GP La Marseillaise, ouverture et premières fois

Crédit photo L.N.C / Bruno Bade

Crédit photo L.N.C / Bruno Bade

Il fût un temps, pas si lointain, où gagner le Grand Prix d’ouverture La Marseillaise était synonyme de mauvais présage pour l’ensemble de la saison à venir. Tout un paradoxe quand on devine le bonheur ultime de lever les bras sur la ligne d’arrivée du Boulevard Michelet, devant l’imposante niche du Stade Vélodrome. On promettait même à qui voulait bien y croire qu’il y avait une certaine malédiction (rien que ça !) autour des lauréats de l’épreuve provençale, lesquels cumuleraient mauvais résultats, chutes et autres frustrations durant l’ensemble de l’exercice annuel à suivre.

SE LIBÉRER D’UN POIDS ET PRENDRE CONFIANCE

La nouvelle génération n’a, bien souvent, pas eu vent de cette “légende” des anciens et lever les bras dès la fin janvier-début février est simplement une très grande satisfaction. Plus encore pour des coureurs qui n’ont pas l’habitude de gagner car depuis quelques saisons, l’épreuve d’ouverture est aussi devenue celle des premières. Tenant du titre, Kévin Geniets l’a emporté l’an passé sans n’avoir jamais levé les bras au préalable chez les pros - seules exceptions faites au Championnat du Luxembourg, au niveau incomparable -, lui qui a désormais 28 ans et cinq saisons chez Groupama-FDJ au compteur. Deux ans plus tôt, le Belge Amaury Capiot a décroché son premier succès professionnel à Marseille, exactement comme Aurélien Paret-Peintre douze mois plus tôt.

En 2021, le Haut-Savoyard avait profité de ce succès pour se libérer d’un poids et prendre plus d’importance au sein du collectif AG2R. “Je suis hyper content de démarrer la saison comme ça, c’est un lancement parfait sur la route de Paris-Nice”, déclarait-il à l’époque, lui qui a toujours expliqué aimer ces courses du début de saison et l’ambiance particulière qui y règne. Début 2019, Anthony Turgis a lui aussi célébré une première fois sur le GP La Marseillaise. Le Francilien avait déjà enrichi son palmarès de plusieurs lignes au préalable, mais après quatre saisons chez Cofidis, il venait de faire le bond chez TotalEnergies en 2019. Et quel plus beau cadeau, en guise de nouveau départ, qu’une victoire d’emblée pour sa nouvelle formation ? “Je venais de changer d’équipe et j’avais particulièrement hâte de reprendre, de bien commencer la saison. Remporter la première course de reprise, ça te lance parfaitement, ça met en confiance. C’est aussi une fierté”, se souvient-il auprès de DirectVelo, six ans plus tard.

L’OCCASION DE PARFAITEMENT LANCER SON ÉQUIPE

Amaury Capiot, lui non plus, n’oubliera jamais ce grand souvenir d’un succès dans la cité phocéenne. “Il était très important pour l’équipe de gagner ce jour-là, ça lançait idéalement la saison sur le sol français. Gagner le GP La Marseillaise permet d’aborder les courses suivantes plus sereinement, ça peut changer beaucoup de choses, c’est forcément une libération. Les semaines suivantes, tu restes sur cette euphorie de la victoire, tu es encore plus motivé, assure celui qui avait parfaitement répondu à la confiance de ses dirigeants ce jour-là. Tu sais qu’il sera difficile de remettre ça mais tu as la conviction d’être en très bonne condition et de pouvoir performer. Il n’y a que du positif à gagner d’emblée”.

L’an passé, Kévin Geniets avait donc, lui aussi, ouvert son compteur de succès à l’international dans les Bouches-du-Rhône, à la sortie du dernier stage de pré-saison. “J’aime ces courses de début de saison dans le sud de la France, j’y ai mes habitudes. J’y ai plus de libertés que le reste de la saison, où je dois épauler les leaders de l’équipe sur les grandes courses par étapes. J’avais vraiment envie de faire un gros début de saison, je savais que j’allais avoir ma carte et j’ai réussi à en profiter”, se souvient-il, toujours marqué par ce grand jour. “Ça restera un moment particulier dans ma carrière. Là, je suis tenant du titre et ça me fait plaisir de revenir, je sens qu’il se passe quelque chose, j’ai eu plusieurs coups de fil de journalistes, je n’en ai pas l’habitude”, sourit le Luxembourgeois.

PAS UNE FIN EN SOI

Le Grand Prix La Marseillaise, une histoire d’ouverture et de premières fois, donc. Des premières fois qui peuvent aussi en emmener bien d’autres. Vainqueur après un numéro en solitaire dans le final en 2023 - chose rare sur l’épreuve d’ouverture - Neilson Powless avait engrangé un maximum de confiance en terres bucco-rhodaniennes et avait enchaîné, la semaine suivante, par un doublé sur l’Etoile de Bessèges, avant de monter une nouvelle fois sur le podium du Tour des Alpes-Maritimes et du Var puis de briller sur les Classiques du printemps, de Milan-San Remo au Tour des Flandres en passant par un Top 10 à Paris-Nice. “Gagner à Marseille est forcément une très belle confirmation du travail effectué durant l’hiver. Ça te permet aussi de voir tout le travail effectué par l’équipe à l'intersaison, notamment sur le nouveau matériel, témoignait l’Américain après son succès phocéen. Tu peux voir tout l’investissement de l’équipe”.

Pour des athlètes qui n’ont pas l’habitude de gagner, lever les bras sur le GP La Marseillaise ne pourrait-il pas être par conséquent nécessairement synonyme de saison réussie, dès le tout début de l’année ? “Il est quand même compliqué de parler de saison réussie le 2 février, car il reste du pain sur la planche et des courses plus importantes à disputer pour l’équipe, mais disons que tu ne peux pas mieux débuter”, répond Kevin Geniets. “Tu coches plein de cases, tu soulages l’équipe”, analyse pour sa part Anthony Turgis. “Mais il faut réussir à le refaire plus tard dans la saison”.

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Portrait de Amaury CAPIOT
Portrait de Kevin GENIETS
Portrait de Aurélien PARET-PEINTRE
Portrait de Neilson POWLESS
Portrait de Anthony TURGIS