Audrey Cordon-Ragot « désolée », la France déçue
Comme d’habitude, Audrey Cordon-Ragot ne s’est pas cachée et a parlé en toute franchise. “Je me sens coupable. J'étais vraiment hors sujet aujourd'hui”, a-t-elle estimé ce mercredi à l’arrivée du relais mixte du Championnat du Monde disputé à Zurich (Suisse). La France, Championne d’Europe et 2e du Mondial l’an passé, avait de grandes ambitions et pouvait même rêver du titre après les forfaits en cascade chez la Suisse, tenante du titre. Mais les protégés de Thomas Voeckler et Paul Brousse doivent se contenter au final d’une place au pied du podium de l’épreuve remportée par l’Australie (voir classement).
4e, c’était la place des garçons après leur passage. Bruno Armirail, Thibault Guernalec et Benjamin Thomas ont concédé 22 secondes à l’Australie, déjà en tête. Les Français ont été portés par un très fort Bruno Armirail. “Il a été aussi fort qu’intelligent. La locomotive de Bagnères nous sauve. On a réussi à maintenir dans la partie difficile et rester unis à trois”, rapporte Benjamin Thomas. “Le plus costaud devait faire des relais plus longs sans s’enflammer pour ne pas perdre tout le monde dans le rouge”, rapporte Bruno Armirail, sans se citer comme le plus costaud du groupe.
“On a pu compter sur un Bruno dans un grand jour, confirme Thibault Guernalec. Il faisait un bon chef d’orchestre. J’ai essayé de me calquer sur son rythme pour ne pas ralentir. On a été forts jusqu’au bout tous les trois”. Benjamin Thomas n’a pas pu être là jusqu’au bout. “Je suis content qu’il y ait eu les copains. Je n’étais pas dans une super journée. Ce n’est pas agréable de se faire broyer comme ça pendant un chrono”. Mais au moment où les femmes ont pris le relais, tout était encore possible. “On est à 22 secondes comme l’an dernier au Championnat d’Europe. C’est assez correct”, commente alors Bruno Armirail.
« DUR DE PRENDRE UNE AUTRE DÉCISION »
Malheureusement pour le clan français, Audrey Cordon-Ragot n'est pas dans un grand jour et elle l’a senti dès l’échauffement. “On évite de le dire pour garder tout le monde concentré, mais je le savais au fond de moi. Quand on démarre dans une telle bosse on sait tout de suite si on est dans le game ou pas, et je n'y étais pas”. Dans un premier temps, Juliette Labous et Cédrine Kerbaol attendent la Bretonne. “On avait tout misé sur le fait de rester à trois le plus longtemps possible, on a donc attendu Audrey, indique Juliette Labous. On avait la confirmation depuis la voiture qu'il fallait rester à trois donc on a suivi ce plan-là, c'était dur de prendre une autre décision”.
Audrey Cordon-Ragot regrette de ne pas avoir dit à ses coéquipières de filer sans elle. “Elles seraient allées plus vite à deux, dit-elle. Au bout de dix bornes, je leur ai dit d'y aller sans moi, je ne pouvais pas passer de relais. J'étais là pour faire la décoration sur le vélo. Je n'ai servi à rien à part ralentir l'équipe, j'assume la responsabilité, c'est de ma faute. J'étais à côté de mes pompes. Si elles ne m'avaient pas attendue, il y avait moyen d'être sur le podium, clairement”.
Derrière, le duo a tout donné pour monter sur la boîte. Mais il a manqué quinze secondes pour avoir une breloque. “Il y a un peu de frustration, mais c'est normal sur le coup. On est déçus, forcément. Il y avait mieux à faire. On venait pour chercher mieux qu'une 4e place”, rappelle Juliette Labous. Une fois arrivée, Audrey Cordon-Ragot s’est excusée auprès de ses coéquipiers du jour. “Je leur ai dit que j'étais désolée, il n'y a pas grand chose d'autre à dire”. C’était sa dernière avec les tricolores. “Ce n'était pas de cette façon que j'avais envie de quitter l'équipe de France. Ça fait chier. La culpabilité est dure à gérer mais il faut assumer, c'est le sport. Je ne sais pas si je manquerai à l'équipe de France, mais moi elle me manquera”, sourit-elle malgré tout au moment de quitter la zone mixte.
Crédit photo : Patrick Pichon - FFC