L’Armée de Terre a le vent en poupe

Depuis le début de saison, l’Armée de Terre possède pour la première fois son équipe de Division Nationale. Après bientôt trois mois de compétition, cinq des quinze coureurs ont déjà levé les bras : Julian Alaphilippe (La Gainsbarre et le Prix Philippe Ermenault), Loïc Barre (Prix des Oeufs Durs), Alexis Bodiot (La Gislard), Romain Combaud (Souvenir René Jamon) et Yann Guyot (Général et une étape des Boucles du Haut-Var). Des succès qui ont souvent été accompagné d’un doublé. Grâce notamment à Julien Gonnet, l’Armée de Terre multiplie les places d’honneurs. DirectVelo fait le point avec le directeur sportif, David Lima Da Costa.

DirectVelo : Quel bilan fais-tu après bientôt trois mois de compétition ?
David Lima Da Costa : Pour moi, nous avons réussi la première partie des objectifs. Nous sommes un nouveau club. Il fallait créer une vraie cohésion de groupe, et c’est ce que j’ai réussi à faire en un mois et demi. Nous avons fait différents regroupements entre la caserne, le stage d’oxygénation à la montagne ou le stage vélo dans le sud de la France. Le groupe est soudé. Nous avons un groupe désormais très homogène, et surtout des coureurs qui sont des copains avant d’être des coéquipiers. Ma deuxième réussite est d’avoir un encadrement soudé. Il a été bien choisi de manière à travailler dans la meilleure ambiance possible. Ce cocktail a bien fonctionné.

« CE N'EST QUE DU BONHEUR »

Et concernant le sportif ?
Nous avons eu du mal à mettre en route en début de saison malgré des résultats obtenus rapidement avec notamment Julien Gonnet sur les Courses au Soleil. A présent, c’est une réussite puisque nous avons huit victoires en cinq week-ends. Je reste humble. Il y a quelques toutes catégories dans ces victoires. Je n’oublie pas nos belles places sur des épreuves UCI de classe 2 sur le Grand Prix de Nogent-sur-Oise (Julien Gonnet 4e) ou au Tour de Normandie (Sébastien Harbonnier 6e d’étape). Le cocktail a pris comme je le disais. Les résultats arrivent de week-end en week-end. Je suis donc assez satisfait de l’ensemble de la prestation de l’équipe. L’important pour moi est aussi de voir que nous faisons parler de nous, en bien. Les gens voient que nous avions un bon projet. Au début nous avons été jalousés, et c’est normal. C’était un nouveau projet. C’est l’Armée, « qu’est-ce qu’ils viennent faire dans le vélo ? » ont pu se demander certains.

Le fait que l’équipe dispose d’un bus, ce qui est une première chez les amateurs, a fait parler…
Nous avons été jalousés par pas mal d’équipes. Nous avons un bus, alors nous l’utilisons. Nous n’allons pas nous en priver pour être mieux vu par d’autres équipes. S’il avait fallu trois voitures et un camion, je les aurais eus. Je me suis battu pour l’avoir ce bus. J’ai été cherché les sponsors. Nous sommes arrivés avec un bus, du matériel et des coureurs de renoms alors ça n’a peut-être pas été facile de voir cela pour certains. Nous avons vite eu des résultats. Nous sommes dans le top 15 des clubs français au Challenge DirectVélo alors que nous existons depuis cinq mois. Pour nous, c’est exceptionnel. Ce n’est que du bonheur.

« NI LEADER, NI STAR DANS L'EQUIPE »

Les coureurs se font rapidement à cette nouvelle vie de militaire ?
Il y a une présence obligatoire à la caserne. Pourquoi j’ai cet esprit de cohésion aujourd’hui ? Les coureurs ont deux à trois jours de libre en début de semaine, et après ils sont toujours ensemble. Ils font du derrière-scooter ensemble, de la musculation… Aujourd’hui, je les ai toujours avec moi. Quand on a quinze coureurs élites qui s’entrainent ensemble toute l’année ça donne ces résultats-là. Les coureurs se dépouillent pour le copain qui est un peu plus faible mais qui peut aussi aller gagner sa course. Il n’y a pas leader, pas de star dans l’équipe. Les coureurs sont aussi contents de voir un collègue gagner que si c’était eux.

