Michel Callot : « Peut-être penser le programme autrement »

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

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Les premiers Super Championnats du Monde de cyclisme à Glasgow se referment. Présent en Écosse, le président de la Fédération Française de Cyclisme, Michel Callot, est conforté dans son idée d'avoir attiré l'événement en Haute-Savoie en 2027. "La ferveur populaire est géniale. En Haute-Savoie, une région au cœur de l'Europe Occidentale, on est certain que ce sera également le cas", assure au micro de DirectVelo Michel Callot, qui attend le bilan écossais pour faire une analyse complète de la situation. "Ce sera important d'avoir des débriefings en terme d'audience télévisuelle, comment ça s'est passé avec le jump entre les disciplines au niveau des télévisions. On a besoin que ce soit un succès médiatique à la hauteur des investissements réalisés". 

« ON DEVRA REVOIR NOTRE COPIE À LA HAUSSE »

Au niveau du budget, le président ne donne pas de chiffre précis. Pour Glasgow, le budget alloué à l’événement est important : près de 50 millions de livres sterling (environ 58 millions d’euros) financés par divers organismes locaux et nationaux, dont le gouvernement écossais et la municipalité de Glasgow, mais également l’UCI. "Ce qui est sûr, c'est qu'on devra revoir notre copie à la hausse. Il ne faut pas fermer le budget tant qu'on n'a pas les solutions sur la mobilité et les transports. On pourra répondre à cette question dans un an". Il ne fait aucun doute que la manifestation française coûtera plus cher dans la mesure où elle nécessitera la construction d'un vélodrome, le Vélodrome Arena à la Roche-sur-Foron, à hauteur d'au moins 60 millions d'euros. Un complexe modulable de 18 000 m2, comprenant bien sûr un vélodrome homologué, mais aussi une piste de BMX, un mur d’escalade, des couloirs de course à pied, un espace d’e-sport ou encore une salle de spectacle de 10 000 places. Toutefois, il faudra régler la question de l'opposition politique.

Un collectif "Non au Vélodrome Arena" a vu le jour, jugeant cet investissement inutile et réclamant que les épreuves sur piste aient lieu à Saint-Quentin-en-Yvelines. "C'est un sujet que nous prenons au sérieux. Il convient de préciser qu'il ne s'agit pas uniquement d'un vélodrome, mais d'un site complet pouvant accueillir d'autres manifestations sportives et culturelles. Le site sera construit sur un parking Rochexpo. Ce qui veut dire qu'il ne faudra pas imperméabiliser plus de surface, tout ça s'inscrit dans une démarche de réduction de l'empreinte carbone", précise-t-il.

« SOLIDES SUR NOS BASES »

Durant ces dix jours, Michel Callot a pu donc observer la mécanique nouvelle d'un Super Championnat du Monde. "Le niveau qui nous inquiète le moins, c'est quand on prend les Championnats un par un. Avec notre expérience d'organisation, ça nous sécurise dans notre savoir-faire. Nous sommes solides sur nos bases. D'ailleurs, il y a un point de différence pour tous ceux qui connaissent les événements cyclistes à la française. Les installations de VTT et l'arrivée de la route sont un peu sous-dimensionnées par rapport à ce qu'on a l'habitude de faire en France. Il faudra donner plus d'ampleur sur ce qui entoure la manifestation". En revanche, les contraintes liées à l’éparpillement des lieux de compétitions en un temps resserré lui posent des questions. "L'organisation des bénévoles, les problématiques de flux de transport, de délégation, ça va nous prendre du temps à analyser".

Dans quatre ans, la difficulté sera encore plus élevée avec un nombre de disciplines passant de 13 à 19 avec l'ajout notamment de la piste Juniors, l’enduro, le cyclisme e-sport ou encore le polo vélo. "Il faut éviter que la superposition ne soit trop forte et nuise à l'événement". Autre défi, le centre névralgique de l'opération n'est plus une ville, mais un département. "Ce sera encore plus dispersé, via des sites avec de grandes capacités d'accueil, notamment les stations de ski. Le schéma d'organisation sera encore plus mobile". La mobilité sera un vrai sujet de travail. "Avec humilité, j'avoue ne pas avoir perçu à quel point ces logiques de flux allaient être compliquées à appréhender en Haute-Savoie. On devra trouver des solutions pour fluidifier l'intersite. Il faudra peut-être penser le programme autrement. Cette réflexion devra se faire en parallèle de la logistique. C'est un des éléments-clés de la réussite".

