Anatole Leboucher : « C’est vraiment un accomplissement »
Anatole Leboucher a profité de la fin de la saison pour débloquer son compteur en Elite Nationale. Le week-end dernier, le coureur de l'UC Cholet 49 s'est imposé sur Paris-Connerré (voir classement). "Savoir que je suis capable de gagner une course comme Paris-Connerré, c'est vraiment un accomplissement. Je ne pensais pas être capable de gagner en Elite". Pourtant, il a bien failli tout perdre après un incident durant la course. "À deux tours et demi de l’arrivée, je suis sorti avec un petit groupe, mais j'ai roulé sur un nid de poule, ma chaîne a sauté et j'ai déraillé. Je me suis pris un bon coup de stress, puis j'ai vite remis ma chaîne et j’ai réussi à vite revenir sur le groupe. Dès que je suis revenu, (Florentin) Lecamus-Lambert, (Luca) De Vincenzi et (Mael) Soranzo ont attaqué et personne n'a contré". Finalement, sans s'affoler, tout rentre dans l'ordre après un coup d'accélérateur.
Fallait-il encore réussir à disposer de ses trois adversaires. Anatole Leboucher n’avait pas forcément confiance, mais il avait espoir. "J’avais un peu peur de Lecamus-Lambert parce que je savais qu’il était très rapide au sprint, mais je savais que j’étais bien et que dans un petit groupe, j'ai une assez belle pointe de vitesse". Néanmoins, le coureur de 21 ans n'a finalement pas attendu un sprint aléatoire. "À 1,5 km de l’arrivée, j'ai passé un relais et j'ai vu que derrière moi, ils se regardaient. C’est à ce moment-là que j’ai appuyé le plus fort possible sur mes pédales. Il me restait la dernière bosse puis la grande ligne droite. Ça me paraissait interminable, puis dans les 100 derniers mètres, quand j’ai vu que c’était gagné, j’ai vraiment savouré". Une saveur particulière pour celui qui est revenu à la compétition l'an dernier, après une longue pause.
UNE PAUSE « POUR PROFITER DE LA VIE »
Venu au cyclisme dans la suite d'une tradition familiale, Anatole Leboucher se découvre une passion pour la Petite Reine. "Quand j’étais gamin, j'allais déjà sur les courses voir mon père et mes frères", se souvient-il. Il commence alors avec le VTT, puis s’essaie au cyclo-cross avant le cyclisme sur route. Mais sans vraiment s'entraîner dans un premier temps. Ce n'est qu'en Junior 1 qu'il s'investit davantage. La porte de l'UC Nantes Atlantique s'ouvre alors. "Je n’ai pas spécialement fait une grande saison, mais je me suis quand même amélioré". Mais avec la pandémie de Covid et la fin des années Juniors, Anatole Leboucher s'éloigne alors des pelotons un an et demi "pour profiter de la vie. Beaucoup de coureurs abandonnent le cyclisme vers 23 ans parce qu’ils n’ont pas profité de la vie et ils s’en mordent les doigts. Je ne voulais pas que ça m’arrive à mon tour et je voulais voir autre chose", explique-t-il.
Ce n'est qu'en 2022 qu'il reprend finalement le chemin de la compétition, en rejoignant l'UC Cholet 49 en N2. Ses efforts sont rapidement récompensés par une victoire en Open 1 et deux en Open 3, ce qui lui permet d’intégrer l’équipe Élite la saison suivante. "Après, comme j’avais quand même pas mal aidé l’équipe, mon directeur sportif Alban Launay a aimé mon profil et a bien voulu me garder en Élite". Mais Anatole Leboucher connaît une année 2024 compliquée, de sa propre responsabilité. "Je n’étais pas vraiment professionnel dans mon approche des courses et de mes entraînements. Je ne faisais même pas attention à mon poids". Avant de craquer. "Je me suis mis la pression pour réussir et même un peu trop à des moments, j’ai manqué de professionnalisme".
« JE NE POUVAIS MÊME PLUS APPUYER SUR LES PÉDALES »
Outre la dimension mentale, le physique lâche aussi du même coup. "Je n’avais pas fait d’étude posturale et à ce niveau, il faut le faire, c’est quasiment obligatoire. Je me suis donc dans un premier temps blessé à mon genou gauche avec une tendinite, puis le genou droit avec une inflammation. Je ne pouvais même plus appuyer sur les pédales et forcer". Résultat, Anatole Leboucher doit passer trois mois loin de la compétition au printemps, avant de reprendre au début de l'été. Un chemin qui l'a néanmoins mené à cette victoire tardive, peut-être plus frais que certains de ses adversaires. "Si je veux aller plus haut, il va falloir être plus régulier et gagner de belles courses. C’est dans un grand coin de ma tête, c'est un rêve un peu irréalisable, je ne me fais pas de films. Je sais qu’il me reste beaucoup de travail". En attendant, il continue de concilier son travail dans l’entreprise familiale avec sa passion pour le cyclisme. Histoire de garder la tête sur les épaules.