Remco Evenepoel : « C’était assez stressant »
Le rêve de nouveau sacre mondial de Remco Evenepoel a bien failli tourner court. Quelques instants avant de s’élancer pour le Championnat du Monde contre-la-montre, le Belge a été victime d’un saut de chaîne sur la rampe de lancement. Malgré quelques secondes de panique au sein du staff belge et après avoir eu le temps d’envisager brièvement un changement de vélo, le grand favori a pu s’élancer à l’heure. Un second couac avec son capteur de puissance a privé le double Champion olympique du moindre repère durant la course mais ces différents aléas ne l’ont pas empêché de conserver son maillot arc-en-ciel, pour six secondes, face à un grand Filippo Ganna (voir classement). DirectVelo était présent à la conférence de presse de Remco Evenepoel à Zurich, ce dimanche après-midi. Entretien.
DirectVelo : Tu as bien failli perdre ce Mondial avant même de t’élancer !
Remco Evenepoel : Lorsque j’ai eu ce saut de chaîne, je me demandais combien de temps il me restait pour m’élancer, c’était assez stressant. J’ai vu le staff arriver avec le vélo de rechange mais finalement, on a pu remettre la chaîne et j’ai pu me mettre en place à 25 secondes du moment où je devais partir. Bon, forcément, ce n’était pas l’idéal. Ma compagne m’a appris, au fil des années, qu’il ne faut pas devenir fou sur des choses dont on n’a pas le contrôle et ici, clairement je n’avais pas le contrôle (rires). En plus, ça n’a pas été la fin de mes soucis. Après quelques secondes, j’ai vu que je n’avais pas les données sur le compteur… Il ne fonctionnait pas. C’était vraiment problématique. Bon, il a fallu faire sans… Mais avec ces deux problèmes coup sur coup, je n’étais clairement pas dans les meilleures dispositions pour faire un gros temps et aller chercher le titre. Et pourtant, je l’ai fait. Ce sera une belle histoire à raconter à mes enfants à l’avenir.
« LE PLAN ÉTAIT DE GAGNER LE CHRONO DANS LES MONTÉES »
Comment expliques-tu ce problème de compteur ?
Je ne sais pas trop… Mais ce n’est pas la première fois que ça m’arrive. Je me demande si sur ces grosses courses, quand il y a beaucoup de caméras et d’appareils de ce style autour, ça ne “brouille pas les ondes” en quelque sorte. Heureusement, il n’y a pas eu de conséquence. Mais j’aime bien avoir mes données sur les chronos, savoir où j’en suis. C’est toujours important pour la gestion. Si j’avais perdu le chrono pour deux ou trois secondes, ça aurait été frustrant mais heureusement, il n’y a pas à y penser.
Comment as-tu, malgré ces différentes péripéties, géré ce chrono ?
Le plan était de gagner le chrono dans les montées mais en fait, ça n’a pas vraiment été le cas. C’est dommage mais par chance, j’ai réussi à faire la différence dans les cinq derniers kilomètres, même si c’était limite et que j’ai eu beaucoup de mal à garder ma vitesse sur la fin. Je pense que s’il y avait eu cinq kilomètres de plus, ça ne passait pas. Mais ça l’a fait. Le plus important, c’est de gagner, peu importe l’écart.
« J’AURAIS PU ROULER PLUS FORT »
As-tu douté, ces derniers jours, de pouvoir être à ton meilleur niveau, après t’être déjà énormément employé depuis le début de saison pour revenir de blessure et performer sur le Tour et aux Jeux Olympiques ?
Avant le Tour de Grande-Bretagne, je n’étais sûr de rien. Je me demandais si ça allait le faire, je n’arrivais pas à retrouver mes meilleures jambes. J’ai préféré zapper le Championnat d’Europe et avec le recul, je pense pouvoir dire que c’était la bonne décision. Ces derniers jours, j’ai fait beaucoup de derrière scooter et j’ai retrouvé de très bonnes sensations mais oui, j’ai eu le temps de douter un petit peu.
Où situes-tu cette performance par rapport aux autres de la saison face à l’horloge ?
Si on parle de performance pure, la plus grosse était celle aux J.O, puis le chrono du Tour et je mettrais celle-ci en N°3. Si j’avais eu mes données de puissance et pas ce problème au départ, ça aurait pu être mieux. Je suis sûr que j’aurais pu rouler plus fort mais bon, ce n’était pas mauvais non plus puisque je gagne. Ça reste un chrono de très haut niveau, surtout dans ces conditions.