Concilier cyclisme et religion, l'équation de Mandana Dehghan
L’ensemble des sept étapes du récent Tour de l’Ardèche (2.1) ont toutes été courues sous une forte chaleur. Jamais, mis à part sur les sommets lozériens lors de l’étape-reine, le thermomètre n’est tombé sous les 30°C durant l’ensemble des étapes. Et il est même monté régulièrement à 33 ou 34°C. “Jamais je n’avais vu les vallons lozériens aussi jaunes à cette période de l’année”, regrettait le directeur de course, Louis Jeannin, au micro samedi dernier. Pas un cadeau pour Mandana Dehghan. Alors que toutes les concurrentes partaient régulièrement à la chasse aux bidons durant les étapes, l’Iranienne, de confession musulmane, a effectué l’ensemble du parcours habillée de manchettes et de jambières, bandana sous le casque. “Évidemment, je mentirais si je disais que ce n’est pas super difficile de courir dans ces conditions quand il fait aussi chaud. Mais je me dois de le faire, c’est dans mes convictions. Il le faut”, synthétisait-elle au départ de l’avant-dernière étape, auprès de DirectVelo.
Par moments malgré tout, la tentation est trop forte et Mandana Dehghan se permet d’abaisser ses manchettes. Mais jamais les jambières. “C’est une question d’habitude. Je fais avec. Pour les manchettes, normalement c’est contre les règles mais quand il fait vraiment très chaud et que les étapes sont dures…”. L’athlète de 32 ans souffre surtout dans les ascensions, où elle a “plus de mal à ventiler” convenablement avec ces vêtements. De quoi l’empêcher d’espérer toute bonne performance ? “Pas forcément, ce sont d’abord les jambes qui parlent, mais c’est clairement un désavantage par rapport aux autres”.
UNE PARTICIPATION AU TOUR D’ESPAGNE
Au sein de son équipe Farto-BTC, on fait tout pour accompagner au mieux Mandana Dehghan dans son approche de la pratique du sport cycliste. “La matière des manchettes est la plus fine possible, histoire qu’elle puisse tout de même avoir un maximum de confort”, promet Brais Dacal, le directeur sportif de la Conti espagnole, ancien coureur diabétique. “Il y a toujours des solutions, on fait au mieux pour elle”. Mandana Dehghan promet n’avoir aucun mal à être dans l’intimité du groupe, lors des avant et après-course. Seule requête : les soins doivent être effectués par une masseuse et non par un masseur. “Pour le reste, c’est tout ce qu’il y a de plus classique. On fait bien sûr attention à ce que l’on propose à manger lors des repas mais ce n’est pas bien compliqué”, sourit Brais Dacal.
Cette saison, l’ancienne double Championne d’Iran du contre-la-montre a passé un gros cap en rejoignant Farto-BTC, après une expérience d’une saison chez ZAAF. “Je me plais beaucoup ici en Espagne, j’ai eu la chance de disputer plein de belles courses, ça me donne la chance de progresser”, se félicite celle qui a notamment participé au Tour d’Espagne cette saison, terminé à une anecdotique 116e place. Ancienne duathlète, celle qui vit toujours en Iran promet arriver à ne vivre que du vélo. “Mais nous ne proposons pas des salaires de folie, on fait comme on peut”, concède le directeur sportif. Suffisant, visiblement, pour faire le bonheur de Mandana Dehghan, qui promet avoir “beaucoup aimé” cette expérience de sept jours sur l’épreuve ardéchoise.