Benjamin Thomas : « Je me suis retrouvé »

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

La cérémonie de clôture des JO avait Tom Cruise sur une moto, l'équipe de France d'endurance a eu Benjamin Thomas pour faire la moto pendant l'Omnium. Le coureur de la Cofidis est devenu Champion olympique au bout des quatre courses en peloton et une chute, trois ans après une quatrième place, sans médaille, aux Jeux de Tokyo. Son émotion sur le podium était à la hauteur du chemin qu'il a dû remonter après un gros coup de moins bien au Championnat du Monde de Glasgow l'an dernier. "Je voulais quasiment arrêter ma carrière", rappelle-t-il dans son interview à DirectVelo.

DirectVelo : Tu as fini tes Jeux par la Cérémonie de clôture...
Benjamin Thomas : L'entrée dans le Stade de France avec tous les athlètes était vraiment agréable, on a pu profiter des différents spectacles, de l'ambiance. À la fin, j'étais un peu fatigué car j'ai eu une très longue journée dimanche. On était au plus près pour voir les danseurs descendre du toit, Tom Cruise est passé tout près de nous....

« GAVIRIA A VOULU PASSER PAR LA CÔTE D'AZUR »

As-tu tout de suite senti que tu étais dans une grande journée au départ de l'Omnium ?
Je ne savais pas si les jambes allaient être bonnes avant de monter sur la piste. Avant l'Omnium, j'avais battu mes records de puissance en poursuite par équipes. Mais il fallait le convertir sur les courses en peloton, sur des efforts plus longs. J'ai fait la différence sur la longueur et la gestion des efforts. Je dois être le coureur qui s'est le plus économisé sur les trois premières épreuves.

Ton bon scratch (1er) t'a permis de t'économiser pour la course Tempo ?
J'ai fait une de mes meilleures courses dans le scratch, c'était un des plus rapides (58,4 km/h) avec des attaques dès le début. J'ai réussi à prendre le tour en y allant une seule fois. J'ai couru la Tempo sur la défensive pour ne pas être leader sur la course aux points car c'est très difficile de contrôler dans ce cas-là. Mon seul objectif était de ne pas voir (Ethan) Hayter leader avant la dernière épreuve car c'est le seul capable de garder la tête. Je voulais être en position de chasseur pour pouvoir contrôler les adversaires en dessous de moi au classement avant d'attaquer ceux qui étaient au-dessus. Contrairement à ma manière de courir à Tokyo. 

Que s'est-il passé dans l'élimination quand tu es annoncé éliminé à la 7e place puis immédiatement repêché ?
D'habitude dans les éliminations, nous avons les boitiers qui s'allument quand nous sommes éliminés mais ce n'était pas le cas aux JO. Dans une élimination, tant que le coureur éliminé ne descend pas, il y a une sorte de neutralisation où on ne peut pas éliminer un autre coureur. Mais avec le public, on n'entendait pas la cloche qui annonçait l'élimination au prochain tour. Le Japonais est resté plus d'un tour après son élimination, ça changeait les repères. Quand je me fais éliminer la première fois, j'étais à la ligne bleue mais (Fernando) Gaviria, qui était bloqué plus bas, a voulu passer par la Côte d'Azur (ce qui est interdit NDLR), c'est ce qui me "sauve". Mais je vois sur l'écran géant mon nom comme éliminé et immédiatement, j'entends le speaker annoncer que le coureur français était encore en course.

« JE NE VOULAIS PLUS MONTER SUR UN VÉLO »

La course aux points s'est-elle déroulée comme tu l'avais prévu ?
Dans les 20-30 premiers tours, (Fabio) Van den Bossche devait aller chercher tout le monde. (Aaron) Gate et (Niklas) Larsen ont attaqué et ce sont des coureurs qui, s'ils prennent un tour, reprennent espoir. Occupé à aller les chercher, il ne pouvait pas jouer les sprints alors que j'ai pu marquer des points. Ma stratégie était de prendre les tours et faire craquer mes adversaires, même si Iuri Leitao m'a surpris, il était dans une forme exceptionnelle. 

Et il y a eu ta chute...
Il y a eu un moment de flottement, on est monté à la balustrade. J'étais dans la roue de Fabio (Van den Bossche) qui était dans celle d'Aaron Gate. Gate plonge brusquement, Fabio fait une vague pour le suivre et je me fais emporter comme ça, je n'ai rien pu faire. La chute m'a donné un gros coup d'adrénaline et j'ai senti que je n'avais pas mal. J'avais cinq tours pour repartir et reprendre ma place dans le peloton.

Sur le podium, l'émotion est montée...
Je ne m'attendais pas à être Champion olympique. J'ai repensé aux Jeux de Tokyo et il y a un an presque jour pour jour, à Glasgow, je voulais quasiment arrêter ma carrière, je ne voulais plus monter sur un vélo. C'était une revanche sur tout ça. C'est une fierté de le faire devant mon public, mes parents, ma famille. Je me suis retrouvé après une saison 2023 compliquée. 

« JE N'ARRIVAIS PLUS À DONNER LE RELAIS »

Que s'est-il passé dans l'Américaine où vous terminez 11e avec Thomas Boudat ?
Je n'avais pas récupéré physiquement de ma chute. Je me suis fait une grosse contracture à l'omoplate. Je n'arrivais plus à donner le relais à Thomas. On perdait des places à chaque relais, on subissait à chaque relais, car je ne pouvais pas transmettre de la force. Et j'avais des jambes moins bonnes. 

Au début des Jeux, tu avais aussi assisté à la cérémonie protocolaire...
C'était notre souhait de vivre les Jeux. C'était un moment beau à vivre. On a profité des JO du début à la fin. Nous ne sommes pas allés voir le VTT ou le BMX pour rester concentrés mais on a profité de l'effervescence des performances de la FFC même s'il y a eu pas mal de déceptions sur piste.

Après ce titre, quel est ton avenir sur piste ?
Je ne sais pas trop. Je vais voir mois par mois. Je vais repartir sur la route et profiter de l'après-Jeux. Il y a le Championnat du Monde sur piste en octobre. Je ne sais pas encore si j'ai envie d'y aller, je n'ai pas envie de me forcer. L'an prochain, ma saison sera plus axée sur la route avec l'envie de regagner sur la route. Mais je garderai ce contact avec la piste. Cette année, à partir du moment où j'ai fait des intensités sur la piste, ma forme s'est améliorée et c'est à ce moment-là que j'ai gagné pour étape au Giro.

 
Photo : Patrick Pichon - FFC

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Benjamin THOMAS