Milan-San Remo : Romain Grégoire a osé et « il fallait le faire »

Crédit photo Groupama-FDJ
Romain Grégoire a joué dans la cour des grands, des plus grands. Lorsque Tadej Pogacar a placé sa première accélération foudroyante à trois kilomètres du sommet de la Cipressa, flanqué de Filippo Ganna et du futur lauréat de Milan-San Remo, Mathieu Van der Poel, le Franc-Comtois a été le quatrième homme. Pendant quelques dizaines de secondes, il s’est accroché, a secoué la tête dans tous les sens, avant de devoir laisser filer le trio infernal sur une nouvelle accélération du Champion du Monde.
COMME FOUDROYÉ EN PLEIN VOL
“J’avais demandé à l’équipe de me mettre tout devant dès la Cipressa dans le cas où ça attaquerait. Lorsque ça a accéléré très fort, j’y suis allé sans me poser de question. Malheureusement, je n’avais pas la patte pour suivre”, regrettait-il sur la ligne d’arrivée au micro d’Eurosport. Son directeur sportif, Philippe Mauduit, tient à saluer l’initiative. “Il fallait le faire. Si on ne tente pas, ça signifie quoi ? Que l’on prend le départ pour faire 2, 3, 5 ou 10 ? Ce n’est pas l’attitude que l’on veut avoir en course. Romain croyait en ses chances, moi aussi”, assurait le technicien auprès de DirectVelo quelques heures après le premier Monument de la saison.
“Je ne savais pas s’il (Tadej Pogacar) allait dégainer mais je savais que ça allait monter très fort dans la Cipressa. J’étais quand même surpris que ça attaque si tôt. Malheureusement, quand on s’approche un peu trop près du soleil, on se brûle”, reprend le puncheur de la Groupama-FDJ, comme foudroyé en plein vol. “Je n’ai pas de regrets d’avoir essayé parce que j’ai coincé à la jambe, mais c’est dommage de ne pas faire un résultat alors que je me sentais bien. Je ne suis pas payé”.
« N’OUBLIONS PAS QU’IL N’A QUE 22 ANS »
Un sentiment de frustration forcément partagé par Philippe Mauduit. “Le bilan comptable n’est pas bon car on n’est pas dans le classement. Mais il fallait quand même avoir la jambe pour être capable de faire ce que Romain a fait. Je note aussi l’implication de toute l’équipe autour de lui et ça fait un bilan positif dans l’engagement, l’attitude et tout ce que l’on a mis en place”, se satisfait-il malgré tout. “C’est vrai que les coureurs n’ont pas été récompensés du travail qu’ils ont fait. En foot ou en rugby, on dirait que c’est une défaite, mais il y avait tous les ingrédients pour réussir notre journée”.
S’il y a donc bien une chose à retenir de la Primavera, c’est que Romain Grégoire et ses coéquipiers n’ont pas eu froid aux yeux et que c’était la tactique à suivre, celle qui doit finir par porter ses fruits un jour ou l’autre. “On savait pertinemment qu’il serait dur d’aller chercher Pogacar, Van der Poel, Ganna, Pidcock, Matthews et d’autres. Mais si on part dans l’idée qu’il n’est pas possible de les battre, on peut rester à la maison. Cela ne nous empêche pas d’être réalistes, mais si c’était à refaire, je conseillerais à Romain de retenter le coup de la même façon”, appuie un Philippe Mauduit qui voit en Romain Grégoire un coureur capable de remporter Milan-San Remo dans sa carrière. “Comme il l’a dit lui-même, il s’est brûlé mais comment aurait-il fallu s’y prendre ? Attendre le sprint pour jouer une hypothétique place dans le Top 10 ? Non. Il a tenté et c’est comme ça qu’il va apprendre car, évidemment, il a les qualités physiques qui doivent lui permettre de la gagner un jour. N’oublions pas qu’il n’a que 22 ans. Les trois caïds devant sont plus expérimentés. Un jour, ça finira par passer, que ce soit ici ou sur une autre très grande course”.
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