Un scénario fou à Pontchâteau sacre une nouvelle fois Amandine Fouquenet

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

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Il aura fallu attendre les tout derniers mètres pour connaitre la Championne de France de cyclo-cross Elite. Ce dimanche, à Pontchâteau, la course des féminines a délivré un scénario fou jusqu'à la fin, et bien malin celui qui pouvait prédire qui d'Amandine Fouquenet, Hélène Clauzel, ou Célia Gery allait finir par obtenir gain de cause, tant les trois coureuses se sont rendu coup pour coup durant toute la course. "Avant le départ, on savait que nous étions toutes les trois à peu près du même niveau, on l’avait vu sur les manches de Coupe du Monde. On a même fait 12, 13 et 14 à Zonhoven. Je me doutais qu’il allait y avoir une très belle course entre nous trois, c’était l’un des scénarios que j’avais envisagés", révèle Hélène Clauzel.

UN COUP DE TRAFALGAR POUR HÉLÈNE CLAUZEL, DES REGRETS POUR CÉLIA GERY

La coureuse de Van Rysel CX ne s'est pas trompée. Après deux tours où quelques outsiders ont parfois réussi à accrocher les roues, le TGV à trois wagons a fini par s'envoler. Et juste avant la cloche, c'est Hélène Clauzel qui dégaine la première. "Je me doutais que ça allait être compliqué pour moi en cas d’arrivée au sprint face à elles car je suis moins puissante, alors j’ai préféré anticiper". Derrière, la dimension tactique entre en jeu entre Amandine Fouquenet et Célia Gery. "Avec Célia on s'est regardées, elle voulait que je fasse l'effort et moi que ce soit elle, sourit la Bretonne. Mais on ne peut pas la laisser prendre de l'avance. Célia et moi, on a la puissance sur un circuit comme ça donc on a réussi à la rattraper. Je ne me suis pas mise à bloc mais à certains endroits on prenait les virages peut-être un peu plus vite. C'était assez tactique et mentalement il ne fallait pas lâcher".

Le trio reconstitué, Amandine Fouquenet tente à son tour de prendre la poudre d'escampette. L'écart semble même un moment être définitif. De l'autre côté des barrières, les supporters bretons, drapeau sur le dos ou au bout d'un mât comprennent qu'ils vont peut-être revivre le scénario de 2021, lorsqu'Amandine Fouquenet avait décroché son titre de Championne de France, sur ce même circuit de Pontchâteau. Mais après quelques virages et une bonne accélération, Célia Gery revient aux basques de la fuyarde. "Quand je suis rentrée sur Amandine dans la dernière bosse, je me suis mise à y croire, raconte la sociétaire d'AS Bike Racing. Mon seul regret, c’est de ne pas avoir osé y aller directement lorsque je suis rentrée sur Amandine. Ça m'a un peu coupé les jambes de me poser. J’ai préféré croire en mes chances au sprint à ce moment-là".

« ENFIN LIBÉRÉE »

Car si Célia Gery n'ose pas accélérer dans l'élan, elle voit même Hélène Clauzel, un temps en difficulté, revenir à hauteur dans les derniers instants de la course. Au grand dam d'Amandine Fouquenet qui espérait avoir fait le plus dur. "Quand elles sont revenues, je me suis dit « purée, ça va piquer »". Impossible de s'expliquer. "On a toutes les trois tenté à des moments différents mais personne n’a pu faire la différence", note Hélène Clauzel. Alors une course aussi intense et pleine de suspense ne pouvait s'achever que d'une seule manière. "Au sprint, je sais que Célia est forte donc j'ai voulu lancer dès le virage", craint la coureuse d'Arkéa-B&B Hôtels. Elle l'ignore, mais sa jeune adversaire, qui s'apprête à être couronnée Championne de France Espoirs, n'a plus les jambes pour rivaliser. "Pour le sprint, j’étais vraiment cuite. J’ai senti que j’étais trop limite et je n’en pouvais plus".

Hélène Clauzel s'arrache un peu plus mais personne n'arrive à tenir la roue d'Amandine Fouquenet, qui retrouve ainsi son maillot tricolore quatre ans après avoir déjà triomphé en Loire-Atlantique, devant l'autre sœur Clauzel, Perrine (voir classement). "Je suis enfin libérée, je courais après le titre depuis mon premier titre ici. On ne peut pas dire que c'était un coup de chance pour le premier mais c'était plutôt inespéré. Celui-ci, je faisais partie des favorites et gérer cette pression n'est pas toujours évident. C'est un circuit que j'apprécie, je voulais vraiment bien faire. La course a été compliquée", résume la nouvelle Championne de France, qui succède justement à sa dauphine du jour. "J’ai eu le maillot deux ans. C’est forcément triste de ne plus l’avoir mais je sais qu’Amandine le portera très bien. C’est le jeu dans une carrière sportive. Je ferai tout pour essayer de le retrouver la saison prochaine".

AMANDINE FOUQUENET SE RAPPELLE À DES BONS SOUVENIRS

Le premier mot qui vient à la bouche d'Amandine Fouquenet est "soulagement". Soulagement de montrer "que ce n'était pas un coup de chance la première fois", soulagement après avoir terminé entre la 11e et la 15e place sur toutes les manches de Coupe du Monde, elle qui rêve d'entrer dans le Top 10. Soulagement de ne plus ressentir de douleur après sa chute à Hulst. Et enfin, soulagement de retrouver tout simplement le maillot tricolore. "Quand on n'arrive pas à l'avoir, c'est une crainte de ne plus jamais y arriver. Je m'étais peut-être préparée à l'avoir, le fait d'avoir des bons souvenirs ici a peut-être renforcé l'idée de pouvoir l'avoir. J'y ai pensé, les encouragements me l'ont rappelé". Notamment par son club de supporters, précieux, mais aussi piégeux. "L'année dernière la pression vis à vis du club de supporters m'a peut-être joué des tours".

Mais cette année, Amandine Fouquenet a réussi à rester dans sa bulle et ne tirer que le positif de son club de supporters, qui était bien sûr encore fidèle au rendez-vous ce dimanche. "L'année dernière j'étais plus déçue que mon club, donc il faut éviter de se mettre autant de pression, car eux ça leur fait plaisir dans tous les cas de venir me voir. J'ai géré ce stress autrement et je suis contente que ça ait marché sur un circuit que j'apprécie énormément". Et comme en 2021, au terme d'une course folle qui restera dans les esprits des spectateurs, comme le pense Hélène Clauzel. "On a fait du beau spectacle. On avait le même niveau mais forcément, une seule allait gagner…". Et en 2025, celle-ci s'appelle Amandine Fouquenet.

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