Cinq coureurs ont déjà gagné, dont les plus jeunes Julian Alaphilippe et Romain Combaud…
Pourquoi ? Car ils sont poussés par le haut grâce aux anciens. Des coureurs comme Julien Gonnet ou Benoît Sinner jouent parfaitement leur rôle de capitaine de route. Ils leur donnent des conseils en course, et les jeunes les appliquent à la lettre. Pour les jeunes, ce sont des modèles. Ce sont des coureurs qui ont été professionnels. Ils sont écoutés. Les jeunes vont continuer de monter et être très forts. Un coureur comme Julian Alaphilippe va bientôt être sollicité par des équipes professionnelles. Quand on voit ce qu'il fait à 19 ans en remportant des courses élites ou en étant vice-champion du Monde cyclo-cross junior en 2010. C'est sa première saison élite... il vient faire 15e de Paris-Mantes alors qu'ils sont 14 échappés devant, c'est la preuve qu'il y a quelque chose d'exceptionnel. Romain Combaud ne demande qu'à apprendre et à progresser. Mon seul regret, c'est de ne pas avoir assez de coureurs espoirs dans l'équipe. Je vais en recruter à l'intersaison pour les former. Mon objectif l'année prochaine, ça sera ça : prendre des coureurs de 18 à 20 ans pour les faire progresser aux côtés de coureurs expérimentés.

« ÊTRE EN DN1 EN 2012 »

A propos de 2012, l’objectif est d’être l’an prochain en DN1 ?
Le but primordial est d'être en DN1 l'an prochain donc il faut terminer dans les deux premiers clubs au classement de la Coupe de France DN2 2011. Nous avons beau avoir un bel effectif, une manche de la Coupe de France reste assez aléatoire. Nous sommes un peu désavantagés car nous avons la chance d'avoir un très beau calendrier. Nous participons à des courses comme le Tour de Normandie, Tour de Bretagne, le Tour Alsace... Malheureusement, je n'ai pas pu mettre tous mes motards à la première manche, le Grand Prix de Buxerolles, car le Tour de Normandie avait lieu en même temps (L’Armée de Terre est 6e à 51 points de l’ESEG Douai, NDLR). Idem ce week-end avec la deuxième manche, Bourg-Arbent-Bourg, qui tombe face au Tour de Bretagne. Nous avons quand même un second front de qualité. Je garde un ancien comme Benoît Sinner pour coacher l'équipe. Ensuite, ça ira mieux. Il faut maintenant marquer le maximum de points en Coupe de France DN2.

Outre la Coupe de France, où attends-tu tes coureurs ?
Nous avons plein d'objectifs : Tour de Gironde, Tour du Loiret ou Tour de Franche-Comté. Nous ferons deux manches de la Coupe de France de DN1, les Boucles de la Marne, mi-mai, et le Grand Prix Cristal Energie en juillet. Je suis plus que satisfait de voir des organisateurs qui nous disent : « Vous avez fait un beau Tour de Normandie, vous ne voulez pas venir sur notre course ? » Aujourd'hui je refuse des invitations. Les coureurs sont polis, carrés... Nous avons une prestance avec le bus et les véhicules. Ce n'est pas commun. Nous avons le vent en poupe. Etre au départ du Tour de Bretagne signifie que l'organisateur a pris une équipe de DN2. Cela n’a pas dû être simple pour lui. Et quand je vois l'échappée de 130 km de Sébastien Harbonnier le premier jour, les places de Julien Gonnet dans les sprints...[Entretien réalisé mardi, avant l'échappée de Yann Guyot sur la 3e étape, NDLR] Il y a des clubs de DN2 qui sont meilleurs que des DN1. Nous sommes bien en ce moment. Et sans être trop gourmand, on aimerait gagner une épreuve de classe 2 du style Paris-Mantes ou un Grand Prix de Nogent. Nous voulons montrer que nous sommes là à haut-niveau comme en 1ère catégorie. Le bilan est donc positif à tout niveau.

Retrouvez en cliquant ici l'effectif de l'Armée de Terre.

Crédit Photo : www.directvelo.com

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