Lilian Calmejane : « Je prendrais bien une petite victoire »

Crédit photo QuentinphotographiesBE - DirectVelo

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Lilian Calmejane a montré, ce lundi, avec sa 8e place à Fleurus qu'il voulait bien figurer sur ce Tour de Wallonie (voir classement). Ce mardi, il a tenté d'emmener Dion Smith au sprint à Ouffet mais sans succès. DirectVelo en a profité pour faire le point avec le Tarnais de 31 ans.

DirectVelo : Tu termines dans le Top 10 (8e) lundi, ça faisait longtemps que tu n’avais pas fait de sprint massif ?
Lilian Calmejane : Ce n’était pas vraiment prévu. J’étais dans l’emballage final. L’idée était d’être dans les premières positions au virage à droite, à 1,2 kilomètres de l’arrivée. Après le travail de Rune Herregodts, j’ai pris mon relais. J’ai bien pris le virage et un coureur d’Israël, qui était en tête, a suivi la dérivation, ce qui a un peu mis la panique. Je suis sorti en tête du virage à la flamme rouge avec Madis (Mihkels) autour de la cinquième position donc je l’ai attendu. Tout est arrivé très vite. On a tourné à gauche et j’étais encore bien placé. Après, Madis s’est mis dans la bonne roue et il a pu faire son sprint. Derrière, j’étais aussi dans l’emballage final. Quand on sait que sur le Tour de Wallonie, malgré les bonifications, ça se joue parfois aussi à la place dans un groupe, c’est toujours intéressant de faire l’effort jusqu’à la ligne sans même avoir sprinté comme un taré. J’ai aussi besoin de me rassurer sur ma condition physique après plus d’un mois sans course. Cela fait toujours plaisir d’être dans un emballage et de voir qu’on est en forme. Ce n’était pas vraiment un sprint massif, il y avait une bosse avant. On était un peloton de 60 à peine. Sur le Tour de Wallonie, en général, il y a rarement des sprints massifs. Ce sont toujours des circuits locaux très techniques et très difficiles. On voit un peu toujours les mêmes coureurs, durant la semaine, dans les quinze premiers parce qu’il faut être en forme et motivé. 

Comment s'est passé la journée de mardi ?
C'était très rapide avec le vent dans le dos. On fait 46 de moyenne. C'est dur de mettre le cran au-dessus. On monte les bosses avec le gros plateau avec beaucoup de force. J'ai besoin de bosses plus longues. Je suis bien, mais pas sensationnel non plus. Aujourd'hui (mardi), on avait Madis Mikhels et Dion Smith comme cartes. C'était trop dur pour Madis. J'ai placé les mecs en dixième position. Nous étions en file indienne. C'était une bosse à 5% mais ça montait à 35 km/h. Avant les courbes, il fallait faire l'effort. J'étais dans une bonne roue mais Dion n'était pas dans la mienne. Moi, ce n'est pas mon job de prédilection d'emmener le sprint et Dion, qui bosse 95% du temps comme équipier, n'a plus l'habitude de sprinter. C'est dommage car ça lui convenait. Il y avait un Top 5 voire un podium à aller chercher.

Cela traduit l'ambition personnelle et collective pour ce Tour de Wallonie.
Je suis le plan B de l’équipe. Il y a Lorenzo (Rota) qui est quand même physiquement meilleur que moi et qui a plus d’ambitions pour le général, ce qui est légitime donc on va l’aider et le supporter. Mais ça ne veut pas dire qu’en étant en support pour Lorenzo, je ne peux pas aussi profiter d’un marquage sur lui ou sur Benoit Cosnefroy et m’exprimer. J’ai l’expérience pour. On ne me demande pas de gagner cinq courses par an mais je dois être à un très bon niveau et au niveau qui est le mien. Sur ces courses, normalement, je dois toujours être proche du Top 10. Cela peut être bien. C’est toujours mieux d’avoir deux cartes dans le final et d’être en surnombre plutôt que Lorenzo se retrouve esseulé. De plus, je n'ai pas encore gagné en Belgique chez les pros, je prendrais bien une petite victoire. 

« JE N'AI PLUS L'ÂGE DE ME PRENDRE LA TÊTE »

D’autant plus que tu es en fin de contrat.
La conjoncture fait que je suis en fin de contrat. J’ai bientôt 32 ans, à la fin de l’année, donc je n’attire plus comme quand j’avais obtenu de grandes victoires, que tout le monde se battait pour m’avoir et que j’avais un rôle de leader. Maintenant, mon rôle a changé mais ce n’est pas pour autant que je ne suis pas productif et compétitif. Depuis que je suis dans cette équipe, la direction sportive et le management font que je participe beaucoup aux épreuves WorldTour mais on voit que dès que je fais une course Pro Series ou Classe 1, je suis toujours dans le Top 10. L’année dernière : sur le Tour de l’Ain, le Tour des Apennins, à Majorque et ici, lundi. Mais le problème, c’est qu’en faisant 99 % de courses WorldTour, il est très compliqué de gagner. J’ai un peu eu le Maillot Bleu sur le Giro, j’ai pu exister mais c’est très compliqué pour un coureur de mon niveau d’aller chercher les grandes victoires. Cela fait plaisir d’être au niveau en-dessous.

As-tu envie de prolonger l’aventure chez Intermarché-Wanty ?
Bien sûr, je me sens très bien. Je n’ai plus l’âge de me prendre la tête et de me battre pour un contrat plus onéreux. J’ai envie de continuer l’aventure, année par année, à l’âge que j’ai.

As-tu un plan de carrière dans ta tête ?
Pour le moment, à ce niveau-là, j’ai vraiment envie de courir l’année prochaine et peut-être même celle d’après. J’ai envie de refaire le Giro et de continuer à être entêté dans cette quête de victoire parce que je sens, en même temps, qu’elle est loin, mais que sur une bonne journée ça peut le faire donc j’ai envie de me battre pour ça. Si je reste encore un ou deux ans à ce niveau, on verra la suite mais je ne me projette pas plus loin. J’ai aussi une famille. J’ai envie de me faire plaisir et, pour l’instant, c’est le cas donc c’est l’essentiel.

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