Pierre-Yves Chatelon : « Notre force est d’avoir ce triumvirat »

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

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Même s’il ne sera pas au volant de la voiture de l’équipe de France Espoirs lors du Tour de l’Avenir - François Trarieux s'en chargera -, Pierre-Yves Chatelon a comme d’habitude concocté la sélection nationale (voir ici). Avant le début de la dernière manche de la Coupe des Nations U23 à Sarrebourg (Moselle), il se confie au micro de DirectVelo au sujet de ses coureurs, de la concurrence et du parcours.

DirectVelo : Comment as-tu établi la sélection pour ce Tour de l'Avenir ?
Pierre-Yves Chatelon : Ça a été assez simple. En début de saison, j’avais annoncé aux équipes et aux coureurs que je ne prendrai que des garçons qui avaient déjà fait au moins une des deux premières manches de la Coupe des Nations, l’Orlen et la Course de la Paix. C’est le cas des six qui sont sur le Tour de l’Avenir. En plus, ils ont eu un niveau de performance très intéressant puisque Mathys Rondel a gagné l’Orlen devant Brieuc Rolland. Ce dernier a remporté la course de la Paix et Léo Bisiaux a terminé 3e. Ceux qui ont eu le rôle d’équipier, Clément Izquierdo sur l’Orlen et Léandre Lozouet ainsi que Pierre Thierry à la Course de la Paix ont fait le taf et ont donné satisfaction. Partant de là, la sélection a été assez facile à faire. Il y a un absent de marque en la personne d’Alexy Faure-Prost qui a participé à la Course de la Paix, mais hélas il n’a pas réussi à retrouver son niveau de l’an dernier. S’il avait vraiment performé, la sélection aurait été moins évidente à réaliser car c’était difficile de mettre quatre grimpeurs dans une équipe de six, au risque de se marcher dessus. Il faut du monde pour aller dans les coups et pour rouler. Les premiers jours, il faut un garçon qui ait une petite pointe de vitesse, ne serait-ce que pour assurer une place afin de ne pas être trop loin dans la file des voitures. Ce sera le rôle dévolu à Léandre Lozouet. 

Il n’y a pas eu de stage en amont cette année. Comment tes coureurs ont-ils préparé l’épreuve ?
Ils l’ont tous préparée de manière individuelle. Je les ai informés assez tôt qu’on ne faisait pas le traditionnel stage de préparation et de reconnaissance des étapes en raison des restrictions budgétaires. Je leur ai rapidement transmis les parcours dès qu’on les a eus. Certains sont allés reconnaître quelques étapes en parallèle de leur programme de courses. 

« DANS LA PEAU DES OUTSIDERS »

Avec quel état d’esprit la sélection française aborde-t-elle ce Tour de l’Avenir ?
Je considère qu’on n’est pas dans la peau des favoris. Jarno Widar a démontré plein de choses depuis le début de saison. Même si on a gagné l’Orlen et la Course de la Paix, on est plus outsiders. Le podium reste largement jouable, notre force est le collectif avec trois grimpeurs susceptibles de bien jouer au général. On l’aborde volontairement avec humilité parce que je me souviens de l’année 2022 où on avait Lenny Martinez et Romain Grégoire, on y allait presque avec des certitudes avec ce que Lenny avait prouvé avant notamment lors du stage. Finalement, ça ne s’était pas très bien passé. Le Tour de l’Avenir est toujours une épreuve où il faut se garder de tirer des plans sur la comète. En tout cas, on est très bien armés pour faire quelque chose de beau. 

Est-ce que Jarno Widar est battable ?
Je le pense. D’une part, il est Espoir 1, il sort de Junior et il a beaucoup enquillé depuis le début de saison. Par expérience depuis dix ans, les gens qui performent à l’Alpe Isère, au Tour d’Italie, au Tour du Val d’Aoste et au Tour Alsace ne sont pas nécessairement les mêmes au Tour de l’Avenir. À mon sens, je lui prête plus des qualités de puncheur qui lui permettent de briller sur des étapes spécifiques. Je crois que certaines étapes, notamment celle du Finestre, ne sont pas particulièrement dans son registre où il faut vraiment être un grimpeur pur au long cours, sur la fatigue au bout de sept jours de course. Je peux me tromper. Dans mon esprit, il est largement battable, on l’a vu par le passé avec le regretté Bjorg Lambrecht qui avait tout atomisé au Val d’Aoste, à l’Alpes Isère et au Tour Savoie Mont-Blanc à l’époque et qui n’était pas au même niveau au Tour de l’Avenir. 

« RIEN NE SERA ACQUIS AU PIED DU FINESTRE »

Est-ce que la course va décider du leader ou va-t-il y avoir un leader protégé au début ?
Ce sont vraiment les circonstances de course qui décideront. On a trois belles cartes à jouer. Ce serait dommage d’en sacrifier deux d’entrée pour se mettre exclusivement au service d’un coureur sur lequel on n’aurait pas forcément de certitudes. Notre force est d’avoir ce triumvirat et savoir l’utiliser intelligemment y compris à l’approche de la montagne où il y aura peut-être moyen de créer des mouvements de course qui peuvent piéger des favoris trop esseulés dans leur équipe. 

Que t’inspire le parcours ?
C’est relativement dur. Il n’y a pas d’étapes pour les sprinteurs même si on peut se poser la question pour la première. La montagne arrive vite. Le Plateau d’Hauteville est plus punchy mais ça peut être piégeux avec un coup qui part de loin avec des favoris. Ça va certainement se courir à haute intensité comme les autres Tour de l’Avenir. Quand on rentrera dans le vif du sujet, l’étape référence sera à mon avis l’arrivée à la Rosière avec un enchaînement de trois cols sur 70 bornes, c’est du lourd. Il faudra arriver sans encombres et pourquoi pas avec un coup d’avance. L’étape du lendemain, il y aura l’Iseran à passer, mais l’arrivée au Karellis est quand même loin et ce n’est pas super dur. Ce sera peut-être une étape de gestion par rapport à ce qui ce se sera passé la veille. Ensuite, le jour du Mont Cenis, ça basculera très loin de l’arrivée, il y aura 25-30 bornes de plaine pour arriver en Italie, je ne pense pas que ce sera très dangereux. À la fin, le juge de paix sera le Finestre où tout peut être renversé en une seule ascension comme l’avait fait Chris Froome au Giro 2018. Rien ne sera acquis au pied du Finestre. Par ailleurs, je trouve dommage que le Tour de l’Avenir soit plus condensé, ça enlève un peu son identité. Quand il y avait dix jours de course avec un jour de repos, ça avait de la gueule et c’était mieux pour la formation des jeunes. 

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