettre, j’ai senti que ce n’était pas possible. Je n’étais pas en mesure d’accélérer. Alors j’ai décidé d’arrêter. Je n’étais pas prête à disputer ce chrono. Je n’avais aucune envie de le faire. Au moment où j’ai posé le pied à terre, je me suis dit que ce n’était sans doute pas une bonne idée… Mais j’avais envie de le faire. Je sais que ce n’est pas cool pour Eddy, mon entraîneur, pour tout le monde, tous ceux qui ont mis beaucoup d’énergie pour moi. Mais j’assume cette décision. J’ai besoin d‘une pause. Je ne suis pas une machine. Le cyclisme a tellement de belles choses à offrir, tellement de belles courses, des Classiques du printemps jusqu’au Mondial. Mais ça ne s’arrête jamais et là, j’ai besoin de dire stop. Pour le moment ».



Remerciements à Raphaël Crettol et Peter Maurer.

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