Le « plus grand accomplissement » de Joseph Blackmore
La montée du Finestre ressemblait à une course contre-la-montre pour Joseph Blackmore. Et à la fin, le Britannique a sauvé ce qu'il pouvait en remportant le Tour de l'Avenir, pour douze petites secondes face à son adversaire espagnol, Pablo Torres (voir classement). "C’est mon plus grand accomplissement, de réussir sur un grand col comme ça... Je ne suis pas le meilleur grimpeur de la course, c’était clair aujourd’hui, mais je devais me donner à 100% et me tester. Je suis vraiment content", soufflait-il au podium protocolaire. Lorsque l'Espagnol a démarré à 13 kilomètres de l'arrivée, le maillot jaune a pourtant tenté de s'accrocher à sa roue. "Mais j'ai vite réalisé qu'il allait à un rythme trop soutenu pour moi. Je devais le laisser partir, j'avais besoin de récupérer".
Pablo Torres s'est envolé, kilomètre après kilomètre, et comme il le disait la veille (lire ici), « Joe » Blackmore s'est mis à son rythme pour gérer aussi bien qu'il le pouvait. "Je voulais conserver une bonne vitesse jusqu’au sommet. J’ai donné 100% jusqu'en haut. Mais (Pablo) Torres grimpe tellement bien !". Et pourtant, le danger commençait à être sérieux dans les derniers hectomètres. Mais le leader de l'épreuve pouvait compter sur l'appui de Tijmen Graat. "Dans les derniers kilomètres, j’avais besoin de connaître les écarts. J’ai tout donné, quand Graat est rentré sur moi, je savais qu’on pouvait bien rouler ensemble. Je devais gérer l’écart et heureusement, j’ai réussi à le faire pour finir avec une toute petite marge".
« IL FALLAIT DÉCOUVRIR DE NOUVELLES LIMITES, ET JE PENSE QUE C'EST CHOSE FAITE »
Sur la partie haute du Finestre, dans les derniers kilomètres de gravel, les routes qui tournicotent permettent d'apercevoir les adversaires. Mais de toute façon, à la fin, il n'y avait plus besoin de chercher Pablo Torres sur les hauteurs. "Dans le dernier kilomètre, il était déjà arrivé, rigole le vainqueur de l'étape à La Rosière. Il est le meilleur grimpeur de la course. Quand on fait la course comme hier avec une bonne tactique d’équipe et de l’engagement c'est possible, c’était un bel effort collectif pour remporter la course. Je devais faire mon maximum pour conserver le maillot et j’ai réussi". C'est en effet ce coup de force de la veille, sur la route de Condove qui lui permet finalement de monter sur la plus haute marche du podium, ce samedi. Car Joseph Blackmore ne prétend pas être le plus fort. "Dans les longues montées, je devais juste me donner à 100% et limiter les dégâts par rapport aux meilleurs grimpeurs".
Porteur du maillot jaune plus tôt dans la semaine, avant de le perdre, l'habituel coureur d'Israel-Premier Tech n'a jamais lâché le morceau, tentant sur tous les terrains. "Je pense que j’aime juste courir, ce n’était pas tactique dans le col, c’était l’effort maximal. Hier avec l’échappée, ça a couru à l'instinct. Je prends les opportunités quand elles se présentent". Vainqueur au Rwanda, à Taiwan, aux Ardennes... Aucune course par étapes ne lui échappe. "Je pense que mon style est bien pour les courses d’une semaine avec des étapes explosives et pour puncheurs, ou avec des échappées comme hier. J’aime quand ça court comme ça. Je pense que dans le futur les courses d’une semaine vont bien me convenir". D'autant qu'il a trouvé des réponses à ses questions. "Il fallait découvrir de nouvelles limites et je pense que c'est chose faite", rigole-t-il.