Issoire Cyclisme : « Tu es obligé de calculer »
Issoire Cyclisme restera en N3 l'an prochain et ne fait pas partie des clubs qui quitteront la Nationale. Mais la situation n'est pas satisfaisante pour Claude Laffaire, son président. "Si on regarde le critère sportif (lire ici le classement à mi-campagne 2024-2025), on devrait être en N2 mais nous n'en avons pas les moyens. C'est le cas depuis plusieurs saisons mais faute de moyens nous stagnons en N3", regrette-t-il auprès de DirectVelo. Présent en N3 depuis 2013, le club ne peut pas financer le surplus d'activité lié à la présence en N2, ni une structure Juniors qui faisait partie des projets."Il faudrait rémunérer un salarié et un calendrier de courses qui intéresse et attire les coureurs mais ça demande des dépenses supplémentaires qu'on ne peut pas cumuler avec celle de la N3".
« CES STRUCTURES PROVOQUENT UNE SURENCHÈRE »
Le club auvergnat est basé sur le bénévolat, à tous les étages. "Depuis que nous sommes en DN, on ne fournit pas de vélo, ni défraiement aux coureurs, tout l'encadrement est bénévole alors qu'aujourd'hui, tout le monde veut tirer parti des structures". Le dirigeant pointe du doigt la concurrence entre clubs qui tourne la tête des coureurs qui cèdent aux sirènes. "C'est à tous les niveaux et c'est compliqué dans les rapports humains à l'intérieur de l'équipe. Quand Atria s'est mise en place, ce sont nos voisins, ils ont proposé plus de moyens aux coureurs. Alors des coureurs qui n'ont encore rien montré viennent nous demander ce qu'on pourrait leur donner. Des coureurs se gargarisent avec le label N3 mais sans s'entraîner plus, observe-t-il. Toutes ces structures provoquent une surenchère. S'il faut mettre la main à la poche pour chacun de nos coureurs, quand on en a 15-20, on ne pourra pas le faire".
Le club 7e des N3 au Challenge DV a bouclé le budget minimum demandé par la FFC. "Les 50 000 euros, on les a", assure Claude Laffaire. Le label délivré par la fédération est aussi une source de revenus. "Être en N3 nous permet d'avoir une subvention régionale et une subvention locale calculée sur le nombre de licenciés. Il y a aussi une subvention si on va courir le Championnat de France, 1000 à 1500 euros, mais rien pour la Coupe de France", récapitule Claude Laffaire. Pour se déplacer, Issoire Cyclisme a été soutenu. "Nous bénéficions de la mise à disposition d'un véhicule par la région, un Renault Trafic 9 places. Nous avons un Ford Transit acheté à 60 000 km et un Peugeot Boxer qui est à 200 000 km, une Passat et un autre véhicule d'occasion. On peut déplacer du monde". Mais les Auvergnats doivent faire attention à chaque déplacement. "Quand tu réserves les hôtels, tu es obligé de calculer. La manche de Coupe de France du CLM Champenois nous a coûté 2 500 euros".
COUREURS ET PARTENAIRES ATTACHÉS À L'ÉTIQUETTE N3
Parmi le catalogue de subventions possibles, Issoire Cyclisme n'a encore jamais tenté de demander des subventions à l'Agence Nationale du Sport, notamment en ce qui concerne l'aide à l'emploi. "On n'a pas déposé de demande d'aide à l'ANS sur l'avis du cabinet conseil, je ne sais pas si c'est ce qu'il fallait faire", concède le président. Du côté du financement privé, le coronavirus a laissé des traces. "Nous avons perdu des partenaires privés depuis le Covid. Plusieurs entreprises se retranchent derrière la période Covid pour diminuer leurs aides. Nous avons une multitude de partenaires de 500 à 1000 euros mais on en a moins de dix à plus de 1000". Mais le label N3 séduit les entreprises. "Des partenaires sont attachés à cette étiquette. Des coureurs aussi, c'est une référence. Certains m'appellent car ils font le tour des N3, y compris de l'étranger mais on ne peut pas les loger, faute de budget".
Un coureur d'Issoire Cyclisme a brillé cette saison mais sans quasiment porter le maillot du club. Louis Chaleil, 5e du Challenge DV Junior compte quatre victoires au niveau UCI. "Louis a eu la gentillesse de rester licencié au club, apprécie Claude Laffaire, mais nous n'avons pas pu le faire courir en Coupe de France car il courait avec Decathlon ou en sélection". Les retombées pour le club sont nulles pour l'instant. "Il n'y a pas de retour financier de Décathlon et ça ne motive même pas certains partenaires à se rapprocher de nous car la saison de Louis, c'est une saison Decathlon, il n'a pas l'étiquette d'Issoire". Si le futur coureur de la Conti de Decathlon AG2R La Mondiale passe en WorldTeam, alors Issoire Cyclisme pourra toucher des indemnités de formation, 2000 euros par saison passée au club depuis les Cadets 1. Soit un peu moins que le déplacement pour le CLM Champenois...