Yohann Simon : « Je n’avais pas le choix »

Crédit photo ANDRÉ QUENTIN - WWW.GGFOTOVELO.FR

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Il aurait été cruel qu’il ne finisse pas par lever les bras au ciel sur une ligne d’arrivée d’ici la fin de saison. C’est désormais chose faite. Après avoir cumulé les accessits toute l’année - douze Top 5, vingt-et-un Top 10 -, après avoir également frôlé la victoire lors des deux premières étapes des 3 Jours de Cherbourg, Yohann Simon a fini par l’emporter, ce dimanche, lors du troisième et dernier acte de l’épreuve normande. Impressionnant dans les forts pourcentages de la Montagne du Roule, le sociétaire de Dinan SC fait même coup double et enlève le général (voir classements). Euphorique, le Breton partage son bonheur avec DirectVelo en revenant sur ces trois dernières journées où il n’aura jamais ménagé sa peine, jusqu’à se voir récompensé. Entretien.

DirectVelo : Te voilà enfin victorieux !
Yohann Simon : C’est un gros soulagement. Je l’attendais depuis longtemps celle-là. En milieu de semaine, un journaliste m’a dit que j’étais le seul coureur du Top 30 du Challenge DirectVelo à ne pas avoir gagné. J’ai fini par me dire qu’il y avait un problème, que je courais mal… Mais ça y est, c’est réglé (rires).

Reprenons le scénario de ces 3 Jours de Cherbourg dans l’ordre. Tu avais déjà réalisé un premier numéro en solitaire vendredi lors de l’étape inaugurale…
J’ai tenté le coup à dix bornes de l’arrivée et j’ai été repris aux deux kilomètres par quatre gars. On a fini au sprint à cinq et j’ai fait n’importe quoi à l’arrivée. J’ai lancé le sprint aux 300 mètres alors qu’il y avait vent de face et j’ai même pris une cassure de deux secondes. J’ai quand même senti que j’avais de très bonnes jambes mais c’était frustrant de passer encore à côté. Le faux-plat montant dans le final m’a condamné. J’étais vraiment déçu.

« J’AI COMMENCÉ À ME DEMANDER SI JE N’ALLAIS PAS FINIR L'ANNÉE BREDOUILLE »

Puis tu as retenté le coup sur la deuxième étape !
Je voulais prendre chaque étape comme une course d’un jour et ne surtout pas avoir le moindre regret. Je voulais absolument gagner une des trois étapes et je savais que le général pouvait en découler aussi car les écarts ne sont jamais importants ici et ça se joue généralement aux bonifications. J’ai attaqué dans la dernière bosse, en même temps que Jonas Geens mais avec dix mètres de retard. Et je suis resté à dix mètres tout le long… Jusqu’à ce que je sois repris par le groupe de contre, encore une fois. Alors que Jonas Geens est allé au bout. Mais j’avais Jocelyn Baguelin dans la roue et la situation n’était pas idéale pour moi. J’ai fait 8 au sprint mais j’espérais autre chose. Je n’avais pas de regrets, j’ai tout tenté dans la bosse, mais c’était encore une occasion de ratée.

Après être passé tout près à deux reprises, dans quel état d’esprit étais-tu ce midi : frustré, revanchard ? Avais-tu de la pression ?
J’étais hyper frustré. J’ai repensé à toutes ces places d’honneur depuis le début d’année. Que ce soit en chrono ou sur les courses en ligne, je suis passé tellement de fois tout près… Au chrono du Nivernais, j’ai été battu de trois secondes par un pro, Samuel Leroux. Au sprint, j’ai toujours été battu alors que j’étais souvent dans le coup. Il y a toujours quelqu’un de plus fort. J’ai commencé à me demander si je n’allais pas finir l’année bredouille mais j’étais vraiment concentré sur cette dernière étape car sur le papier, cette arrivée en bosse me convenait.

Finalement, tu l’as emporté à la pédale en te montrant clairement le plus fort…
Je ne me suis pas dit que j’étais possiblement le plus fort avant l’étape, même si j’avais été costaud les deux premiers jours. Je pensais aussi à la victoire finale et je me suis dit qu’il fallait creuser un écart de 14” sur Jocelyn Baguelin, ce qui est à la fois peu et énorme. J’ai pu compter sur un travail parfait de l’équipe. On a manœuvré comme il le fallait. Florian (Rapiteau) et Léo David étaient présents dans la grosse échappée de douze pendant toute l’étape. Comme Florian était bien placé au général, il a longtemps été leader virtuel. C’était top pour nous. Finalement, c’est rentré dans le final et Axel (Prod’homme) a fait une descente parfaite pour moi. Puis Théo (Lévêque) m’a déposé au pied et là, je ne me suis plus posé de questions.

« J’AURAIS PU TOUT PERDRE »

En te mettant à bloc d’entrée ?
Sur une arrivée comme ça, avec un kilomètre à 10%, il fallait attaquer dès le pied pour espérer gagner le général. Je me suis retrouvé avec cinq mecs dans la roue et j’en ai remis à chaque virage. Je relançais dès que je le pouvais. On s’est retrouvés à quatre, puis trois… Puis il n’y a plus eu que Nicola Marcerou avec moi.

Aux 300 mètres, tu pouvais encore gagner l’étape et le général mais aussi te faire battre par Nicola Marcerou pour l’étape et louper le général pour une ou deux secondes…
Je ne me suis pas posé de questions. Si j’avais trop pensé à la victoire d’étape, si j’avais essayé de jouer avec Nicola Marcerou, j’aurais pu tout perdre. Je pensais surtout à Jocelyn Baguelin et Jonas Geens qui étaient, visiblement, suffisamment loin pour que j’espère gagner le général. J’ai tout donné jusqu’au bout, je n’avais pas le choix. Aux 300 mètres, j’ai senti qu’il commençait à coincer et j’en ai remis une dernière. J’ai tenu jusqu’au bout et ça l’a fait. Je tiens vraiment à remercier les gars car le général se joue à quatre secondes et c’est donc aussi grâce à leur boulot et à mon placement au pied de la montée finale.

Après avoir couru après une victoire pendant des mois, en voilà deux en un après-midi !
(Rires). Oui, ça en fait deux pour le prix d’une, c’est top. Depuis quelques semaines, je m’étais promis de prendre des risques sur toutes mes courses pour essayer de gagner car je savais que je n’en prenais pas assez jusque-là. C’était peut-être l’une des raisons de mon manque de réussite. Cette fois, dans ma façon de courir, j’ai pris le risque de tout perdre et finalement, ça a payé. Cette victoire change beaucoup de choses dans le bilan de ma saison. Maintenant, avec deux victoires et beaucoup de places d’honneur, je peux dire que c’est une très bonne saison.

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