Hélène Clauzel : « Je n'ai pas gagné avec une minute d'avance »
Carton plein pour Hélène Clauzel ! Son expédition aux Etats-Unis s'est traduite par un sans-faute : huit victoires sur huit manches de la Trek CX Cup. La moisson de points propulse la Championne de France à la 9e place du classement UCI. La nouvelle sociétaire de Van Rysel CX Racing Team s'offre donc une belle place sur la grille de départ des courses UCI, à commencer par ce week-end à Nommay pour les deux premières manches de la Coupe de France
DirectVelo : Tu as quitté AS Bike, comment s'est passé ton départ ?
Hélène Clauzel : C’est moi qui ai fait le choix de partir. Ça faisait quatre saisons que j'étais chez AS Bike et j'avais besoin de changement, de travailler avec de nouvelles personnes et avoir un regard neuf sur ma performance. Nous avons accompli de très belles choses ensemble. J’ai réussi à être Championne de France deux fois avec AS Bike. Mais comme on le sait, dans une carrière sportive, le changement peut être bénéfique.
Comment t'es-tu retrouvée au Van Rysel CX Racing Team ?
Je connais son manager (Samuel Roces, NDLR) depuis très longtemps car il était kiné pour l’équipe de France de VTT. Je connais aussi très bien les autres coureurs de l’équipe, avec qui je m'entends très bien, et je me suis dit pourquoi pas. Le projet de travailler avec Van Rysel, qui est une marque française, m'a aussi beaucoup plu. Le fait que l’équipe ne soit pas UCI ne change rien.
AVEC LE VÉHICULE DE MAGHALIE ROCHETTE
Tu étais déjà partie aux USA fin 2021 et fin 2022 pour participer aux manches de Coupe du Monde. Pourquoi y retourner cette année alors qu'il n'y en a pas ?
Avant la fin de la saison dernière, j'avais déjà ce voyage en tête. J'avais envie de commencer ma saison de manière différente, avec moins de pression, et de sortir de ma zone de confort. Je cours en France et en Suisse depuis presque dix ans, donc je connais tout. J'y allais aussi pour marquer des points UCI, car j'étais descendue à la 18e place du classement mondial, et c'était l'occasion, avec quatre C1 et quatre C2, de faire le plein de points.
Comment as-tu organisé ce déplacement de plus de quatre semaines ?
En regardant le calendrier, j’ai vu que la USCX se déroulait sur quatre semaines, soit huit courses. Je savais que c'était possible pour mon copain et moi de partir aussi longtemps, car il venait de terminer ses études et voulait se laisser un peu de temps avant d'entrer dans la vie active. On a donc discuté avec Maghalie Rochette et son mari pour connaître leur planning et voir si nous pouvions faire quelque chose ensemble. Ils connaissent très bien le circuit américain et nous avaient déjà proposé de venir courir aux États-Unis. Nous avons pris un vol pour Montréal pour les rejoindre, et ils nous ont prêté leur véhicule avec tout le matériel nécessaire pour les courses et eux nous retrouvaient sur les compétitions chaque week-end avec un plus petit véhicule ou en avion. Nous avons fait tous les transferts en voiture, soit 6 500 km en 30 jours. Ce n'était pas de tout repos, mais nous avons vraiment pu découvrir les États-Unis à notre manière. Nous étions bien organisés, donc tout s'est bien passé et nous avons eu la chance d'être très bien entourés. Les organisateurs étaient vraiment contents de voir des Européens courir, c’est pourquoi ils m'ont offert les inscriptions.
« CAROLINE EST TOUJOURS LÀ POUR AIDER »
Aux Etats-Unis, tu as retrouvé une autre Française, à savoir Caroline Mani qui est installée là-bas...
J’étais vraiment contente de retrouver Caroline, c’est une fille super, elle est toujours là pour aider et donner des conseils. C’est une grande championne. Caroline a lancé un projet, "Vélo Mafia", qui pourrait servir à d'autres Français ou Européens voulant démarrer leur saison aux USA, comme je l'ai fait. C’est un programme qui s’occupe de la logistique des courses. Ils mettent à disposition tout le matériel nécessaire (tente, nettoyage des vélos, outils, home-trainer…) lors des compétitions et s'occupent même du transfert de tes vélos entre les courses. Il ne te reste plus qu'à venir avec tes vélos. En plus, Caroline parle français et connaît tout le monde, ce qui est un grand avantage. Je n’ai pas eu besoin de ce programme car j'avais prévu mon voyage avant de connaître le projet, mais je trouve l'idée vraiment bonne.
Et il y a eu tes retrouvailles avec Maghalie Rochette, qui t'avait privée du Top 10 à Tabor (lire ici) !
Ah oui, ce fameux sprint aux Mondiaux avec Maghalie (sourire)... On en reparle en rigolant maintenant ! C’est devenu une très bonne amie, et elle est un exemple pour moi avec toute son expérience.
« LES SPECTATEURS ÉTAIENT EN FEU »
Sportivement, tu as fait un carton plein avec huit victoires. Comment se sont passées ces courses ?
Je ne m’attendais vraiment pas à gagner les huit courses et chaque victoire s'est construite de manière différente. Je n’ai pas gagné avec une minute d'avance, c’était vraiment de belles bagarres. Je pouvais mettre en place des stratégies de course et jouer pour la gagne. Mon ancien entraineur me disait : « savoir gagner, ça s’entretient ». De plus, il y avait Manon Bakker, qui a fait le même choix que moi de venir courir aux USA. Elle a quand même gagné une Coupe du Monde (à Val di Sole, NDLR), donc je savais que ce serait une adversaire de taille. Ça a donné de très belles courses, et les spectateurs étaient en feu, car les courses étaient mouvementées. C’était intéressant car entre le samedi et le dimanche les organisateurs changeaient un peu le circuit, ce qui changeait la physionomie des courses. C’était dans la globalité très sec, il n’y a eu qu’un seul weekend avec un peu de boue. Je suis vraiment heureuse de mon voyage, je reviens avec plein de confiance pour la suite.
Comment s'est passé ton retour ?
Je suis rentrée le 12 octobre et ma dernière course était le 6 octobre, donc nous sommes restés moins d’une semaine au Canada après les courses car il n'y avait pas de vol pour rentrer plus tôt. Je fais très attention à écouter mon corps, notamment avec le décalage horaire, car on peut vite faire des erreurs en s’entraînant trop et en accumulant de la fatigue inutilement.
« JE NE FERAI PAS LA SÉRIE COMPLÈTE »
Vas-tu disputer toutes les manches de la Coupe de France ?
Je serai présente à Nommay pour la première manche de Coupe de France. Je suis contente de courir là-bas car c’est presque chez moi. Une partie de ma famille habite à quinze minutes du site de la course. Je ne ferai pas la série complète, car je participerai aux manches de Coupe du Monde.
Alors vas-tu disputer toutes les manches de la Coupe du Monde ?
Je vais normalement manquer une seule manche cette saison. C’est un de mes objectifs et je sais que si je veux encore franchir un cap, il faut courir le plus possible avec les meilleures. Mais dès que le calendrier me le permet, j'ai toujours à cœur de courir les manches de Coupe de France, comme ce week-end à Nommay.