RETOUR EN SEPTEMBRE

En apportant des solutions face à cette problématique, la Haute-Savoie rendra possible les combinaisons de plusieurs disciplines dans la même journée, à la fois pour les spectateurs et les médias. "Il y aura des connexions plus faciles que d'autres. La liaison entre Sallanches, qui accueillera les courses sur route, et la Roche-sur-Foron pour la piste ne prend que 25 minutes en voiture. Il est clair que par rapport à Glasgow, il faudra un service de navettes plus puissant entre les points de ralliement des hôtels et les sites sportifs". Pour rappel, l'engagement pris du conseil départemental de Haute-Savoie est que tous les bassins de la Haute-Savoie soient équitablement concernés par l'événement. "Annecy pourrait être un formidable lieu pour un chrono avec son lac, cela donnerait une autre topographie de la région".

Au niveau du logement, Michel Callot n'est pas inquiet. "La Haute-Savoie devra mobiliser toute sa capacité d'hébergement. Il y a beaucoup de lits liés au tourisme. C'est pourquoi dans la discussion avec l'UCI, on a voulu revenir au mois de septembre pour se dégager de la saison touristique et de la densité de circulation plus forte en été. De plus, ça arrangeait bien l'UCI qu'on revienne à des dates plus traditionnelles (11-26 septembre). En terme de capacité brute d'hébergement, on l'a, il faut voir comment la disperser". La répartition des logements devra tenir compte du nombre de coureurs de chaque nation. "Il y a des pays engagés dans quasiment toutes les disciplines et qui devront se diviser dans plusieurs hôtels et puis d'autres présents dans un nombre limité de sports, c'est là que ça se joue. On doit éviter que des petites nations soient livrées à elles-mêmes dans un événement multi-sites et qui le sera encore davantage en Haute-Savoie". 

LE SOUTIEN D’EMMANUEL MACRON

L'arrivée du Super Championnat du Monde en Haute-Savoie et donc en France était "une urgence, une quête" pour le président Michel Callot. "On n’a plus reçu le Championnat du Monde sur route depuis 2000. Contrairement à des pays comme la Belgique, engager une collectivité territoriale sur un tel budget n'est pas évident. En Belgique, il y a un système d'hospitalité qui amène des budgets conséquents sur des évènements comme ça. On boit moins de bières", plaisante-t-il avant de compléter : "C'est à moitié une blague, il y a un savoir-faire autour de ça, c'est moins vrai en France où il faut plus de ressources publiques pour assurer les coûts de l'évènement". Michel Callot avait trouvé avec la Haute-Savoie - plus précisément avec le circuit de Sallanches et la symbolique du titre mondial de Bernard Hinault en 1980 -, et le président du Conseil général de la Haute-Savoie à l'époque, Philippe Richert, un candidat pour l'organisation du Championnat du Monde 2020, mais c'est Martigny qui avait été élu. "C'était déjà passé tout près. Malheureusement pour Martigny, ils n'ont pas pu organiser le Mondial à cause de la pandémie de coronavirus", rappelle-t-il.

La FFC n'a pas baissé les bras. Après une rencontre fortuite entre l’actuel Président du Conseil départemental Martial Saddier et David Lappartient à Châtel, la Haute-Savoie a pu entrer en lice pour 2027. "Ils se sont rencontrés à l'occasion d'une cyclo, je crois. Ils ont parlé de Championnat du Monde et David Lappartient, qui savait que la France était intéressée par un Championnat du Monde, a parlé de 2027, mais donc qu'il fallait tout prendre". Quelques semaines plus tard et face au solide dossier néerlandais, la FFC et la Haute-Savoie ont bâti un dossier béton. "Avec une vidéo de soutien du Président de la République, Emmanuel Macron, ça a mis tout le monde d'accord. Les Néerlandais ont vu que c'était du sérieux. Cela restera un des meilleurs moments de ma carrière de dirigeant. Obtenir un message du chef de l'État, c'est une émotion particulière". Avec le passage de flambeau ce dimanche, la France est maintenant partie pour un compte à rebours de quatre ans. 

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