Stephen Delcourt : « Maintenant, vous savez pourquoi... »

Crédit photo A.S.O / Thomas Maheux

Crédit photo A.S.O / Thomas Maheux

Le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide. Bien sûr, il y a eu la crevaison de Grace Brown lors du chrono néerlandais, la chute de Cecilie Uttrup Ludwig lors de l'étape qui lui convenait le mieux et où elle semblait caresser les pédales, le temps perdu par Evita Muzic en début de semaine... Mais avec une 4e place finale pour la grimpeuse franc-comtoise, le rêve de remporter un jour le Tour de France se rapproche. Bien qu'il ne puisse toujours pas en dire beaucoup plus sur les importants départs et arrivées à venir sur le marché des transferts, Stephen Delcourt a fait le bilan de la semaine avec DirectVelo, tout en se projetant (un petit peu) sur la suite. Entretien avec le manager général de la FDJ-Suez, une équipe qui s'affirme plus que jamais comme l'une des meilleures au Monde. 

DirectVelo : L'équipe a encore fait la course avec une 3e place au bout...
Stephen Delcourt : C'est un gros résultat pour l'équipe même si Evita est déçue parce qu'elle termine au pied du podium. On a pris en main très tôt. On nous a beaucoup critiqué pour avoir roulé les derniers jours, en croyant en Evita pour gagner une étape, en croyant en Evita pour le général. Les six filles se sont mises à la planche pour Evita. Maintenant, vous savez pourquoi... On savait que si on l'emmenait dans ces cols, son terrain de jeu, elle pouvait le faire. Elle est géniale, elle a ce côté leader et elle le sera pour les prochaines années. On sait qu'Evita sera notre leader pour de longues années. 

« IL FAUT ABSOLUMENT QU'ON AIT UNE ÉQUIPE ENCORE PLUS FORTE »

Evita avait des jambes de folie dans l'Alpe d'Huez ! 

C'est tout le Top 5 qui avait des jambes de folie. Je pense que Demi (Vollering) est très déçue par son équipe et par Pauliena Rooijakkers qui l'a fait perdre. Mais derrière, Kasia Niewiadoma mérite son Tour de France, les chutes font partie du vélo. (Gaia) Realini et Evita ont roulé, c'était super beau. Ce qu'a fait Cédrine Kerbaol lors de sa victoire d'étape, c'était très beau aussi. Le grand gagnant de ce Tour de France, c'est le cyclisme féminin. On a un bel avenir devant nous. 

Evita termine 4e du Tour de France...
On est dans la progression. Elle fait un Top 10 la première année (8e, NDLR), l'an dernier elle abandonne sur blessure, très déçue. 6e de la Vuelta, 4e du Tour, que peut-on espérer de mieux ? Depuis qu'elle est arrivée chez nous en 2018, sa progression est régulière. Pour la suite, il faudra être encore plus fort collectivement, lui donner encore plus de moyens et c'est mon travail d'hier et de demain. Je pense qu'on était déjà l'équipe la plus forte avec Lidl-Trek mais il faut absolument qu'on ait une équipe encore plus forte en 2025 pour emmener Evita encore plus loin. Il faudra bosser encore plus sur tous les détails car ça ne se joue pas à grand-chose. On voit qu'elle est capable d'aller gagner un Tour de France, une Vuelta ou un Giro. 

En 2025, Evita sera entourée de leaders différentes de celles des dernières années, qui voudront elles aussi gagner le Tour... 
Il est encore trop tôt pour en parler même si on a déjà annoncé les arrivées de Célia Gery et Juliette Labous. Juliette a peut-être eu un jour sans aujourd'hui mais elle est, comme Evita, capable de monter sur le podium du Tour. Pour l'instant, on a envie de faire le bilan de ce Tour de France qui reste un bon Tour de France. On veut toujours gagner une étape ou faire un podium. On perd une étape sur une crevaison (Grace Brown lors du contre-la-montre, NDLR), et on fait 4 du Tour. C'est un bon mais pas un excellent Tour de France. En tout cas, il est rempli d'enseignements. 

« L'ADN DE LA FDJ-SUEZ, C'EST UN GRAND COLLECTIF »

As-tu des regrets sur la semaine, au-delà de la crevaison de Grace Brown ?

Oui, samedi, on voit Evita se replacer en sixième position, on aurait pu gagner quelques secondes par-ci par-là. Par exemple, elle a bien fini le chrono mais elle a eu du mal à l'entamer. On se demande si on aurait dû tenter dans le Glandon... Mais on a fait une super course, on a pris la course en mains, on était persuadé qu'Evita pouvait gagner plusieurs étapes. On en a coché plusieurs, on les a jouées à fond. On n'a pas gagné d'étapes mais on n'a jamais démérité.

Il y avait cette volonté collective de prendre des initiatives, de s'affirmer comme l'une des meilleures formations au Monde ! 
C'est dans l'ADN de l'équipe de prendre notre destin en mains, de ne pas dépendre des autres. Nous avons toujours été une équipe offensive qui savait tenter. On gagne beaucoup mais pas assez. Quand vous avez une cycliste comme Grace Brown, c'est un peu plus facile, regardez la progression de Léa Curinier, regardez le travail de Loes (Adegeest, NDLR) et d'Amber (Kraak), le travail de l'ombre de Coralie (Demay) pour replacer Evita ou pour la motiver dans la chambre. L'ADN de la FDJ-Suez, c'est un grand collectif.

As-tu hâte d'être à l'année prochaine, avec une équipe qui s'annonce XXL ?
Non (sourire), j'ai hâte d'être à Plouay, j'ai hâte d'être au Tour de l'Ardèche, j'ai hâte d'être au Tour de Romandie, de faire un gros Championnat du Monde. Je sais que Paul (Brousse, le sélectionneur national, NDLR) aura la chance d'avoir une grande Evita. J'ai hâte de finir la saison et ensuite, on construira une grosse équipe. 

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