Louis Vervaeke, grimpeur dans le vent

Des pâtes, de l'huile d'olive et des cols à plus de 1000 mètres. Pour préparer la Ronde de l'Isard, le Belge Louis Vervaeke a tiré le meilleur de ce que la Toscane sait offrir aux cyclistes. Pendant une semaine, sitôt le Circuit de Wallonnie achevé, il a travaillé son coup de pédale autour de la maison secondaire de son copain Tim Wellens, entraînant avec lui l'autre grimpeur de Lotto-Belisol, Tiesj Benoot.
 
Il reste pourtant un point que le coureur longiligne n'a pas élucidé à travers sa méticuleuse préparation : le dosage des efforts. C'est ainsi qu'on l'a vu, maillot grand ouvert, se livrer à fond dans la montée bouillante de Goulier-Neige, jeudi, sur la première étape de la Ronde de l'Isard.
 
Au sommet, il se classe quatrième, à quatorze secondes du vainqueur Alexander Foliforov (Itera-Katusha). "C'est un bon résultat, mais je suis persuadé que Louis pouvait mieux faire", suggère son directeur sportif danny Schets. L'intéressé admet : "J'ai peut-être trop donné..."
 
Dès le pied, à dix kilomètres de la ligne, c'est lui en effet qui élève l'allure. Train soutenu, long, avec des accélérations progressives, toutes en force. Il réduit le peloton à quinze puis quatre coureurs. Sur l'instant, ses adversaires directs ne peuvent pas le relayer, à l'exception de Maxime Le Lavandier (Chambéry CF), moins exposé dans les relais.
 
"L'ennui, c'est que le vent soufflait de face, raconte Louis Vervaeke. Du coup, quand Foliforov a attaqué à un kilomètre et demi de l'arrivée, je n'ai pas pu y aller." Il a quand même essayé de réduire l'écart, est parvenu à le stabiliser d'abord à trente mètres. Une nouvelle fois il semblait le plus fort du jour, ou le deuxième plus fort. "Foliforov, je savais qu'il allait tenter quelque chose, il était calé dans ma roue, il profitait de la situation avec la présence de son coéquipier (Ildar Arslanov) dans un groupe derrière. C'est pour ça que je me suis senti obligé de rouler." Le deuxième sur la ligne, Jaime Roson Garcia (Team Ecuador), toujours calé dans les roues, profite lui aussi des derniers mètres, les plus offerts au vent, pour produire son accélération.
 
Danny Schets observe : "Trop en faire, c'est dans la nature de Louis. Une question de jeunesse, je pense !" Vervaeke propose une autre explication, comme une excuse, avec un large sourire : "Je ne sais pas faire autrement, je manque de punch. J'ai besoin d'un tempo régulier. D'ailleurs, je préfère quand la pente est raide. Vendredi, l'arrivée de la deuxième étape (à l'Hospice de France, au-dessus de Bagnères-de-Luchon, NDLR) devrait mieux me convenir que Goulier-Neige."
 
Entre cette deuxième étape au sommet, le contre-la-montre par équipes de samedi et l'enchaînement des cols dimanche (Port, Agnès, La Core), le coureur de Lotto-Belisol a des occasions de bousculer ses adversaires et de prendre le maillot jaune. Il lui faudra choisir entre une course de mouvement et une position attentiste qui précède la plus brutale des attaques. "Je suis prêt à me battre", prévenait-il à Goulier-Neige, d'un ton traquille et bien entouré par des proches venus l'encourager dans les Pyrénées.
 

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